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>> Nous vous informons que Djezzar (1), pacha

qui a été ainsi nommé à cause de ses grandes >> cruautés, ne faisant aucun choix de ses victimes, » avoit rassemblé un grand nombre de mauvais sujets...., voulant venir s'emparer du Caire et des » provinces de l'Egypte, et les encourageant par la » promesse du pillage et du viol..... Le général en » chef Bonaparte partit, battit les soldats de Djez»zar..... Il prit le fort d'El-A'rich et tous les ap» provisionnemens qui s'y trouvoient.... Il se porta » ensuite à Ghazah, battit ce qu'il y trouva des » troupes de Djezzar, qui fuirent devant lui comme >> les oiseaux et les souris fuient devant le chat..... >> Etant ensuite arrivé à Ramléh, il s'empara encore » des approvisionnemens de Djezzar, et de deux >>> mille outres fort belles qui étoient là pour sa route » : >> sur l'Egypte mais Dieu ne l'a pas voulu. Il fut >> ensuite sur Jaffa et en fit le siége pendant trois

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jours..... Les habitans égarés n'ayant pas voulu se

>> soumettre et le reconnoître, ayant refusé sa pro» tection, il les livra, dans sa colère et par la force qui le dirige, au pillage et à la mort; il en est péri aux environs de cinq mille. Il a détruit leurs

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(1) Le Boucher.

>> remparts et fait piller tout ce qui s'y trouvoit; » c'est l'ouvrage de Dien qui dit aux choses d'être, » et elles sont. Il a épargné les Egyptiens qui s'y » sont trouvés, les a honorés, nourris et vêtus..... » Il se trouvoit à Jaffa environ cinq mille hommes » des troupes de Djezzar; il les à tous détruits: » bien peu se sont sauvés par la fuite. De Jaffa il se » porta à la montague de Nablous, dans un endroit appelé Quaqoùn, et brûla cinq villages de la mon>> tagne. Ce qui étoit dans les destins a eu lieu : le » maître de l'Univers agit toujours avec la même » justice. Après il a détruit les murs d'Acre, le » château de Djezzar..... Il n'a pas laissé à Acre pierre sur pierre, et en a fait un tas de décom» bres, au point que l'on demande s'il a existé une >> ville dans ce lieu.... Voilà la fin des édifices des

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tyrans. Il est retourné ensuite en Egypte pour » deux motifs le premier pour tenir la promesse qu'il avoit faite aux Egyptiens de retourner à eux » dans quatre mois, et ses promesses sont des en»gagemens sacrés; le second, c'est qu'il a appris » que divers mauvais sujets Mamelouks et Arabes >> semoient le trouble et la sédition pendant son ab» sence.... Son arrivée les a tous dissipés..... Toute » son ambition est toujours la destruction des mé>> chans, et son envie de faire le bien aux bons..... >> Retournez donc, créatures de Dieu, vers Dieu; » soumettez-vous à ses ordres, la terre lui appar

>>> tient; suivez ses volontés, et sachez qu'il dispose

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de la puissance et la donne à qui il veut; c'est ce qu'il nous a ordonné de croire..... Lorsque le gé» néral en chef est arrivé au Caire, il a fait con>>-noître au Divan qu'il aime les musulmans, qu'il » chérit le prophête..... qu'il s'instruit dans le Qô» ran, qu'il le lit tous les jours avec attention..... » Nous savons qu'il est dans l'intention de bâtir » une mosquée qui n'aura point d'égale dans le >> monde, et d'embrasser la religion musulmane »..

Pendant notre expédition en Syrie, l'ordre s'étoit établi au Caire dans toutes les parties de l'administration. La Monnoie étoit en activité, et l'Institut poursuivoit ses recherches intéressantes. De tous côtés les Français avoient déployé leur industrieuse activité, et nos besoins en tout genre présentoient mille moyens de fortune aux spéculateurs adroits.

J'ai déjà dit que la rareté des femmes françaises avoient rendu précieux le petit nombre qui avoient suivi l'armée. Le besoin d'une compagne avec laquelle on pût s'entendre, prêtoit des charmes à la moins jolie, et c'est ainsi que des femmes de soldats, des vivandières, étoient devenues les maîtresses de plusieurs généraux et officiers supérieurs. Il falloit bien se contenter de ce qu'on pouvoit avoir. D'autres avoient attiré chez eux des femmes abandonnées des Mamelouks; quelques-unes étoient

belles, et tout en nous donnant des leçons d'arabe, apprenoient à prononcer des mots français ce n'étoit pas ordinairement les plus décens qu'elles retenoient. De cette sorte il se formoit des sociétés et des échanges assez bizarres; on donnoit des soirées, on prenoit du punch, on rioit, on s'étourdissoit en parlant de Paris, et l'on oublioit l'Egypte; ou bien l'on faisoit venir pour divertir l'assemblée, les danseuses du pays, dont les mouvemens lascifs flattoient notre imagination par des tableaux gracieux; ou bien encore ces escamoteurs adroits qui déployoient à nos yeux surpris tout le prestige de leur science, et faisoient danser en mesure devant nous les serpens et les insectes les plus hideux et les plus dégoûtans.

D'un autre côté, les Turcs s'enrichissoient avec nous; ils imitoient fort bien tous les ouvrages français, ils brodoient à merveille, et le luxe, que notre séjour en Egypte devoit anéantir, se releva par leurs

soins.

Toute l'armée mangeoit de fort beau pain et de. la viande de buffle. Cette viande ne faisoit peut-être pas d'aussi bon bouillon, que celle du bœuf, mais elle n'étoit point mauvaise, et l'habitude fit bientôt oublier la différence de la blancheur. Le mouton gras et bien nourri offroit une excellente chair; sa queue monstrueuse, large à sa racine, contient une grande quantité de graisse, et j'en ai vu qui

pėsoit depuis dix, jusqu'à quelquefois quatorze livres.

Bonaparte à peine arrivé au Caire, s'occupa de renouveler l'habillement de l'armée. Les troupes revénues de la Syrie en avoient surtout besoin. La difficulté de se procurer du drap bleu en assez grande quantité, fit qu'on adopta toutes les couleurs. Tel régiment étoit en rouge, tel autre en vert, en jaune, etc. Il prit enfin toutes les dispositions pour mettre promptement l'armée en état de marcher à de nouveaux combats. Il prévoyoit les orages qui se formoient en Asie et en Europe; notre séjour en Egypte devoit alarmer l'Angleterre, et l'on devoit croire qu'elle ne nous y laisseroit pas former paisiblement un établissement si dangereux pour son

commerce.

Je goûtois au Caire, après tant de fatigues, un repos si chèrement acheté, lorsque le 6 messidor (24 juin) je reçus le matin l'ordre de me tenir prêt à partir avec le général Murat. J'allai le voir; c'étoit tout simplement une course à faire contre des Arabes qui étoient venus s'établir au midi du Caire, sur la rive droite du Nil. Le général en chef vouloit que, pour les surprendre, le général Murat, tournant le mont Mokattam, et combinant sa marche dans le désert, arrivât sur le camp des Arabes, situé près d'un village qu'on lui désignoit, à la petite pointe du jour.

Nous emmenâmes avec nous de la cavalerie, et

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