Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

les funestes résultats, et des détails aussi curieux qu'intéressans, qu'il ne m'avoit point été possible d'insérer du temps de Bonaparte, mais que la liberté dont nous jouissons sous un Roi jnste et paternel, permet actuellement de publier.

INTRODUCTION.

Les événemens mémorables qui se sont succédés avec tant de rapidité depuis le com mencement de ce siècle., plus encore que le nombre des années écoulées, ont affoibli sans doute le souvenir de l'expédition en Egypte. Néanmoins, cette expédition gigantesque et malheureuse, sera toujours un épisode aussi curieux qu'intéressant de notre histoire. Si elle est un exemple effrayant de cette fatalité qui attache à la destinée d'un seul homme, la destinée de tant de milliers de soldats, elle nous rappelle aussi ces beaux faits, ces combats sanglans, qui jettent et jetteront, surtout dans la postérité, un éclat immortel sur les armes françaises. La mémoire doit donc nous en être toujours précieuse. Semblables à ces voyageurs rentrés au port, après la plus longue et la plus horrible tempête, n'est-ce point avec

joie que nous revenons sur la route péril leuse que nous avons parcourue, et le récit des faits glorieux de notre nation, n'ajoute-t-il point aux douceurs de la paix rendue enfin à cette belle France, pour gage du rétour d'une famille auguste, que la Providence, par les sentiers secrets et miraculeux de sa justice, a ramenée sur le trône de ses ancêtres?

L'expédition en Egypte a eu de trop grandes conséquences pour n'être point placée au nombre des événemens importans qui ont agité l'Europe, et indépendamment de cet intérêt, elle a une couleur toute particulière, qui en rend les détails infiniment touchans. Elle fait naître encore cette réflexion, que l'expérience des temps, les leçons de l'histoire, sont presque toujours inutiles, et que les malheurs passés des peuples n'en préservent pas les peuples actuels. Ainsi, ces croisades, qui eurent une fin si funeste, qui coûtèrent tant de sang à la France,n'ont point arrêté ceux qui livroient volontairement la plus brillante armée aux mêmes souffrances et aux mêmes désastres. Mais les chefs des Etats, et ces hommes que les circonstances élèvent au-dessus de la foule, se croyent tou

[ocr errors][merged small]

jours hors de la règle commune et appelés à
réussir dans toutes les choses, où tant d'au-

tres ont échoué. Et c'est
par cette raison qué
les mêmes catastrophes se reproduisent si
souvent dans l'histoire, parce que les mêmes
fautes sont commises, et que l'ambition
la vanité et l'aveugle confiance, restent les
mêmes.

L'opinion de gens éclairés, est que l'expédition d'Egypte fut uniquement et comme projet et comme disposition l'ouvrage de Bonaparte. Je vais tâcher de démontrer que cette opinion est fondée, en rapportant quelques faits qui serviront d'introduction à ces mémoires.

Au mois de fructidor an 5 (1), des négociations étoient entamées à la fois avec l'Angleterre et l'empereur d'Allemagne.

Treilhard et Bonnier, plénipotentiaires de la République, ayant demandé la res titution de toutes les possessions que S. M. Britannique avoit enlevées, tant à la France qu'à l'Espagne et à la Hollande, ses alliés lord Malmesbury quitta Lille, et tout espoir d'arrangement fut détruit.

(1) Août et septembre 1797.

Bonaparte, après une campagne aussi brillante qu'extraordinaire par ses résultats, traitoit à Passeriano de la paix de Campo-Formio, dont les bases avoient été posées dans les préliminaires de Léoben. Il montroit pendant les négociations une impatience extrême, et parloit en vainqueur qui ne souffre pas de contradiction (1). Lorsqu'il apprit qu'Augereau venoit d'être nommé au commandement de l'armée d'Allemagne (2), un moment de dépit lui fit signer la paix, dont il étoit d'ailleurs mécontent. Les conditions de cette paix, il ne l'ignoroit pas, étoient impolitiques, extrêmement défavorables pour le présent, et encore plus pour l'avenir; mais, en se rendant au congrès de Rastadt, il espéroit améliorer ce qu'il avoit commencé.

Il est certain que c'est pendant son séjour à Passeriano que l'idée d'une expédi tion en Egypte prit naissance, et se déve

(1) Il dit un jour: Je porterai ma réponse à Vienne, (2) Augereau partit le 11 vendémiaire ( 2 octobre 1797) pour aller prendre le commandement de l'armée d'Allemagne, qui comprenoit, sous cette dénomination les armées de Sambre-et-Meuse et du Rhin-et-Moselle.

[ocr errors]
« ZurückWeiter »