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TROISIÈME DIALOGUE

Sur les Agens de Révolutions.

<< Dans les convulsions terribles qui agitent quelquefois les sociétés politiques, et qui produisent souvent le renversement d'un empire, il n'y a pas une seule action, une seule parole, une seule pensée, une seule volonté dans les agens qui concourent à la révolution comme destructeurs ou comme victimes, qui ne soit nécessaire, qui n'opère les effets qu'elle doit opérer, suivant la place qu'occupent ces agens dans ce tourbillon moral.

Systéme de la Nature, chap. IV.

Le moindre vent peut renverser un grand arbre. Une seule parole suffit pour mettre un homme paisible en colère. Leplus beau palais peut être embrâsé dans un instant. Mais ce chêne vigoureux étoit depuis longtemps. ébranlé par les orages; mais cet homme pai sible avoit long-temps résisté aux provocations; mais l'incendie avoit fait, avant d'éclater, de sourds et de profonds ravages dans l'intérieur du palais.

On est surpris de voir éclater tout-à-coup

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une grande révolution, sur une surface de trente mille lieues carrées; on est surpris de voir à la tête de ce mouvement des hommes qui paroissent à peine en état de conduire un fiacre.

C'est qu'on ne veut pas réflechir aux premières causes, c'est qu'on ignore quels hom mes sont cachés derrière la toile.... C'est en un mot qu'il faut que le vase soit plein, pour que la de goutte trop arrive.... Hercule seul pouvoit ébranler le colosse de Rhodes; un enfant eût pu le renverser. Mon philosophe, très bon homme d'ailleurs, convint de ces vérités... Nous reprimes notre conversation.

-Le phil. Que vous ayez bien ou mal jugé les premiers auteurs de la révolution; que vous en ayez assigné, méconnu ou calomnié les causes, les effets en sont aussi fâcheux qu'incontestables, je l'avoue; et c'est pour en fuir le spectacle, autant que les atteintes, que j'ai pris le parti de me sauver en Amérique avec quelques amis.

-L'aut. Et ces amis, sont-ils des hommes connus ?

-Le phil. Oh! très-connus. Ce sont des philosophes ennemis des rois et des prêtres, amis de la liberté, célèbres dans le monde,

les uns par d'excellens ouvrages politiques, les autres par des traits touchans de bienfaisance; mais tous par un patriotisme éclairé.

-L'aut. Et leurs noms?

-Le phil. Les voici : La Réveillère, Merlin, Treilhard, Reubell, Talleyrand, La fayette, Volney, Daunou, Ginguené, Roderer, Garat, Benjamin Constant et Me. de Staël,

-L'aut., sérieusement. Et madame de Staël?

-Le phil., ingénuement. Et madame de Staël.

L'aut. Et vos rôles dans la colonie sont déjà marqués, chacun selon son talent?

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Le phil. Non, pas encore définitivement; mais il est déjà convenu provisoirement; par exemple, que Mde. de Staël donnera des leçons de morale au public, et Benjamin Constant de gymnastique en particulier :

Il est convenu que Garat fera la guerre aux moustics et Roederer aux reptiles. . . . que Ginguené ira prêcher aux sauvages les petits prônes que Daunou fera dans son cabinet. que Volney sera chargé d'é

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chafaud (1) ou par le plus profond oubli; aucun n'ira courir les risques d'une nouvelle révolution, et tous diffèrent trop d'opinions, d'esprit et de caractère pour se rassembler dans un cloitre.

-

Le phil. N'importe, j'irai; dussé-je aller tout seul.

-L'aut. Je vous souhaite un bon voyage.

(1) Le mot est dur, mais non pas plus que celui de Reubell, qui n'a jamais conçu comment un honnête homme pouvoit se jetter dans la révolution. ( Voyez les Mémoires de Carnot.

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CHAPITRE X X.

Effets du 18 fructidor sur l'Armée.

Quis numerare queat felicis præmia, Galle, militiæ ! JUVENAL.

« QUAND l'armée associa Philippe au troisième Gordien, celui-ci demanda qu'on lui laissât le commandement des troupes, et ne put l'obtenir. Il harangua l'armée pour que la puissance fût égale entr'eux et ne l'obtint pas davantage. Il supplia qu'on lui laissât le titre de César; on le lui refusa. Il demanda d'être préfet du prétoire ; on rejetta ses prières. Enfin il parla pour sa vie. L'armée dans ces divers jugemens exerçoit la magistrature suprême ». ( Montesquieu.)

« On regretta la république, dit Voltaire, en parlant de la même époque; mais on ne put la rétablir. Les empereurs avoient l'argent et les troupes. Ces troupes enfin furent les maîtresses de l'Etat. Car les tyrans ne peuvent se maintenir que par les soldats. Tome II. D

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