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troupes qui occupoient Saffet, Tabarié et Nazareth, s'étoient repliées sur le camp, après en avoir brûlé les magasins. Je quittai la montagne de la Cavalerie le 30 floréal (19 mai) à la nuit tombante. Je partis avec un détachement de dragons, afin de faire préparer à Tentoura le biscuit destiné à nourrir la cavalerie jusqu'à son arrivée à Jaffa. Je trouvai dans ma route plusieurs cadavres; c'étoient ceux de nos malades ou blessés qui n'avoient pu soutenir la fatigue, et que la mort avoit surpris.

Le 1er prairial (20 mai) l'armée effectua sa retraite à neuf heures du soir, après avoir jeté dans la mer la grosse artillerie qu'il étoit impossible d'emmener. La division Kleber et celle du général Murat firent l'arrière-garde; la division du général Lannes marchoit la première, et ce général, porté dans une litière, précédoit sa troupe cheminant dans le silence.

Ainsi se termina le siége sanglant de Saint-Jean d'Acre, après soixante jours de tranchée ouverte.

J'oserai ici pendant que notre armée défile dans l'obscurité, tracer quelques réflexions sur notre excursion en Syrie; elles achèveront le tableau touchant de cette mémorable expédition.

>>titut du Caire, ce qui se passa à la première séance après le retour de Bonaparte.

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J'avoue que les détails de cette séance ne sont point parvenus jusqu'à moi.

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Bonaparte, dont la première campagne venoit d'être couronnée en Italie des plus brillans succès, croyoit ne les devoir qu'au nouveau système de guerre qu'il avoit adopté. Il étoit conforme au caractère. français. Dirigeant, en général habile, cette bouillante ardeur, fruit d'une longue inaction et du desir de secouer le joug dont les puissances de l'Europe nous menaçoit alors, il se portoit toujours en avant pour déjouer l'ennemi par la rapidité de ses mouvemens et pour assurer à son armée, aux dépens du pays conquis, les ressources dont elle étoit dépourvue. Ce n'étoit plus cette marche méthodique de nos anciens généraux, ces plans de campagne assujétis à l'établissement de lignes de magasins; ce n'étoit plus cette réservé dans les manoeuvres pour éviter les privations, conserver la santé et le sang précieux des soldats. Tout annonçoit dans les combinaisons de Bonaparte cette avidité de gloire, cette ambition qui ne calculent point ce qu'elles coûteront à satisfaire. Des triomphes éclatans lui avoient donné cette confiance qui rend tout facile; une seule campagne, étonnante par ses résultats, l'avoit placé en tête des premiers généraux de l'Europe; son extrême activité secondoit l'impétuosité française; la gloire prêtoit déjà à ses discours la force des oracles; il avoit une volonté ferme, une résolution prompte, et cette constance dans les projets qui peut seule les faire réussir; avec tous ces ressorts puissans, il commandoit aux premières troupes

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du monde; tout devoit lui paroître facile, comme il devoit se croire capable de tout. Habitué à renverser les obstacles sans s'arrêter, il devoit donc penser que Saint-Jean d'Acre ne tiendroit pas plus que Jaffa ; mais le malheur ayant voulu qu'on s'adressât au point le plus fort de la place, il falloit avoir pour la prendre cette patience que nécessite un siége; Bonaparte ne l'eût point, et Kleber (1), dont les principes et le caractère étoient entièrement opposés à ceux du général en chef, prédit après le premier assaut manqué, que Saint-Jean d'Acre ne seroit point pris. Il témoignoit hautement son mécontentement sur le peu de soins apportés dans la construction de nos ouvrages, sur le peu d'ensemble du génie et de l'artillerie, qui ne s'accordaient point entre eux ; sur cette impatience enfin qui multiplioit des attaques, en épuisant inutilement l'ardeur des troupes dans des tentatives trop répétées, sur un point où› elles avoient déjà échoué. En effet, que le lecteurme permette de mettre sous ses yeux le résumé des principales opérations du siége, il verra que jamais les Français n'ont donné des preuves plus éclatantes d'un courage infructueux et d'une constance admirable.

(1) C'est lui qui, en parlant de Bonaparte, l'appeloit un général à dix mille hommes par semaine.

TABLEAU comparé de l'Attaque et de la Défense.

ATTAQUE DES ASSIEGES.

6 germinal (26 mars ). Première sortie.

10 (30 mars).' Deuxième sortie. Mort du colonel Detroye.

12 (1er avril) Troisième sortie.

18 (7 april) Sortie générale sur trois colonnes, avec les troupes anglaises. Mort du capitaine anglais Thomas Aldfield.

L'ennemi établit des places d'armes pendant les jours suivans, lève des cavaliers et marche en contre-attaqué sur nos ouvrages.

12 floréal (1 mai) Cinquième sortie. L'ennemi fusille la tour à revers.

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Suite du Tableau.

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ATTAQUE DES ASSIÉGEANS.

Nuit du 17 au 18 floréal ( du 6 au 7 mai). Attaque des places d'armes de l'ennemi; on ne peut travailler au logement, ni le faire évacuer.

Nuit du 18 au 19. Cinquiè me assaut. On se loge dans la tour. Le colonel Boyer est tué. La perte est considérable de notre côté relativement à notre force.

19 floréal. Sixième assaut dans la courtine. Le général Rambeau est tué et le général Lannes blessé.

21 floréal (10 mai). Septie me et huitième assaut, le matin et le soir. Le général Bon est blessé mortellement. Les colonels Venoux et Fouler sont tués.

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