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loppa dans des conversations intimes avec un homme de beaucoup de mérite qui se trouvoit auprès de lui. En effet, on lit ces mots remarquables dans la proclamation qu'il adressa (1)à l'escadre de l'amiral Bruies, alors dans la mer Adriatique.

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Camarades, dès que nous aurons paci» fié le continent, nous nous réunirons à » vous pour conquérir la liberté des mers.

> Sans vous, nous ne pouvons porter la » gloire du nom français que dans un petit coin du continent; avec vous, nous traverserons les mers, et la gloire nationale » verra les régions les plus éloignées (2). »

Tout romanesque que pût paroître le projet d'aller attaquer les Anglais dans l'Orient, il se rattachoit à des vues méditées autrefois. par l'ancien gouvernement, et il

(1) 6 vendémiaire an 7 (27 septembre 1797). (2) Bonaparte montroit une grande confiance dans les talens et les moyens de l'amiral Bruies. Voici l'extrait d'une lettre du général en chef au Directoire :

« Le contre-amiral Bruies est un officier distingué » par ses connoissances, autant que par la fermeté de >> son caractère. Un capitaine de son escadre ne se refuseroit pas deux fois de suite à l'exécution de ses signaux. Il a l'art et le caractère pour se faire obéir, »

devoit sourire à un homme avide de gloire et jaloux de conserver une autorité indépendante.

le

La paix paroissant assurée sur le continent, puisque le congrès de Rastadt alloit s'ouvrir et achever de régler les rapports politiques entre l'Allemagne et la France, il ne restoit plus d'ennemis à combattre en Europe que l'Angleterre. C'est vers cette île que le Directoire dirigea alors toutes ses vues, et l'esprit national secondoit par son élans les efforts impuissans que manifestoit gouvernement français. Le Directoire arrêta le 26 octobre, qu'il se rassembleroit sans délai sur les côtes de l'Océan une armée qui prendroit le nom d'armée d'Angleterre, et dont le commandement en chef seroit donné au géneral Bonaparte. Des proclamations engagèrent en même temps le peuple français à ne pas déposer les armes, tant que le gouvernement anglais ne seroit point châtié; enfin on ne parloit plus, on ne paroissoit plus s'occuper que d'une invasion en Angleterre. On cherchoit à prouver que cette puissance ne pouvoit, quelle que fût sa supériorité sur mer, s'opposer à la jonction des forces navales de la France et

de l'Espagne. On vit éclore chaque jour des projets de descente plus bisarres et plus extravagans les uns que les autres. Cependant, les plénipotentiaires qui avoient été à Lille, furent nommés pour traiter au congrès de Rastadt.

Bonaparte, avant de quitter l'Italie adressa à ses troupes une proclamation qui, bien que la paix fût signée, attestoit suffisamment qu'il ne renonçoit pas à l'espoir d'une guerre nouvelle et prochaine (1). Arrivé à Rastadt, ses préventions contre les plénipotentiaires Treilhard et Bonnier, qu'il trouva au congrès, peut-être plus encore les divisions fâcheuses qui régnoient entre ces ministres, l'empêchèrent de réus

(1) Extrait de la proclamation datée de Milan le 24 brumaire (14 novembre 1797.)

Soldats, je pars demain pour me rendre à Ras»tadt..... En vous entretenant des princes que vous › avez vaincus...., des peuples qui vous doivent leur liberté....., des combats que vous avez livrés en deux » campagnes; dites-vous dans deux campagnes nous > aurons plus fait encore. »

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Il partit de Milan le 17 novembre, passa le 24 à Bâle et se rendit, sans retard à Rastadt.

sir, et il vint brusquement à Paris, la tête uniquement occupée d'une invasion en Angleterre, ou du moins déterminé à pousser avec vigueur une guerre que sa haine contre le gouvernement anglais lui faisoit envisager comme le but le plus grand et le plus glorieux. Il arriva le 15 frimaire ( 5 décembre), descendit et logea dans la maison de sa femme, rue Chante-Reine (1); il affecta dans sa manière de vivre autant de simplicité que de modestie (2). On lui donna des fêtes et des diners; enfin il fut reçu membre de l'Institut (3). L'enthousiasme et les plus brillantes acclamations le suivoient partout. Cet empressement devoit exciter la

(1) Cette rue reçut bientôt après le nom de la Victoire.

(2) Extrait du Moniteur du 15 frimaire :

« Il sort rarement et sans suite, dans une simple » voiture à deux chevaux. On le voit assez souvent se » promener seul dans son modeste jardin.

(3) On remarque la phrase suivante dans la lettre de remercîment qu'il écrivit au président.

« La vraie puissance de la République doit consister » désormais à ne pas permettre qu'il existe une seule idée nouvelle qu'elle ne lui appartienne.

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jalousie du Directoire et lui donner de vives inquiétudes pour l'avenir (1). On annonçoit vainement son départ pour Rastadt, il res

(1) Moniteur du 10 plviose an 6.

«Si on veut connoître les ressorts que fait jouer » l'Angleterre, on n'a qu'à lire la lettre anonyme cijointe.

Strasbourg, 2 pluviose.

« Le péril pour Bonaparte et Reubell, est des plus » grands; on a préposé de fausses pièces de conviction » contre eux d'attenter à la liberté de la France; on a >> fait recevoir des déclarations par écrit, de plusieurs >> individus, qu'on a appostés pour s'assurer qu'ils ont pleine connoissance du complot formé par eux, de » s'emparer seuls du Gouvernement, et de faire périr » les membres du Directoire et des Conseils, qui pour> roient s'opposer à leurs projets. »

Soit le Directoire voulût, par ces bruits, faire que sentir à Bonaparte qu'il commençoit à gêner, et qu'on veilloit avec soin sur lui, soit qu'en effet le Directoire eût des raisons pour craindre son influence, Bonaparte dut penser dès-lors qu'il étoit redouté.

D'un autre côté, ses amis, ou ses affidés, publioient que sa vie étoit menacée, et il fut question, pendant quelques jours, d'une femme qui avoit prévenu Bonaparte qu'on vouloit l'assassiner. Cette femme fut trouvée morte dans sa chambre. Mais cette histoire n'a jamais été tirée bien au clair. Le Moniteur s'empressa de déclarer: «que Bonaparte n'avoit pas besoin de ces

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