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» la domination de la Sublime Porte, en vous faisant >> accroire qu'elle même avoit pu consentir à l'enva» hissement de son territoire.

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» Doutez-vous qu'en vous envoyant ainsi dans une région lointaine, son unique but n'ait été de vous » exiler de la France, de vous précipiter dans un abyme de dangers, et de vous faire périr tous tant » que vous êtes? Si dans une ignorance absolue de » ce qui en est, vous êtes entrés sur les terres d'E»gypte, si vous avez servi d'instrument à une vio»lation des traités, inouie jusqu'à présent parmi les

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puissances, n'est-ce point par un effet de la perfi» die de vos directeurs? Oui, certes; mais il faut » pourtant qué l'Egypte soit délivrée d'une invasion » aussi inique. Des armées innombrables marchent >> en ce moment; des flottes immenses couvrent déjà >> la mer. Ceux d'entre vous, de quelque grade qu'ils » soient, qui voudront se soustraire au péril qui les » menace, doivent, sans le moindre délai, manifes>> ter leurs intentions aux commandans des forces de » terre et de mer des puissances alliées. Qu'ils soient » sûrs et certains qu'on les conduira dans les lieux » où ils desireront aller, et qu'on leur fournira des » passeports pour n'être pas inquiétés pendant leur >> route par les escadres alliées, ni par les bâtimens. » armés en course. Qu'ils s'empressent donc de pro» fiter à temps de ces dispositions bénignes de la Su

»blime Porte, et qu'ils les regardent comme une » occasion propice de se retirer de l'abîme affreux » où ils ont été plongés,

» Fait à Constantinople, le 11 de la lune de » Ramazan, l'an de l'hégyre 1213, et le 5 fé»vrier 1799:

»Je soussigné, ministre plénipotentiaire du roi » d'Angleterre près la Porte-Ottomane, et actuel »lement commandant la flotte combinée devant Acre, » certifie l'authenticité de cette proclamation, et ga >> rantis son exécution.

» A bord du Tigre, ce 10 mai 1799.

Signé SIDNEY-SMITH. »

Je n'ai pas besoin de dire que cet écrit ne fit aucune impression sur l'armée.

Le même jour, Bonaparte fit mettre à l'ordre la proclamation qu'on va lire :

<< SOLDATS,

» Vous avez traversé le désert qui sépare l'Afride l'Asie avec plus de rapidité qu'une armée

» arabe.

L'armée qui étoit en marche pour envahir l'Egypte est détruite ; vous avez pris son général, son » équipage de campagne, ses bagages, ses outres, » ses chameaux.

» Vous vous êtes emparés de toutes les places » fortes qui défendent les puits du désert.

» Vous avez dispersé, aux champs du mont Tha>> bor, cette armée d'hommes accourus de toutes les » parties de l'Asie dans l'espoir de piller l'Egypte.

» Les trente vaisseaux que vous avez vu arriver » devant Acre, il y a douze jours, portoient l'armée » qui devoit assiéger Alexandrie; mais obligée » d'accourir à Acre, elle y a fini ses destins; une » partie de ses drapeaux ornerá votre entrée en » Egypte.

Enfin, après avoir, avec une poignée d'hom» mes, nourri la guerre pendant trois mois dans le » cœur de la Syrie, pris quarante pièces de campa» gne, cinquante drapeaux, fait six mille prison»niers, rasé les fortifications de. Ghazah, de Jaffa, » Caïffa, Acre, nous allons rentrer en Egypte; la >> saison des débarquemens m'y rappelle.

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» Encore quelques jours, et vous aviez l'espoir » de prendre le pacha, même au milieu de son palais; mais dans cette saison la prise du château » d'Acre ne vaut pas la perte de quelques jours; les >> braves que je devrois d'ailleurs y perdre, sont au»jourd'hui nécessaires pour des opérations plus >> essentielles.

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» Soldats, nous avons une carrière de dangers et >>.de fatigues à courir. Après avoir mis l'Orient » hors d'état de rien faire contre nous cette campa

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»gnes,

il nous faudra peut-être repousser les efforts » d'une partie de l'Occident.

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» Vous y trouverez une nouvelle occasion de gloire, et si, au milieu de tant de combats, chaque »jour est marqué par la mort d'un brave, il faut » que de nouveaux braves se forment, et prennent rang à leur tour parmi ce petit nombre qui donne » l'élans dans les dangers, et maîtrise la victoire. »

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Aussitôt tous les commissaires-des-guerres reçurent l'ordre de faire évacuer sur Tentoura les blessés de leurs divisions, dans lesquelles ils devoient prendre les moyens de transport nécessaires. Mais qu'il étoit difficile de se les procurer! Je l'ai déjà dit, l'égoïsme est le sentiment qui dominoit dans l'armée. Les officiers montroient peu d'empressement à livrer leurs chevaux, et pour remplir les ordres donnés, il fallut enlever de vive force les animaux des cantiniers, les ânes des soldats, qui ne pouvoient faire respecter leurs propriétés, et qui se vengeoient de la violence qu'on exerçoit sur eux en proférant mille injures. Au reste, ces dispositions étoient insuffisantes; car il y avoit dans nos ambulances, et particulièrement au mont Carmel, des blessés et des malades hors d'état de faire la route, autrement qu'en litière. La plupart étoient attaqués de la peste, et leur transport exigeoit au moins huit hommes pour se relayer en chemin. Je sais qu'à l'époque de notre départ, le bruit courut qu'on administra aux

malades désespérés des médicamens composés exprès pour accélérer leur triste fin, et leur éviter par une mort adroitement préparée, celle plus cruelle qui les attendoit en tombant entre les mains des ennemis; je sais qu'on disoit encore, qu'il falloit, pour le salut incertain d'un seul pestiféré, exposer huit, et même douze hommes, aux atteintes presqu'inévitables d'un fléau dont les effets étoient si rapides. J'ai été témoin de toute l'horreur qu'inspira cette fatale résolution que la prévoyance auroit sans doute épargnée; cependant il est de la droiture de mes sentimens, il appartient à la franchise, à la simplicité avec lesquelles j'ai peint jusqu'ici tout ce que j'ai vu, de déclarer que je n'ai d'autres preuves évidentes de l'empoisonnement de nos blessés, que les propos sans nombre que j'ai entendu tenir dans l'armée. Mais s'il faut en croire cette voix publique, trop souvent organe de la vérité tardive, qu'en vain les grands espèrent enchaîner c'est un fait trop avéré que quelques blessés du mont Carmel, et une grande partie des malades à l'hôpital de Jaffa, ont péri par les médicamens qui leur ont été administrés (1). Dans les derniers jours de floréal (17 mai), les

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(1) Wilson, dont j'ai déjà cité l'ouvrage, porte le nombre des malades empoisonnés à 580; et il ajoute :

<< S'il restoit encore quelque doute sur la vérité de » cet exposé, que l'on demande aux membres de l'Ins

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