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» Les pèlerins de la Mekke n'ont jamais été accueillis >> avec plus de soin et d'amitié que je ne l'ai fait, et » la fête du prophète vient d'être célébrée avec plus » de splendeur que jamais.

>> Je t'envoie cette lettre par un officier qui te >> fera connoître de vive voix mon intention de vivre » en bonne intelligence avec toi, en nous rendant réciproquement tous les services que peuvent exi» ger le commerce et le bien de tes états; car les » Musulmans n'ont pas de plus grands amis

>>

>>

Français.

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que

les

Djezzar ne répondit rien à cette lettre ; Bonaparte lui écrivit de nouveau le 29 brumaire an 7 (19 novembre 1798).

«

<< Je ne veux pas te faire la guerre, si tu n'es pas » mon ennemi; mais il est temps que tu t'expliques. >> Si tu continues à donner refuge sur les frontières » de l'Egypte à Ibrahim-Bey, je regarderai cela » comme une marque d'hostilité, et j'irai à Acre.

>> Si tu veux vivre en paix avec moi, tu éloigneras » Ibrahim-Bey à quarante lieues des frontières de l'Egypte, et tu laisseras libre le commerce entre » Damiette et la Syrie.

>>

de

» Alors, je te promets de respecter tes états, » laisser la liberté entière au commerce entre l'E>> gypte et la Syrie, soit par terre, soit par mer. »

Djezzar fit couper la tête au porteur de cette lettre, ne répondit pas plus qu'à la première et fit avancer

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ses troupes jusqu'à El-Arich, où elles s'établirent. On a vu dans le premier livre que Bonaparte, instruit de ces démonstrations hostiles, se détermina à aller chercher Djezzar.

Tandis que le général Regnier marchoit sur ElA'rich, Kleber, dont la division avoit été embarquée à Damiette pour être transportée à Tinéh sur le lac de Meuzaléh, arrivoit le 18 pluviose ( 6 février) à Peluse. Après avoir rallié toutes ses troupes à Cathìéh, il continua sa marche pour soutenir la division du général Regnier, et le joignit peu de temps après devant El-A'rich.

Cependant Djezzar, instruit de nos mouvemens, avoit fait marcher sa cavalerie, soutenue par de l'infanterie, pour s'opposer aux progrès des troupes françaises. Cette cavalerie asiatique, à laquelle s'étoient réunis les Mamelouks d'Ibrahim-Bey, ́ arriva le 25 (13 février), à une petite distance d'ElA'rich, sur nos derrières et sur le plateau d'un ravin assez escarpé, et qui semble avoir été autrefois la rive d'un fleuve dont on peut distinguer encore le lit.

Kleber et le général Regnier concertèrent pour la nuit du 26 au 27 ( 14 au 15 février) un mouvement décisif pour surprendre le camp des Mamelouks et les mettre en déroute. En effet, à minuit, l'ennemi, confiant dans sa supériorité, fut cerné en silence attaqué et enlevé avec fureur. Cette leçon le rendit plus circonspect.

Parti le 22 pluviose (10 février) du Caire, Bonaparte arriva le 24 ( 12 février) à Saléhich. Nous y trouvâmes une petite citadelle construite en bois de palmiers, non capable de tenir contre les attaques d'une troupe nombreuse et expérimentée, mais suffisante défendre, contre les Arabes et les paysans, les magasins qu'on y avoit établis.

pour

Le 26 (14 février), nous arrivâmes à Cathieh. Ce sont des citernes dans le désert; elles étoient également gardées par un petit fort en bois. On y avoit rassemblé quelques vivres à la hâte. Quel voyage que celui de Saléhieh à Cathieh! Les soldats chargés de leurs bagages, de leurs armes, d'eau et de vivres, se traînoient avec peine au milieu des sables brûlans, qui, cédant sous leurs pieds, les faisoient reculer, pour ainsi dire, à chaque pas qu'ils faisoient. S'ils se reposoient, c'étoit sur un terrain que la main pouvoit à peine toucher, et sans trouver l'ombre d'un arbuste qui put les garantir de l'ardeur du soleil: pour appaiser la soif, ils n'avoient qu'une eau saumâtre qu'ils se disputoient souvent, et que le cheval refusoit de boire. Les employés de l'armée évitoient, dans cette route pénible, d'approcher les colonnes; ils étoient à cheval, et excitoient naturellement la mauvaise humeur du soldat, qui murmure lorsqu'il voit des êtres souffrir moins. que lui. Les privations et les souffrances amènent d'ordinaire, dans les armées, deux fléaux épouvantables,

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frant

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l'insubordination et l'égoïsme. Nos soldats accablés, par la fatigue et le besoin, ne respectoient plus personne. Ils perçoient les outres que portoient les chameaux des généraux même, et il eut été aussi dangereux qu'inutile de vouloir les empêcher de salisfaire des desirs impérieux auxquels tout cède,

que

Avant d'atteindre, le 28 ( 16 février), les fon¬ taines de Massoudiac, la nuit nous gagna en route, Plus nous approchions des bords de la mer, plus nous sentions le vent et les sables qu'il soulevoit : bientôt les traces des chevaux, des roues de canon disparurent entièrement; nous marchions .comme sur une terre couverte de neige. Dans le désert, le déplacement des montagnes est commun, et malheur à celui qui n'auroit d'autres moyens de direction la hauteur des collines inconstantes qu'on rencontre à chaque pas. Le général en chef fut obligé de: s'arrêter, d'envoyer ses aides-de-camp et des guides. de tous les côtés, pour reconnoître le chemin que nous pensions avoir perdu. Nous descendîmes de cheval, et la figure plus près du sol, nous cherchions ainsi les traces des premières divisions: il restoit la res-i source de nous jeter tout-à-fait sur la gauche et de gagner la mer; nous aurious plus sûrement trouvé les fontaines de Massoudiac, mais nous pouvions être éloignés du rivage, et la fatigue, le besoin nous faisoient desirer vivement de l'eau et du repos. Enfin, après quelques instans d'une incertitude toujours

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pénible dans une semblable situation, nous retrou vâmes notre chemin, et quelques coups de fusil nous ramenèrent les guides, qui s'étoient éloignés pour aller à sa perquisition.

Le 29 (17 février), le quartier-général arriva devant El-A'rich; les deux autres divisions s'y réunirent également, ainsi que le parc. El-A'rich est le plus triste village, dans le plus affreux séjour. Le fort qui le domine est carré et de peu d'importance lui-même ; mais il étoit indispensable de le pren

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pour conserver et assurer nos communications avec l'Egypte. La garnison étoit composée d'Arnautes et de Maugrabins; mais ils n'avoient point d'artillerie, et la tranchée avoit été ouverte hors de la portée du fusil. Une batterie de brèche fut établie dans l'intérieur d'une maison et en face de la tour nord de la citadelle. Cette batterie, composée de faisoit d'effet sur des mupièces de campagne, peu railles en pierre et assez solides. Nos boulets ricochoient et alloient fort souvent tomber dans les camps de nos divisions. Nous avons eu quelques hommes tués de cette manière.

Un plus long séjour devant El-A'rich nous eût placés dans une position cruelle. Les vivres nous manquoient, Déjà nous mangions les ânes et les chameaux; et ils nous eût été également difficile d'aller en avant ou de revenir sur nos pas. L'espérance de retrouver quelques ressources dans le fort

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