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à acheter des figues sèches, du tabac et quelquefois du fromage. Les Druses, instruits également de notre arrivée, descendirent de leurs montagnes, et vinrent saluer Bonaparte. Le fils du fameux Dâher(1) étoit à leur tête. Le général en chef les reçut devant sa tente, et après leur avoir dit qu'il espéroit pren- . dre bientôt la ville, il promit à Dâher fils de lui

(1) Dâher étoit d'origine Arabe et d'une tribu des Bédouins qui se sont habitués sur les bords du Jourdain, près du lac Tabarié. Sa famille étoit une des plus puissantes du pays. A la mort d'Omar, son père, Dâher partagea le commandement avec un oncle et deux frères. Son domaine fut Safad ou Safet, petite ville dans les montagnes, au nord-ouest du lac Tabarié. En 1742, il y fut attaqué par le pacha de Damas, auquel il donnoit de l'ombrage. Après avoir résisté avec succès aux efforts de ses ennemis, des discussions d'intérêt le brouillèrent avec son oncle et ses frères, et il jugea à propos de terminer les différens par la mort de ces

concurrens.

Alors revêtu de toute la puissance de sa maison, il ouvrit un plus vaste champ à son ambition, mais il avoit besoin d'une place qui, en agrandissant ses relations, devînt un asyle pour lui et ses richesses. Il jeta les yeux sur Saint-Jean-d'Acre, qui remplissoit parfaitement toutes ses vues et forma le projet de s'en emparer.

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Il attaqua brusquement, en 1749, cette ville, commandée par un Aga du Grand-Seigneur, et la prit sans coup férir. Dâher avoit alors 63 ans, mais son activité

rendre en partie le pouvoir et l'influence dont jouissoit son père, et que la tyrannie de Djezzar Pacha avoit presqu'entièrement anéantie. En général, soit que les habitans, presque tous chrétiens, voulussent paroître nos amis, ou que véritablement ils fussent fatigués du joug sous lequel ils vivoient alors, ils prononçoient le desir de voir prospérer nos ar

et sa vigueur lui laissoient encore une longue carrière à parcourir. Il parvint d'abord à appaiser la Porte, toujours disposée à tolérer ce qu'elle ne peut empêcher, et devint le paisible possesseur d'Acre. Il la fit fortifier, et sous le prétexte de se bâtir une maison, il construisit a l'angle du nord, un palais qu'il garnit de canons. Enfin, il enferma la ville par un mur du côté de terre, et ne laissa que deux portes pour les communications.

Après avoir soumis la Palestine et le pachaliq de Saïde, à son autorité, après des guerres intestines et des combats sanglans, dans lesquels il signala son courage et la constance de son caractère, il fut attaqué à son tour dans Saint-Jean-d'Acre par une flotte turque soutenue des barbaresques. Il se seroit sans doute défendu jusqu'à la dernière extrémité, si, s'appercevant bientôt qu'il étoit trahi par ses gens, qui refusoient de tirer sur l'escadre ennemie, il ne se fût décidé à prendre la fuite. Il monta à cheval et sortit par une porte secrète de son jardin, pour gagner la campagne. Un barbaresque l'apperçut, lui tira un coup de fusil dans les reins et le jetta à terre. Sa tête fut coupée sur-le-champ et portée au capitan-pacha, commandant

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mes, et faisoient des vœux pour la prise d'Acre. Ils venoient souvent devant nos tentes s'accroupir et considérer, en fumant leurs pipes, les efforts de nos guerriers pour pénétrer dans la place. Loin de rencontrer parmi ces habitans ces dispositions hostiles que nous cachoient politiquement les Egyptiens, nous ne trouvâmes parmi eux que cordialité et hospitalité; j'en citerai des exemples. Jamais ils ne commirent sur les Français aucun assassinat; les Arabes seuls, voleurs et pillards comme partout, continuèrent à nous piller et à épier toutes nos démarches. C'est avec cette persévérance et leur adresse ordi→ naire, qu'ils immoloient sans cesse quelques Français à leur cupidité.

