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ront ceux-là.... La guerre entre la république française et les rois est une guerre à outrance; il faut que ceux-ci renversent l'autre, ou tombent sous ses coups; tous les traités qui interviennent ne sont ou ne seront que des des mensonges, ou tout au plus que suspensions d'armes : nous en pouvons juger par celui de Campo Formio.

CHAPITRE X X I.

Paix plâtrée.

Jamais tyrans se fièrent-ils à des traités ?

XÉNOPHON.

La nouvelle du traité de Campo Formio fut annoncée à Paris, le 6 brumaire an 5, au bruit du canon, et n'y fit aucune sensation. Il faut moins chercher la raison de cette indifférence dans le défaut d'esprit public, comme disent les échos du Luxembourg, que dans la trop juste défiance qu'inspire tout ce qui sort de ce palais.

Jean Debry, en l'annonçant au conseil des 500, débita, suivant l'usage, une mauvaise amplification de collège dans laquelle, après avoir dit force platitudes aux directeurs et autant d'injures aux royalistes, il s'évertua à prouver que c'étoit au 18 fructidor, , que nous devions cette heureuse

paix.

Les députés du conseil crurent ce qu'ils voulurent. Mais on disoit hautement à Paris.

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que sans le 18 fructidor, nous eussions obtenu une paix honorable et solide, au lieu que celle-ci n'étoit qu'une perfidie de la part des directeurs et une suspension d'armes de la part de l'empereur....

Le premier motif de cette paix simulée étoit de mettre sur le compte de Carnot et de Pichegru les malheurs et la prolongation de la guerre. Le second, de prouver à la France, tant bien que mal, combien la journée du 18 fructidor avoit été nécessaire, et pouvoit être avantageuse. Le troisieme, l'obligation de réunir toutes les forces de la république contre l'Angleterre. Le quatrième enfin, le défaut d'hommes et d'ar gent.... Que de raisons pour le directoire d'appaiser un moment son humeur guerriere et de chercher, dans l'intrigue, des antidotes aux effets de sa précédente impétuosité.

On s'étonna de la facilité ou plutôt de la lâcheté avec laquelle il céda Venise à l'emprepereur : on s'en étonna, parce que les mières règles du bon sens enseignoient que pour conserver la conquête, ou assurer l'indépendance de l'Italie, le seul moyen étoit d'en expulser entièrement la maison d'Autriche.

En recevant les états de Venise comme dédommagement de la Lombardie, l'empereur ne perdoit pas l'espoir de rentrer un jour en Lombardie, et peut être même de relever le trône des César dans leur antique capitale; mais en même temps le directoire semoit les défiances et les alarmes dans l'esprit de autres souverains sur l'aggrandissement et les vues ultérieures de la maison d'Autriche; il intimidoit les uns par des hauteurs, il séduisoit les autres par des promesses, et dans l'intérieur il jettoit ses ancres de tous côtés.

Ajouterons-nous à ces raisons victorieuses un doute qui paroissoit alors général, c'est que le directoire, qui avoit besoin de la paix pour consolider son usurpation, ne fut pas plus le maître d'en fixer l'époque, que d'en dicter les conditions.

On sait aujourd'hui que si l'empereur eût voulu en retarder seulement de huit jours la conclusion, il affamoit Buonaparte dans les montagnes de la Stirie, et Dieu sait ce qui en fût advenu!

Mais une fois sorti de ces gorges meurtrières, Buonaparte étonné ou yendu, ne prit point conseil du directoire pour signer

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les préliminaires de Léoben... Trois semaines après il attaqua Venise sur les prétextes les plus frivoles, la pilla, la démocratisa et la rendit nue et désolée aux agens de l'empereur....

Qu'il ait gardé pour lui ou partagé avec le directoire le prix de ce prodigieux immeuble, c'est ce que nous n'avons pas encore appris; mais nous savons qu'il étoit depuis deux ans à la tête d'une armée victorieuse ; qu'il pouvoit disposer des trésors et des hommes de l'Italie ; qu'il avoit sauvé le directoire au 18 fructidor; et nous en conclúons que jamais aucun plénipotentiaire ne fut plus absolu, ni plus indépendant de ses commettans, que Buonaparte le fut des siens en concluant le traité de Campo Formio mais, et par cela même, jamais aucun gouvernement n'apporta, en signant un traité, plus de dispositions que le nôtre, à désavouer son commis, en signant celui-ci.

L'incertitude et la peur préparoient dans les négociations de Rastadt de nouveaux triomphes au directoire.

CHAPITRE

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