Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

faire croire au rassemblement et aux mouvemens de quelques corps de troupes ennemies, revint le même jour à Saffet, où il établit une garnison.

La journée du 13 (2 avril) fut consacrée au repos. J'eus lieu pendant ce temps d'observer plus attentivement la ville et les habitans de Saffet.

[ocr errors]

Je vis une juive remarquable par sa fraîcheur et la finesse de ses traits. Les hommes sont grands et fortement constitués. Leurs vêtemens ont cela d'agréable, qu'ils sont d'une blancheur générale et très-propres. Un vieillard nous montra l'endroit où, suivant la tradition, étoit la tente d'Holopherne lorsqu'il fut décapité par Judith.

Le 15 germinal (4 avril) nous étions de retour

au camp.

Durant notre course, le général Vial avoit été à Tyr, et le général Junot s'étoit emparé de Nazareth, qui nous offrit quelques ressources. Point de nouvelles de nos frégates, point d'artillerie de siége.

Malgré la reconnoissance que nous avions faite; les renseignemens venant de la montagne, et les rapports des espions annonçoient toujours la marche de troupes considérables, auxquelles les Nablousins se réunissoient. La cavalerie eut ordre alors de changer de position, et de venir s'établir sur le penchant d'une colline au débouché des gorges qui conduisent à Nazareth et à Saffet. On construisit au sommet une redoute en pierres, et nous bivaquâmes à

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors]

Pentour. Chaque pierre que les dragons enlevoient de terre pour se faire un lieu de repos, découvroit des insectes rampans et des scorpions: nous en fùmes tous piqués, mais nous étions déjà familiarisés avec cette piqûre, dont on nous avoit tant effrayés; de l'huile posée sur la plaie en dissipoit l'inflammation au bout de quelques heures. Au-dessus de la cavalerie, le général Murat avoit fait élever sa tente. Quoique aux avant-postes, il se couchoit dans des draps. Je lui disois un jour :

Si l'ennemi venoit nous surprendre, comment » feriez-vous, mon général ? -» --- « Hé bien, me répondit-il, je monterois à cheval en chemise, on » me distingueroit mieux dans l'obscurité. »

[ocr errors]

Le 18 germinal (7 avril) l'ennemi fit une vigoureuse sortie; on vit à la tête des colonnes des officiers anglais et des troupes tirées des vaisseaux au mouillage.

Pendant qu'on s'occupoit des travaux du siége des lettres du commandant du fort de Saffet et du général Junot à Nazareth, confirmoient les avis que les espions donnoient sur le rassemblement et les mouvemens des ennemis. Enfin on fut assuré que des troupes avoient passé le Jourdain aux deux ponts d'acoub et de Djesz-el-Makanié ; et qu'elles établissoient de forts magasins à Tabarié.

Le général Junot, dans une reconnoissance sur Loubi, tomba dans un gros parti d'ennemis. Je ne

[ocr errors]

rapporterai point ici les détails de cette belle retraite, où le général Junot et le colonel Duvivier, comman dant le 14o régiment de dragons, se conduisirent avec I autant de valeur que de sang froid. Ce dernier surtout animoit ses dragons, en leur disant : « mes >> amis, droit aux yeux », et donnoit lui-même l'exemple, en pointant son sabre long sur la figure des cavaliers ennemis qui venoient au pas planter leurs drapeaux dans nos rangs. Aussitôt que Bonaparte eut connoissance de cette affaire, il donna ordre à Kleber de partir avec sa division pour Nazareth, et trois jours après, au général Murat, de se rendre de nouveau au Jourdain, probablement pour arrêter les troupes qui venoient de Damas, ou pour couper la retraite à celles que Kleber alloit combattre et chasser.

Le 24 germinal (13 avril), nous quittâmes done encore une fois le camp, et reprîmes le même chemin qui nous avoit d'abord conduits à Saffet. Nous couchâmes au même village la première nuit. Le corps commandé cette fois par le général Murat était plus considérable; il avoit près de mille hommes d'infanterie, une pièce légère et une seule compagnie de dragons. Nous ne pûmes faire avancer notre artillerie, et nous la laissâmes à moitié chemin ; nous repassâmes au plateau, d'où on distinguoit Saffet; mais au lieu d'y monter en suivant le torrent, nous prîmes la droite, pour venir bivaquer à

l'entrée de la plaine d'Iacoub : la nuit s'écoula tranquillement. Le général envoya un paysan au commandant du fort de Saffet, pour l'instruire des mouvemens que nous devions faire à la pointe du jour, et lui ordonner de le seconder par une sortie. Les troupes arrivées de Damas avoient bloqué le fort et tenté de l'escalader. Le jeune Tedesco, que j'y par l'enavois laissé, avoit eu le malheur d'être tué nemi qu'il avoit été reconnoître : les quatre soldats qui étoient avec lui, eurent la tête tranchée; nous les trouvâmes le lendemain devant la tente du fils du pacha de Damas. Je cherchai en vain celle du jeune Italien, pour lui donner la sépulture, je ne pus la découvrir.

Le lendemain 26, avant le lever du soleil, notre colonne déboucha dans la plaine d'acoub. Nous fumes pendant quelques instans sans rien apercevoir; mais en approchant du pont, le général Murat avec sa longue vue, distingua plusieurs cavaliers sur notre droite. Tandis que le nombre s'en augmentoit assez sensiblement, une vive fusillade se fesoit entendre dans les défilés de Saffet, que nous avions sur notre gauche. Le général Murat pouvoit croire que les principales forces de l'ennemi s'étoient jetées dans les montagnes pour s'emparer du fort qui en défendoit le passage, et il se dirigea dans le premier moment sur ce point.

Cependant l'ennemi grossissant toujours sur notre

droite, le général dut calculer avec plus de probahilité qu'il n'avoit point encore quitté sa première position, et après avoir envoyé son aide-de-camp Beaumont avec une compagnie de carabiniers, pour soutenir la garnison de Saffet, il fit former son corps en deux bataillons carrés, et diriger sa marche sur le pont d'Iacoub. Notre vue ayant semé l'alarme: au camp de l'ennemi, sa cavalerie se répandit dans la plaine, et commença à nous entourer. Nos tirailleurs couvroient le front de nos deux bataillons qui s'avançoient au pas de charge. Un Dalmate, assez brave pour venir fusiller nos éclaireurs, fut la première victime de la journée; il tomba: son cheval retourna joindre ses camarades. Bientôt notre troupe, échauf féé par le feu et l'espoir du pillage des tentes que nous apercevions sur l'autre rive du Jourdain, ne marcha plus; elle courut et culbuta, à la descente de la colline, cette riche cavalerie, embarrassée au passage d'un pont fort étroit. Si nous cussions eu le même nombre de chevaux qu'à notre premier voyage, cette journée eût été couronnée d'un succès plus brillant encore. Car bien que notre infanterie développât dans sa course toute l'ardeur possible, elle ne put arriver assez à temps au sommet des collines rapides entre lesquelles coule le Jourdain, pour arrêter et fusiller l'ennemi entièrement en déroute. Néanmoins, comme nous avions mis peu de distance entre notre apparition et la charge, cette

1

« ZurückWeiter »