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stylé si poétique et avec des tournures si neuves, que sa lecture excita un enthousiasme universel dans les conseils de France et de Lombardie, et produisit sur les cœurs républicains de tous les pays, le même effet que le poignard de Lucrèce sur celui des Romains.

« Aux armes, vengeance, s'écrioient d'une voix terrible tous les députés assis tranquillement sur leurs siéges.. vengeance contre le tyran de Rome, contre le chef infâme de l'exécrable race sacerdotale... Et ces cris de mort retentirent depuis les bords de la Seine jusqu'à ceux du Tibre, et durent porter l'épouvante jusques dans le fonds du Vatican, si déjà ils n'y avoient porté la mort....

Tout cela étoit fort plat et fort extravagant, et néanmoins tout cela produisoit de l'effet.

A l'occasion de la mort du jeune Duphot, le directoire et Buonaparte ne manquèrent pas de rappeller celle de Hugau de Basseville, tué comme lui dans une émeute populaire.

J'ai connu ce Basseville en 1790 et je puis certifier qu'il n'étoit non plus fait pour les honneurs de la célébrité que pour ceux

du patriotisme. Il dinoit à l'office chez le baron de Giliers, dont il copioit les lettres, en même-temps qu'il faisoit les commissions de Brissot, lequel étoit amoureux de sa femme.

Il travailla d'abord au Mercure Universel avec un nommé Robert, depuis député à la convention, et au Journal des 83 départemens avec je ne sais qui : deux feuilles également niaises, également oubliées ; mais écrites dans un sens diamètralement opposé.

Gorsas lui donna un jour un souflet au milieu du Palais-Royal pour toute autre cause que celle du patriotisme, et il le remboursa paisiblement.

Au demeurant, c'étoit un bon diable d'abbé avant la révolution, un peu bête et fort ennuyeux. Il s'est marié depuis la révolution avec une jolie femme qui l'a fait connoître.

Je ne rappelle ici ces faits minutieux que pour montrer à quelles pauvres ressources le directoire étoit réduit, en citant comme un de ses héros, ce Basseville qui n'étoit qu'un très-subalterne intrigant; et parce que je suis las de voir distribuer par des fripons, des brevets de grands hommes à des sots,

CHAPITRE

CHAPITRE XXV.

Invasion de Rome.

Et est datum illi bellum facere cum sanctis, et vincere eos. Et datum est ei os loquens magna et blasphemias. Et data est illi potestas in omnem tribum et populum, et linguam et gentem.

Apocal., chap. XIII.

L'EFFET suivit la menace de près, ou plutôt tout étoit arrangé à l'avance 3 le courrier de Joseph Buonaparte n'étoit pas arrivé à Paris, que Berthier qui étoit à Milan reçut ordre de marcher sur Rome.

C'étoit une glorieuse expédition, que celle d'aller attaquer un vieillard octogénaire qui n'opposoit aux canons de ses ennemis que des larmes et des mains suppliances ! Mais laissons au directoire le soin de raconter lui-même ses exploits. Nous y joindrons selon notre usage quelques réflexions.... Ce récit est adressé aux députés.

Citoyens représentans,

« Le gouvernement théocratique de Rome oubliant le bienfait du traité de Tolentino... Tome II.

(Quel étrange bienfait qu'un traité qui commença par dépouiller le pape de ses chefs-d'œuvres de peinture et de sculpture, de ses chevaux, de la moitié de ses Etats et de 7 millions d'écus, pour le livrer ensuite sans aucune défense aux bêtes féroces chargées de le dévorer....! Ce fut par un bienfait semblable que les Romains dépouillèrent Carthage de ses armes, de ses vaisseaux et de tous ses trésors pour l'attaquer ensuite avec moins de danger. C'étoit aussi un bienfaiteur dans le même genre que Cartouche, lorsqu'il laissoit la vie aux infortunés qu'il détroussoit au coin des bois...)

« Ingrat envers la république française qui avoit daigné l'épargner après l'assassi nat de Basseville »..

(Il falloit commencer par prouver que l'assassinat de Basseville étoit de son fait ; ensuite déclarer comment, quand, et en quoi la république l'avoit épargné. Daigné l'épargner, est d'une insolence égale à l'hypocrisie qui s'en fait un mérite.)

« Ce gouvernement, toujours infidelle au droit des gens, a insulté, le 8 nivôse dernier, à la majesté de la grande nation » !

(Cette majesté de la grande nation étoit

L

répétée usque ad nauseam dans tous les messages du directoire, dans tous les discours de ses agens.......: en Hollande

Suisse, en Italie, tout étoit prosterné devant la majesté de la grande nation...... Cette grande nation étoit bien vile alors!)

Lorsque M. Pitt disoit au parlement (ren trée du mois de décembre 1798) que la Grande-Bretagne étoit désormais placée au sommet de l'échelle des nations, nous le pensions, nous; et lui avoit tort de le dire...... Mais lorsqu'il accusoit, dans le même discours, la GRANDE NATION d'étre · descendue au dernier degré d'opprobre et de servitude, il avoit raison; et le directoire, au lieu de répondre à ces reproches avec la dignité qui convenoit à sa grandeur, s'amusoit à caresser sa vanité, et à répéter que la grande nation vengeroit l'univers des outrages qu'il recevoit de l'Angleterre, et qu'au point où en étoienc les Français, leur volonté faisoit la destinée du monde. ( Discours de La Réveillère. )

En comparant cette émulation de vanité dans les deux gouvernemens, il étoit dif ficile de ne pas prendre la nôtre en pitié z

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