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réunies et en si grand nombre, se rendit au Foudroyant, monté par Nelson, et à l'Audacieux. Le transport tomba également au pouvoir de l'ennemi ; mais la frégate et les corvettes parvinrent à s'enfuir à la faveur de l'empressement qu'avoit mis l'escadre anglaise pour s'attacher au vaisseau du contre-amiral Pérée.

La ville de la Valette, dont on a lu au commencement de cet ouvrage une foible description, étoit une place qui ne pouvoit guère se prendre qu'avec un temps et des travaux infinis, ou par le manque de vivres. Aussi les Anglais, après s'être rendus maîtres de Gozo et de l'île de Malte, se bornèrent pour ainsi dire à attendre l'époque où la garnison de la Valette seroit réduite par la faim à se jeter dans les bras de ses ennemis. Le général Vaubois, depuis long-temps sans communication avec la France, souffroit de l'abandon dans lequel on le laissoit, et malgré sa constance et sa fermeté, voyoit avec douleur s'approcher le moment où il faudroit abaisser les drapeaux de la république devant le pavillon anglais. Le contre-amiral Decrès, qui se trouvoit alors dans la Valette, offrit de tenter la sortie du port et de s'ouvrir un passage au travers des escadres anglaises. Vaubois, pressé par des besoins en tout genre, donna son consentement à cette téméraire entreprise. Au milieu de la nuit du 9 germinal an 8 (30 mars 1800), le contre-amiral Decrès fit appa

reiller le Guillaume-Tell (1), monté par un équipage nombreux et déterminé. A peine avoit-il franchi le goulet de la Valette, qu'il fut aussitôt signalé et poursuivi. Le matin du même jour, à sept lieues du cap Passero, le Guillaume-Tell fut obligé d'amener après un engagement aussi glorieux que sanglant et opiniâtre avec trois vaisseaux anglais, le Foudroyant, le Lion et le Pénélope, qu'il combattit pendant trois heures et demie. Ce nouveau malheur détruisit les foibles espérances du géneral Vaubois, qui, réduit à la dernière extrémité, capitula enfin (2) après un blocus de près de deux ans, et une défense honorable (3).

Pendant que ce succès livroit à l'Angleterre une des positions les plus formidables et les plus avantageuses à ses vues, ses troupes, sous les ordres de sir Ralph Abercromby, se réunissoient à Marmarice

(1) Le Guillaume-Tell étoit le dernier des vaisseaux échappés aux désastres d'Aboukir.

(2) Le 17 fructidor an vi11 (4 septembre 1800).

(3) Les frégates la Justice et la Diane qui avoient fait partie de la malheureuse flotte de Bruies, sortirent de la Valette dans la nuit qui précéda la reddition de la ville. La Diane fut prise, mais la Justice plus heureuse, trompa la vigilance des croisières. On verra plus tard qu'elle ne pouvoit éviter le sort réservé à tous les bâtimens qui avoient participé à l'expédition en Egypte.

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sur les côtes de l'Asie mineure, aux troupes et aux escadres du Grand-Seigneur. Son premier projet étoit, à ce qu'il paroît, de joindre ses forces à celles du Grand-Visir, qui attendoit en Syrie le moment d'une active coopération de ses alliés, pour oser se reportér en avant. Mais le temps qu'Abercromby perdit à Marmarice, soit par la difficulté de se munir de tout ce qui lui étoit nécessaire, soit par les vents contraires, l'obligea à changer ses projets et à diriger ses premières opérations du côté d'Alexandrie. L'amiral Keith, qui commandoit en chef la flotte anglaise dans la Méditerranée, n'appareilla de Marmarice que le 3 ventose an 9 (22 février 1801). Dans la traversée, qui fut orageuse, l'escadre turque, aux ordres du capitan Pacha, se sépara la nuit de la flotte anglaise et se réfugia dans différens ports de Chypre. Elle ne rejoignit l'expédition que plusieurs jours après, et par différentes portions.

Le 10 ventose (1er mars) l'ennemi parut devant Alexandrie (1), et mouilla le jour suivant dans la rade de cette presqu'île d'Aboukir, destinée à être le témoin de tant d'événemens importans et consé

(1) La flotte anglaise se composoit de 15 vaisseaux de ligne à deux ponts, dont 9 armés en guerre; 32 frégates, 30 à 36 corvettes, bricks, bombardes, etc., et de 70 bâtimens de transport.

cutifs. La mer fut tellement grosse et orageuse pen→ dant sept jours, que les Anglais ne purent commencer leur débarquement que le 17 ventose (8 mars). Ils furent reçus vigoureusement par le général Friant, qui étoit venu d'Alexandrie avec sa division pour observer l'ennemi. Il se battit jusqu'à neuf henres du matin, mais reconnoissant que l'ennemi étoit trop nombreux pour pouvoir lui tenir tête (1), il se détermina à se replier, pour ne point compromettre ses propres forces et le destin de la place qu'il couvroit. Les Anglais le suivirent dans sa marche, et s'arrêtèrent lorsqu'il eut pris position sur le canal d'Alexandrie.

Abercromby s'occupa dès-lors de faire mettre à terre toute son infanterie et son artillerie, ainsi que de faire bloquer le fort d'Aboukir, qui ne contenoit qu'une foible garnison. Pendant qu'il prenoit toutes les mesures nécessaires pour assurer le succès de son opération, la nouvelle de l'apparition de la flotte anglaise pénétroit dans l'intérieur de l'Egypte. Elle arriva au Caire le 13 ventose (4 mars) à trois heures après-midi.

(1) Le général Friant, chargé de garder Alexandrie, Edko et Rosette, n'avoit que 1,550 hommés d'infanterie, 180 chevaux, et 10 pièces de canon. Les prèmières troupes anglaises débarquees, étoient au nombre de 5,850 hommes.

Dès le 10 nivose (31 décembre 1800) le bruit des grands préparatifs que faisoient les Anglais et les Turcs, auroient dû avertir le général Menou des dangers qui le menaçoient. Mourad-Bey lui-même lui expédia, le 10 pluviose (30 janvier), OsmanBey-Bardisi, , pour lui développer les projets des Osmanlis. Il eut une audience de Menou, et il en fut mal reçu. Osman-Bey-Bardisi lui apprit que,; d'après les renseignemens positifs que Mourad-Bey s'étoit procurés par le moyen. d'une correspondance

avec la Syrie, le Grand-Visir, toujours timide et craintif, ne seroit pas éloigné de traiter encore, et, dans ce cas, Mourad-Bey recommandoit ses propres intérêts à la loyauté française. Dans le cas où l'on feroit la guerre, il s'engageoit à fournir les secours stipulés dans son traité avec Kleber. Menou ne crut point ou feignit de ne point croire à la sincérité de ces rapports, et lorsque enfin la nouvelle de l'apparition de la flotte anglaise vint le tirer de son erreur, il fit partir Osman-Bey-Bardisi désolé, en lui intimant de signifier, à Mourad-Bey, l'ordre de ne point bouger de sa province.

Cependant, comme il n'étoit plus possible de douter que l'ennemi eût réellement des projets d'attaque, Menou fit filer une partie de l'armée sur Rahmaniéh, et envoya la division du général Reynier à Belbéis, malgré toutes les représentations que lui fit ce général, qui sentoit combien ce mou

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