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» qué à la guerre : je la lui ai apportée; mais ce n'est» pas à vous, habitans, que mon intention est d'en » faire sentir les horreurs.

>> Il est bon que vous sachiez que tous les efforts » humains sont inutiles contre moi; car tout ce que

>>

j'entreprends doit réussir. Ceux qui se déclarent >> mes amis prospèrent; ceux qui se déclarent mes >> ennemis périssent. L'exemple qui vient d'arriver

» à Jaffa et à Ghazah doit vous faire connoître que » si je suis terrible pour mes ennemis, je suis bon » pour mes amis, et surtout clément et miséricor

» dieux pour le pauvre peuple. >>

Le même jour, Bonaparte adressa une proclamation à peu près semblable aux Cheikhs, Eulemas et 'commandans de Jérusalem. On y remarque les passages suivans.

>>

:

« Les habitans de Jérusalem peuvent choisir la » paix ou la guerre s'ils choisissent la première, » qu'ils envoient au camp de Jaffa des députés pour >> promettre de ne jamais rien faire contre moi; s'ils » étoient assez insensés pour préférer la guerre, je >> la leur porterai moi-même. Ils doivent savoir que » je suis terrible comme le feu du ciel contre mes ennemis, clément et miséricordieux envers le peuple et ceux qui veulent être mes amis. >>

>>

Enfin, sous la même date, Bonaparte écrivit à Djezar la lettre ci-jointe :

Depuis mon entrée en Egypte, je vous ai fait

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» connoître plusieurs fois que mon intention n'étoit

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point de vous faire la guerre, que mon seul but » étoit de chasser les Mamelouks; vous n'avez ré»pondu à aucune des ouvertures que je vous ai >> faites.

» Je vous avois fait connoître que je desirois que » vous éloignassiez Ibrahim-Bey des frontières de l'Egypte. Bien loin de là..........

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tion

» Les provinces de Ghazah, Ramléh et Jaffa sont » en mon pouvoir. J'ai traité avec générosité celles » de vos troupes qui s'en sont remises à ma discré: j'ai été sévère envers celles qui ont violé les » droits de la guerre. Je marcherai sous peu de jours » sur Saint-Jean-d'Acre. Mais quelles raisons ai-je » d'ôter quelques années de vie à un vieillard que je »> ne connois pas ? Que sont quelques lieues de plus » à côté du pays que j'ai conquis? Et puisque Dieu » me donne la victoire, je veux, à son exemple, » être clément et miséricordieux, non-seulement » envers le peuple, mais encore envers les grands...... » Redevenez mon ami, soyez l'ennemi des Mame» louks et des Anglais, je vous ferai autant de bien » que je vous ai fait et que je peux vous faire de >> mal........

» Le 24 de ce mois (8 mars ), je serai en marche » sur Saint-Jean-d'Acre: il faut donc que j'aie votre réponse avant ce jour. »

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C'est ici que je dois faire un récit bien pénible.

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La franchise, j'oserai dire la candeur qu'on a pu observer dans ces mémoires, me font un devoir de ne pas passer sous silence l'événement que je vais rapporter, et dont j'ai été témoin.

Si j'ai pris, en écrivant cet ouvrage, l'engagement de ne pas juger les actions de l'homme qui sera jugé par la postérité, j'ai pris aussi l'engagement de révéler tout ce qui peut éclairer l'opinion sur son compte. Il est donc juste de rappeler les motifs qu'on fit valoir dans le temps, pour autoriser une détermination aussi cruelle, que celle qui décida du sort des prisonniers de Jaffa. Voici les considérations qui semblent l'avoir provoquée.

L'armée affoiblie déjà par les pertes des siéges d'El-A'rich et de Jaffa, l'étoit encore par des maladies dont les rages devenoient de jour en jour plus effrayans. Elle avoit de grandes difficultés pour vivre, et le soldat recevoit rarement sa ration complète. Ces difficultés de subsistance devoient s'augmenter à cause des mauvaises dispositions des habitans à notre égard. Nourrir les prisonniers de Jaffa en les gardant avec nous, étoit non-seulemen- accroître nos besoins, mais de plus nous donner une gêne constante dans nos mouvemens; les renfermer dans Jaffa, c'étoit, sans détruire le premier inconvénient, faire naître celui de la possibilité d'une révolte, vu le peu de monde qu'on pouvoit laisser pour garder la place; les renvoyer en Egypte, c'é

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toit s'obliger à faire un détachement considérable, qui réduiroit de beaucoup les troupes de l'expédition; leur laisser la liberté sur parole, c'étoit, malgré tous les engagemens qu'ils pouvoient prendre, les envoyer grossir nos ennemis, et particulièrement la garnison de Saint-Jean-d'Acre; car Djezzar n'étoit point homme à respecter les promesses faites par ses soldats, peu religieux eux-mêmes sur un point d'honneur dont ils ignorent la force. Il ne restoit donc qu'un parti qui conciliât tout; il étoit affreux, et cependant on se crut à ce qu'il paroît obligé de le prendre.

Le 20 ventose (10 mars), dans l'après-midi, les prisonniers de Jaffa furent mis en mouvement au milieu d'un vaste bataillon carré formé par des troupes de la division du général Bon. Un bruit sourd'du sort qu'on leur préparoit me détermina, ainsi que beaucoup d'autres personnes, à monter à cheval et à suivre cette colonne silencieuse de victimes, pour m'assurer si ce qu'on m'avoit dit étoit fondé. Les Turcs marchant pêle-mêle, prévoyoient déjà leur destinée; ils ne versoient point de larmes, ils ne poussoient point de cris; ils étoient résignés. Quelques-uns blessés, ne pouvant suivre aussi promptement, furent tués en route à coup de bayonnette. Quelques autres circuloient dans la foule, et sembloient donner des avis salutaires dans un danger aussi imminent. Peut-être, les plus hardis, pensoient-ils qu'il ne leur étoit pas impossible d'en

foncer le bataillon qui les enveloppoit; peut-être espéroient-ils qu'en se disséminant dans les champs qu'ils traversoient, un certain nombre échapperoit à la mort. Toutes les mesures avoient été prises à cet égard, et les Turcs ne firent aucune tentative d'évasion.

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Arrivés enfin dans les dunes de sable au sudQuest de Jaffa, on les arrêta auprès d'une mare d'eau jaunâtre. Alors l'officier qui commandoit les troupes, fit diviser la masse par petites portions, et ces pelotons conduits sur plusieurs points différens furent fusillés. Cette horrible opération demanda beaucoup de temps, malgré le nombre des troupes réservées pour ce funeste sacrifice, et qui, je dois le déclarer, ne se prêtoient qu'avec une extrême répugnance, au ministère abominable qu'on exigeoit de leurs bras victorieux. Il y avoit près de la mare d'eau, un groupe de prisonniers, parmi lesquels étoient quelques vieux chefs au regard noble et assuré, et un jeune homme dont le moral étoit fortement ébranlé. Dans un âge si tendre, il devoit se croire innocent, et ce sentiment le porta à une action qui parut choquer ceux qui l'entouroient. Il se précipita dans les jambes du cheval que montoit le chef des troupes françaises; il embrassa les genoux de cet officier, en implorant la de la vie. Il s'écrioit : « De quoi suis-je cou grace

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pable? quel mal ai-je fait? Les larmes qu'il versoit, ses cris touchans furent inutiles; ils ne purent changer le fatal arrêt prononcé sur son sort. A l'exception. de ce jeune homme, tous les autres Turcs firent

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