L'ouverture de la tranchée fut plus longue que celle de Jaffa, et les soldats, prévoyant que le siége

de l'expédition, qui, selon la coutume odieuse des Turcs, la fit saler pour la conserver jusqu'à son retour à Constantinople.

Telle fut la fin tragique de ce vieux guerrier ( il pouvoit avoir à sa mort go ans), homme digne à bien des égards d'un meilleur sort. Depuis cette époque, la Syrie n'a point vu de chef développer une aussi grande énergie.

Djezzar qui avoit contribué à la chûte de Dâher, fut établi pacha d'Acre, par le capitan-pacha qui commandoit l'escadre du Grand-Seigneur. (Voyez Volney.)

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dureroit au moins quelques jours, creusèrent dans
la terre des cabanes qu'ils garnirent bientôt de ra-
meaux, coupés dans les bois des premières monta→
gnes situées à l'autre côté de la plaine. C'étoit là
aussi que nous allions aux provisions pour le bois de
chauffage. Le fleuve de Kerdanné fournissoit de l'eau
à la gauche de l'armée, et un autre ruisseau, appelé
Tanous, alimentoit la droite. Dans cette position,
et au moyen des magasins trouvés à Caïffa et dans
le fort de Cheifamrs, où l'on plaça en garnison les
Maugrabins qui nous avoient suivis depuis El-A'rich,
nous ne manquâmes de rien au commencement du
siége. La troupe avoit du pain passable, et le soldat,
avec le secours de quelques figues qu'il achetoit,
vivoit encore assez bien. La cavalerie avoit aussi de
l'orge, et les plaines qui nous environnoient nous
offroient des pâturages.

Dans cette maison carrée, sise à côté du pont de
bois, sur le Kerdanné, on avoit établi l'ambulance,
et ce petit fleuve fournissoit en abondance l'eau si
nécessaire dans un hôpital.

Le 1er germinal (22 mars), nous vîmes reparoître les vaisseaux le Tigre et le Thésée. Ils s'approchèrent d'abord avec précaution de la ville, craignant sans doute que nous ne nous en fussions déjà emparés; mais bientôt les communications les rassurèrent, et ils mouillèrent dans la rade à la gauche d'Acre. Ils avoient avec eux des avisos et des cha

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loupes canonnières qui ancrèrent à une certaine distance, et formoient ainsi une ligne de Caïffa à la ville assiégée.

1

Le 2 au matin (23 mars), les petits bâtimens se mirent en mouvement et s'approchèrent de Caiffa. Les avisos se tinrent en panne, et par un feu suivi et bien nourri, canonnèrent pendant quelques heures. Le chef d'escadron Lambert parut ne pouvoir faire aucune résistance. Il resta derrière ses murailles, et ne démasqua point l'obusier et le canon de trois qu'il avoit fait mettre en batterie. Les Anglais encouragés par cette première attaque, ne voyant aucune pièce riposter, se crurent assurés de la victoire, et voulurent tenter le débarquement. Leur but étoit, sans doute, de nous enlever ou de détruire les magasins considérables et précieux que nous avions trouvés dans la place. Lambert, avec sa garnison, forte de soixante à quatre-vingts hommes, les laissa s'avancer, et lorsqu'ils furent à la portée du fusil, il fit faire si à propos une décharge, que la première chaloupe canonnière amena son pavillon et se rendit. Le feu de l'obusier et de la petite pièce força les autres à s'éloigner promptement. Il se rendit maître ainsi d'une caronade de trente-six que portoit cette chaloupe, et l'équipage, commandé par un jeune aspirant tué dans cette affaire, fut fait prisonnier. Je partis dans l'après-midi, par ordre de l'ordonnateur en chef, pour aller voir si les magasins de Caïffa avoient été endom

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