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bre de ses troupes par une inconcevable activité et une extrême prudence. Un autre genre de maladie affligeoit nos soldats dans cette partie de l'Egypte, C'étoit l'ophtalmie. Officiers et soldats en étoient également attaqués.

Mais Desaix joignoit aux talens militaires, les vues les plus étendues en administration, et les connoissances les plus variées en tout genre. Brave comme Bayard, il avoit toute la noblesse de son caractère. On ne pouvoit le voir sans l'aimer, et le connoître sans l'estimer et l'admirer.

Les obstacles qu'il rencontroit à chaque pas, ne le rebutoient point. Partout il lui falloit repousser des ennemis, qui sembloient se multiplier par les pertes, et pourvoir à la solde, à la subsistance de sa petite armée. Desaix enfin avoit dans ses attaques, la constance que Mourad-Bey montroit dans ses revers.

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Je ne m'attacherai point à rapporter les combats répétés de cette division, qui devoit planter l'étendard français sur les cataractes du Nil, et parcourir ces lieux célèbres où quelques voyageurs ont pénétré avec tant de peines. Je suivrai seulement sa marche intéressante et curieuse.

Le trois pluviose (22 janvier 1799) Desaix rencontre au village de Samânhout, Mourad-Bey auquel s'étoient réunis Hassan et Osman-Bey, ainsi qu'une foule de Nubiens, de Maugrabins et d'habitans d'Yambo et de Jedda. Il partage sa troupe en

deux carrés, commandés par les généraux Belliard et Friant. L'armée de Mourad-Bey est bientôt obligée de céder non pas à la supériorité des forces, mais à la supériorité de ses mouvemens sagement calculés, inconnus aux Mamelouks. Les Beys poursuivis sans relâche, exténués de fatigue, ayant perdu presque tous leurs équipages, prennent la cruelle résolution de se jeter dans l'affreux pays de Bribe, au-dessus des Cataractes, à quatre grandes journées de Syène où Desaix fit son entrée le 13 pluviose (1er février.)

En parcourant ainsi la Haute-Egypte, nos troupes rencontroient presque chaque jour une quantité de monumens antiques de la plus grande beauté. Desaix, accompagné de M. Denon, visitoit les restes magnifiques de Thèbes et du temple de Tentira, chefsd'œuvre des connoissances humaines, dans les temps les plus reculés. C'est sous les murs de Thèbes que la cavalerie du général Davoust eut un engagement très-vif avec celle des Mamelouks. Les Mamelouks eurent d'abord l'air de fuir, mais ayant fait tout d'un coup volte-face, ils fournirent une charge extrêmement vigoureuse. Ils montrèrent dans ce combat, comme à celui de Saléhieh, la supériorité constante qu'ils avoient sur notre cavalerie abandonnée à elle-même. J'en ai suffisamment, je crois, développé la raison dans le premier livre. Le colonel Lasalle, qui à Saléhich eut l'adresse de ramasser son sabre au milieu de la mêlée, eut dans celle-ci le

bonheur de se retirer sans être blessé, après avoir .eu son sabre cassé à la monture.

Mourad-Bey ne pouvant subsister dans le misérable pays où il s'étoit réfugié, fit tous ses efforts pour en sortir. Il vint attaquer le général Belliard, resté à Syene, tandis qu'il excitoit à une nouvelle insurrection les paysans toujours prêts à nous attaquer, lorsque nous faisions un mouvement pour descendre le Nil; mais Desaix, instruit du rassem→ blement qui se préparoit du côté de Sioùt, avoit réuni toutes ses troupes, et le 12 ventose (2 mars) il passoit le Nil pour se porter sur Farchoute, et de là à Siout.

Il rencontra l'ennemi auprès de Souhâma, et le dispersa avec la même rapidité que dans les affaires précédentes. Cependant il s'apercevoit que tant qu'il ne l'empêcheroit pas de venir se jeter dans les pays habités, et qu'il ne l'obligeroit point à rester dans les déserts ou à les franchir, il ne viendroit pas à bout de s'en défaire. Il résolut de changer le genre de guerre, et il adopta en conséquence les dispositions de colonnes mobiles et successives.

Le 10 germinal (30 mars) Desaix arriva à Kéné où il ravitailla les troupes du général Belliard qui avoient combattu à Cophtos, et pris d'assant la maison fortifiée de Bénout. Le 11, il se remit en marche pour aller chercher l'ennemi et lui fermer les débouchés du désert. Il lui livra un combat à

Birambra, et revint le même jour à Kéné, d'où il fit partir d'autres colonnes qui ne devoient point laisser de repos à l'ennemi. Ces attaques opiniâtres chassoient bien les Mamelouks de tous les points où on les rencontroit, mais ne les obligeoient point à quitter le pays; ; il auroit fallu occuper toute l'Egypte supérieure, et ce n'est guères qu'avec trois mille hommes d'infanterie, douze cents chevaux et huit pièces d'artillerie, que Desaix maintenoit un territoire de plus de cent lieues en longueur.

L'expédition par mer pour s'emparer de Cosséir avoit manqué, comme on l'a vu plus haut; Desaix avoit ordre de la tenter par terre, et il attendoit un moment favorable pour cette opération importante, Le 10 prairial (29 mai) le général Belliard s'empara de ce port sur la mer Rouge, devant lequel les Anglais venoient de paroître. Ce nouveau succès termina glorieusement la campagne de la Haute-Egypte ; les affaires du nord vont bientôt obliger Desaix de se rapprocher du Caire.

Après avoir instruit très-succinctement le lecteur de ce qui s'est passé en Egypte pendant l'absence du général en chef, je reprends le fil des événemens à notre rentrée dans la capitale.

Bonaparte n'ignoroit pas les bruits qu'on avoit répandas sur le sort de l'armée qui revenoit de Syrie, et c'est sûrement pour chercher à détruire les impressions fâcheuses que des rapports exagérés

avoient pu faire, qu'il fit à son arrivée, publier, par le divan du Caire, la proclamation dont je vais extraire les passages les plus singuliers, et sur lesquels je ne me permettrai aucunes des réflexions qu'ils font naturellement naître.

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«Les conseils sont ordonnés par la loi.....

» Il est arrivé au Caire, la bien gardée, le chef » de l'armée française, le général Bonaparte, qui » aime la religion de Mahomet. Il s'est arrêté avec. >> ses soldats à Qoubbé (1), bien portant et sain, >> remerciant Dieu des faveurs dont il le comble. Il » est entré au Caire, par la porte de la Victoire, » le vendredi 10 du mois de mohharram de l'an » 1214 de l'hégire, avec une suite et une pompe des

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plus grandes : ça été une fête de voir les soldats » bien portans....... Ce jour a été un très-grand jour ; » l'on n'en a jamais vu de pareil. Tous les habitans >> du Caire sont sortis à sa rencontre; ils ont vu et >> reconnu que c'étoit bien le même général en chef » Bonaparte, en propre personne : ils se sont con>> vaincus que tout ce qui avoit été dit sur son compte étoit faux...... Les habitans de l'Egypte supérieure » ont chassé les Mamelouks pour leur sûreté, celle » de leurs familles et de leurs enfans, parce que la

(1) Caravan-Seraï, presqu'à la porte du Caire, sur la route de Belbéis.

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