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«La philosophie moderne est le dissolvant universel qui a fait son chef-d'œuvre sur la monarchie française »,

Considérations sur la révolution.

Le philosophe. Vous seriez bien em. barrassé si vous étiez forcé de motiver un jugement aussi extraordinaire.

L'auteur. Vous pouvez me mettre à

l'épreuve.

Le phil. L'abbé Raynal, le plus profond des historiens, ne seroit selon vous qu'un imposteur célèbre.

L'aut. Un seul fait vous donnera la mesure de son caractère. Dans le temps qu'il écrivoit ses éloquentes déclamations contre l'esclavage des nègres, il étoit intéressé pour un huitième dans la traite qu'en faisoit M. Champclos de Grand-Mêlé, négociant de St.-Malo ; et de plus il en vendoit

à qui vouloit en acheter. Il en vendit un jour 120 chez Mde. de Vermenon à M. B. de la C..., colon de Saint-Domingue, de qui nous tenons le fait. Ajoutez que tout ce qu'il dit de Saint-Domingue, est à-peu-près faux, inexact ou insignifiant.

mes?

Le phil. Diderot, le meilleur des hom

L'aut. Et le plus cinique... Il se 'disoit pauvre, et tendoit bassement la main à l'impératrice des Russies, alors que l'En cyclopédie lui valoit plus de 50 mille écus. Il faisoit la cour à tous les Rois de l'Europe, tandis qu'il, écrivoit en méchans vers, que l'Europe ne seroit heureuse et libre qu'après que les entrailles du dernier de ses prétres auroient servi à étrangler le dernier de ses rois. Diderot ne fut toute sa vie qu'un comédien.Madame Necker l'appelloit le Garrick de la philosophie.

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Le phil. Condorcet, le véritable, le plus chaud partisan de la république ?

L'aut. D'une république qui eût consenti à le reconnoître pour chef; et il eût été le plus dur des maîtres, comme il étoit le plus envieux des hommes.... Pour ses ouvrages, je ne sais pas qui peut les en: tendre, mais je n'ai jamais pu les lire.

Le phil. Thomas Payne, un des plus hardis penseurs de l'Angleterre ?

L'aut. Et le plus séditieux. Il n'est arrivé dans notre pays qu'après avoir été chassé du sien. Et tous ces philosophes étrangers, si chauds apôtres de notre révolution, n'ont été que des brandons lancés par nos ennemis dans son sein, ou pour la faire avorter ou pour la tourner à leur

profit.

Le phil. Et J. J. Rousseau, le plus éloquent des écrivains?

L'aut. Et le plus inconséquent des hommes. Avec quelle avidité je dévorois ses ouvrages! il m'enivroit; il enivra tous les jeunes gens. Avec quelle chaleur il préchoit la vertu ! Avec quelle hardiesse il décomposoit les sociétés. Du courage et de la vertu, quelle puissante séduction! Ah! il a fallu toute la révolution pour nous désenivrer....

Il est possible que Rousseau ait été de bonne foi dans ses paradoxes et même dans ses contradictions; mais on a fait un tel abus de sa doctrine; elle a eu de si prodigieux et de si funestes succès, que pour ne pas le regarder comme un monstre, il faut se résoudre à le traiter comme un fou.

Limits

Le phil, J'attends avec impatience ce que vous allez dire de M. de Voltaire, le premier génie du siècle.

L'aut. Le premier bel esprit, j'en conviens; mais non le premier génie. On peut encore parler long-temps de M. de Voltaire, sans répéter les autres. Ceux qui l'ont envisagé sous le triple rapport de poëte, de philosophe et d'historien, ont eu beaucoup à louer, et j'ai souvent applaudi à leurs éloges; mais il reste à le considérer comme chef de secte. Et un ouvrage curieux à faire dans ce moment, seroit d'examiner quelle influence eurent sur notre révolution, sa vanité, sa haine pour la religion chrétienne, sa légéreté pyrhonienne, et jusqu'à sa longavité. On sait avec quel empire il captiva. les suffrages des jeunes gens, toujours exces sifs dans leur admiration, comme dans leur haine; ceux des femmes, trop faciles à séduire par ce qui les amuse; ceux de la plupart des gens du monde, rarement instruits et plus rarement capables de réfléchir.

On ne sauroit nier que sa grande passion et son plan favori, celui auquel tous ses ouvrages philosophiques, historiques et polémiques se rapportent exclusivement et di

rectement,

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rectement, ne fut de renverser la religion chrétienné, pour l'auteur de laquelle il avoit conçu une haine qui approchoït de la fureur, et qui ressembloit à la folie. Cette haine occupoit toutes les facultés, en les altérant, et l'entraînoit souvent à choquer les règles de la logique autant que celles de la décence. Il a dit quelque part :

.

J'ai plus fait en mon temps que Luther et Calvin. Ce qui est vrai, en tout sens ; et sur-tout en ce que ces réformateurs célèbres ne parloient que de réparer et non de renverser l'édifice..... Toutes les lettres familières de Mr. de Voltaire étoient terminées par cette étrange formule :

ECRASEZ L'INFAME!

Cela n'est pas équivoque. D'un autre côté les nombreuses indiscrétions échappées à ses disciples pendant sa vie; et plus que cela, leur conduite aprèssa mort, ont révélé le secret de la conspiration formée par eux, de concert avec les illuminés d'Allemagne, les hautsmaçons d'Ecosse, les défenders d'Irlande, et les templiers de France. Renverser les trones et les autels, massacrer les prêtres, les nobles et les rois, établir une république universelle, la peupler d'ignorans, et gouverner par Tome II.

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