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des PHILOSOPHES; tel étoit leur projet ; cela n'étoit pas plus douteux. M. de Voltaire

ne fut pas toujours dupe de cette absurde chimère. Il avoit trop d'esprit pour ne pas démêler celui de la secte, qui l'avoit déclaré son patriarche.

Il ne pouvoit ignorer de combien d'élémens divers elle étoit composée, et l'impos sibilité de tirer de cette foule d'individus également vains, également bavards, un plan ferme, judicieux, unique et impénétrable.

Il savoit encore que parfaitement unis dans la chasse qu'ils faisoient aux rois et aux prêtres, ils ne s'entendroient plus dans la curée qui devoit la suivre ; et qu'aucun ne résisteroit à l'appas d'être roi lui-même, dût-il faire, à ce prix, un pacte d'alliance avec tous les prêtres de la terre, pour en égorger tous les philosophes.

Delà suivent deux conséquences.

La première que, si par leur manège, par la licence de leur doctrine, par l'esprit de leurs chefs, par les femmes qu'ils séduisirent, par les jeunes gens qu'ils éni vrèrent, les philosophes avoient à leur disposition tous les moyens d'opérer un grand bouleversement dans l'état, ils n'en avoient

plus, , pour en profiter, c'est-à-dire, pour élever sur les débris du trône et de l'autel l'idole de la philosophie.

La seconde, que Monsieur de Voltaire ayant long-temps concouru à cette œuvre d'iniquité, mais n'ayant pu toujours s'aveugler sur ses résultats, auroit bien voulu s'arrêter à temps utile, et se rétracter sans danger; mais la chose étoit impossible; ses complices étoient devenus ses maîtres; il s'étoit livré à leur discrétion, ils le tenoient enlacé dans leurs filets, et afin de prévenir une reculade qui les eût perdus sans ressource, ils étouffèrent leur divinité dans des vapeurs d'encens.

Monsieur de Voltaire est mort, comme Romulus, de la main de ceux qui, depuis l'ont adoré.

Le phil. Quand vous prononcez avec tant de hardiesse sur le compte des généraux, je ne présume pas que vous conserviez beau coup de ménagement pour les soldats.

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L'aut. De qui parlez-vous ?

Le phil. D'Helvétius, dont l'esprit fait encore aujourd'hui les délices de ma femme et de tous mes amis.

L'aut. Il n'a jamais fait les miennes,

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Cependant j'avoue que je me souviens beaucoup moins de l'impression faite sur ma tête par les paradoxes du chapitre IV, ou il prouve que juger n'est que sentir, que de celles faites sur mes sens novices par la peinture licencieuse de ses siamoises portées dans les palanquins, la gorge nue et les cuisses à moitié découvertes, etc..... Le phil. De Freret, qui eut le premier la gloire d'attaquer la religion chrétienne avec les armes de la méthode et des faits.

L'aut. Freret fut un sophiste de mauvaise foi et un glossateur très - ennuyeux. Cependant comme il argumentoit avec des faits et que suivant un axiôme très - mal entendu, on ne dispute pas des faits; on crut sans examen tout ce qu'avançoit un homme qui étoit à la-fois chronologiste, mithologiste, spinosiste et grammairien ; qui parloit treize langues et citoit à l'appui de ses découvertes, les Grecs, les Romains, les Indoux, les Arabes, les Chinois, les Péruviens et les Atlantides. Le moyen de résister à cette accablante érudition!

Le phil. De Dumarsais, le premier grammairien du siècle.

L'aut. Qui fut athée par insouciance.

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Le phil. De Boulanger, qui fit ses livres au milieu des grands chemins.

L'aut. Et qui, frappé de quelques désordres apparens de la nature, ne voyoit dans la terre que des traces du déluge, et dans les institutions religieuses que des commémorations lugubres des premiers désastres du genre humain. Il est mort fou.

Le phil. De Mably, un de nos historiens qui a le plus et le mieux approfondi le droit public?

L'aut. Il dut sa courte célébrité à ses observations sur l'Histoire de France, ouvrage qui, malgré la glace dont il est frappé d'un bout à l'autre, reparut au commenment de la révolution, comme un de ces météores de la mer du sud qui annoncent les orages et les produisent. (1)

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Le phil. S'il suffit, pour encourir la sévérité de vos arrêts, d'avoir plus ou moins contribué à la révolution, vous devez, pour être juste, y comprendre les parlemens,

(1) Cet ouvrage avoit paru pour la première fois en 1764, et l'espèce de philosophie frondeuse que l'auteur y avoit répandue, n'avoit pu réussir à le faire sortir de chez le libraire.

ment ressentis, qui attachoient le roi à son peuple et le peuple à son roi; ils agitèrent cette nation fidelle et soumise qui reposoit sans soupçon à l'ombre du trône et peutêtre dans tout cela ne furent-ils que le pouvoir exécutif de la philosophie, qui déjà s'étoit emparée de tous les jeunes magistrats, et avoit jeté de profondes racines dans l'esprit même de la compagnie...!

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