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sacrifié si généreusement sa famille, son honneur et son repos à notre alliance ? »› ‹

Dans ce déménagement général, on voit qu'il ne s'agit de l'Angleterre et de la Russie que pour les dépouiller, ce qui suppose d'une part, ou leur consentement ou leur défaite, et prouve de l'autre, que ce plan ridicule sortoit des ateliers du Luxem bourg.

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Mais s'il devoit être réalisé, ce n'étoit que provisoirement. Il en cachoit un autre et plus vaste et plus conforme aux goûts et aux intérêts du directoire secret de la république universelle.

Celui-ci n'a pas été imprimé dans les journaux officiels; mais quelques indiscrets ont révélé dans l'intimité , que, suivant ce plan, l'Europe devoit être partagée en cinq grandes républiques fédérées, dont le directoire suprême résideroit à Paris, et dont la distribution s'était faite dans l'ordre suivant une au nord, deux au levant, une au midi et une au centre.... Ces gens-là taillent les nations comme les individus, et les individus comme des ar bres.

Quant aux souverains détrônés, la grande

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nation se proposoit de leur faire des pensions, qui auroient été aussi exactement payées que celles des prêtres.

Mais avant que d'élever cet édifice colossal, il falloit commencer par démolir et bouleverser toute la vieille Europe; c'est à quoi les directeurs français travailloient sans relâche. Nous allons voir comment ils s'y prenoient en Suisse et en Italie.

CHAPITRE XXIV.

Révolution faite à Rome par

les Français.

« Ceux qui usent toujours d'artifice devroient au moins se servir de leur jugement, pour voir qu'on ne peut cacher long- teinps une fourberie aux homines qui ont intérêt à la découvrir... »

LAROCHEFOUCAULT.

DE jeunes artistes français, exaltés par les idées de la révolution, des fanatiques de philosophie et de liberté, des désœuvrés et un plus grand nombre de fripons se rassembloient tous les jours dans le palais du C. Joseph Buonaparte, frère cadet du général, ambassadeur de la république française auprès du saint-père.

Le secrétaire d'Etat, M. le cardinal DoriaPamphili qui sentoit le danger d'un tel brasier au milieu de tous les élémens combustibles, s'en plaignit souvent au jeune ambassadeur, lequel se contentoit d'inviter, à chaque fois, ses hôtes turbulens à suspendre leurs assemblées.

Mais ceux-ci qui connoissoient parfaite

ment ses instructions secrètes, se gardèrent bien d'obéir à ses ordres. Ils continuèrent de se réunir tous les jours, et tous les jours d'exhaler leur méchante humeur contre le gouvernement pontifical, qui avoit la foiblesse de ne pas faire pendre ces espions et ces mutins, comme il en avoit le droit.

Le 28 décembre 1797, ils furent enfin sommés de sortir de leur club infernal, par un officier du gouvernement. Ils refusèrent insolemment d'obéir ; et aussitôt ils furent attaqués par la force publique.

En se retirant tout étoit fini. Mais ce n'étoit pas le compte de ceux qui avoient provoqué la querelle. Les clubistes opposérent la force à la force. Le combat s'engagea et ne fut pas long.

Le C. Duphot, général à la suite de l'ambassadeur (1), jeune homme sans défiance et plein d'ardeur, se jetta le sable à la main sur les soldats du pape et tomba victime de son dévouement téméraire : mais

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(1) Jusqu'alors ce mot de général ( dux, impérator ) avoit représenté un chef, un commandant un homme à la tête.... Tout est changé. Depuis que les laquais se sont mis à la té:e des affaires, il étoit simple de voir des généraux marcher à la suite.

ce fut la seule. Les soldats effrayés d'avoir tué un français se retirèrent, et les clubistes charmés d'avoir réussi, rentrèrent chez la'mbassadeur (1).

L'ambassadeur fit enlever le cadavre avec beaucoup d'appareil; porta des plaintes très-amères au secrétaire d'Etat ; fit semblant ; d'avoir peur pour sa vie ; refusa toute offre de satisfaction; ne voulut rien entendre, si ce n'est de la part du chevalier Azzara qui s'entendoit avec lui, et qui dirigeoit une partie de ce plan philosophique; et dès le lendemain il partit brusquement pour

(1) Si l'on doutoit du projet existant depuis long-temps de révolutionner la ville de Rome pour en chasser le saintpère, nous inviterions les incrédules à lire le fait suivant. consigné, plus de six mois auparavant dans toutes les feuilles de l'Europe.... « Le 15 juillet 1797 on a découvert à Rome une conspiration qui tendoit à renverser la puissance temporelle du pape, et à révolutionner ses Etats : les principaux chefs ont été arrêtés, et le château Saint-Ange a été mis en état de défense respectable.... »

Pour un coup manqué, les révolutionnaires ne sont pas gens à se décourager. Le 15 juillet fut au 28 décembre pour Rome ce qu'avoit été pour la France le 20 juin au 10 août; c'est-à-dire, une répétition à grand spectacle, un coup d'essai dont le non succès redressoit la manoeuvre et préparoit la réussite d'une seconde attaque.

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