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rement étoit faux dans la circonstance présente.

Le mauvais temps qui empêcha Abercromby de descendre, rendit bientôt un peu de tranquillité à Menou, qui parut se persuader que les Anglais se borneroient à une simple démonstration sans résultat. Cette idée préjudiciable, ralentit la marche des troupes françaises, et le général Lanusse se trouvoit seul arrivé à Rhamaniéh, lorsque le bruit du canon le fit courir au secours d'Alexandrie.

Enfin, Menou, ayant appris, le 20 ventose (11 mars), que les Anglais avoient débarqué, se décida à partir, en rappelant aussitôt la division Reynier, et en laissant le général Belliard pour garder le Caire, l'intérieur de l'Egypte, et tenir en échec le Grand Visir s'il tentoit de passer le désert. On est faché que dès ce moment il n'ait point pris la résolution salutaire d'emmener avec lui les forces dont il se séparoit pour jamais, et d'abandonner le Caire, comme Kleber n'avoit point hésité à le faire. L'armée entièrement réunie eût sans doute obtenu une victoire complète, car elle auroit eu sur celle d'Abercromby la même supériorité que celui-ci avoit sur le corps isolé de Menou. Pendant que ce général en chef, pour éviter les Anglais, se jetoit dans le désert pour gagner Alexandrie par des marches forcées, les troupes britanniques poursuivoient leur avantage. Abercromby, qui devoit supposer que Menou

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ne perdroit point un instant pour arriver sur lui avec toutes ses forces, voulut profiter du temps qu'on lui laissoit, pour agir sur les généraux Lanusse et Friant, qui n'étoient point en mesure de lui résister. A cet effet il résolut de les attaquer le 22 ventose (13 mars) dans l'excellente position qu'ils avoient prise. Les Français le prévinrent, mais après une affaire longue et meurtrière le champ de bataille resta aux Anglais (1). Ce combat n'étoit que le prélude de celui qui alloit enfin décider du sort de l'Egypte.

Menou arrivé à Alexandrie (2) fit aussitôt ses dispositions, et convoqua un conseil de guerre, qui décida à l'unanimité qu'il n'y avoit point un instant à perdre pour déjouer les espérances et les projets de l'ennemi. Mais il est bon de remarquer ici que les troupes françaises n'étoient peut-être plus animées de cette ardeur singulière, qui leur avoit fait surmonter tant d'obstacles et affronter tant de dan

(1) Les deux divisions frauçaises comptoient sous les armes 3,850 hommes d'infanterie, 520 de cavalerie et 21 pièces, et l'armée anglaise de 15 à 16,000 hommes, 200 chevaux et 10 pièces de canon.

Après cette affaire les généraux français expédièrent d'Alexandrie, un bâtiment, pour prévenir le Gouvernement et surtout Gantheaume qu'on croyoit en ronte. (2) Le 28 ventose au soir ( 19 mars ).

gers. La vue de cette flotte qui bordoit le rivage de la mer, les bruits qu'on exagéroit encore sur la force de l'ennemi, posté dans une excellente position; cet esprit de mécontentement dont il a été parlé plus haut, et qui s'accroissoit par la difficulté des circonstances; la confiance qui ne se commande point et que Menou n'inspiroit sûrement pas assez; l'humeur de celui-ci, qui ne trouvoit que des observations fermes et judicieuses, où il auroit voulu trouver un zèle aveugle et soumis : tout annonçoit au sage observateur, qu'après tant de victoires l'heure des revers alloit enfin sonner. Néanmoins, le général Menou fit mettre à l'ordre du jour, un plan d'attaque que le général Lanusse avoit rédigé de concert avec le général Reynier et l'armée réunie à quatre milles d'Alexandrie, se prépara à livrer la bataille du 30 ventose (21 mars) (1).

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A la pointe du jour l'armée française se trouvoit ainsi disposée le général Reynier à la droite, le général Rampon au centre, le général Lanusse à la gauche, et le général Roize commandoit toute la

(1) L'armée française étoit de 8,330 hommes d'infanterie, 1,380 de cavalerie, avec 46 pièces de canon. L'armée anglaise étoit de 16,000 hommes d'infanterie, 200 chevaux, 12 pièces de canon attelées, et 30 en position dans les redoutes, sans compter celles des chaloupes canonnières.

cavalerie, Les Anglais, dans une position qui n'avoit pas plus de 1,300 toises de développement, avoient leurs deux ailes appuyées, la droite à la mer, et la gauche au lac Maadiéh, flanquées par des chaloupes canonnières. Ils avoient également à leur gauche des redoutes construites sur le grand canal d'Alexandrie. Leurs troupes étoient sur deux lignes et leur réserve formée en arrière. Dans cette position leur droite seule étoit attaquable. C'est en effet sur ce point que se dirigèrent les premiers efforts des Français tandis que les dromadaires commencèrent, au crépuscule, une fausse attaque sur la gauche de l'ennemi. Mais à mesure que les troupes françaises s'engageoient sur les différens points de la ligne ennemie, elles rencontroicnt par tout une si grande supériorité de forces, un feu d'artillerie si bien nourri, si heureusement dirigé, que toutes les tentatives qui furent faites, ne purent entamer ni ébranler de sa position l'armée Anglaise. Et cependant l'unique espoir de la journée étoit dans un premier choc! Par une fatalité inconcevable et qui sembloit présager les malheurs de l'armée, la plupart des généraux et des chefs de corps furent blessés au commencement de l'affaire (1), et les troupes flottoient incertaines et dispersées, sans recevoir d'ordres pour

(1) Les généraux Lanusse, Destin, Silly, Baudot, Boussart, Morangier; les colonels Sornet, Eppler, ete.

leur changement de position. Jusqu'alors la cavalerie n'avoit point encore donné, et Roize attendoit une occasion favorable pour agir. Elle étoit loin de se présenter. Le général Menou, sur les derrières de l'armée Française, se portant où il croyoit sa présence nécessaire, sans cependant remédier à rien, rencontra sur ces entrefaites la cavalerie, et lui ordonna de charger. Roize étonné, se fit répéter jusqu'à trois fois cet ordre surprenant dans la position où il se trouvoit. Il vouloit aider l'inexpérience du chef, et lui représentoit l'inutilité d'un semblable mouvement. Le général Menou insista, Roize alors appuyant sa main gauche sur son cha peau, se retourna fièrement vers sa cavalerie et lui cria: «< Allons, dragons, à la mort ». Il partit en dirigeant sa troupe avec cette valeur qui lui avoit obtenu une si flatteuse distinction à la bataille du 7. thermidor, arriva sur les Anglais, enfonça leur première ligne, perça même la seconde, et vint expirer glorieusement sur la réserve où se trou voit Abercromby, qui, blessé mortellement, eut, avant de fermer les yeux, la douce consolation de voir la victoire couronner les drapeaux anglais (1).

(1) Il mourut le 28 mars, à bord du Foudroyant, entre les bras de l'amiral Keith. Le général Lanusse mourut également peu de jours après, des suites de sa blessure.

Les Français eurent à cette affaire près de 2000 hommes

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