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rien appris de bien je doute que votre exemple les rende meilleurs.

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Le phil. Ne sommes nous pas les disciples de Socrate et les apôtres de la raison?!

L'aut. Dites plutôt les singes d'Aristippe, et trop souvent les échos de la folie.

Le phil. Nous prêchons la justice, la liberté, la bienfaisance, toutes les vertus sociales.

-L'aut. Ce n'est pas assez de les précher, monsieur, il faut en inspirer le goût.

Le phil. C'est bien aussi ce que nous Ferons.

L'aut. Mais c'est précisément ce que faisoit la religion chrétienne.

Le phil. La religion chrétienne étoit la religion des esclaves.

L'aut. C'est pourtant à cette religion que l'Europe dût sa liberté.

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Le phil. Ses ministres sont les tyrans des consciences.

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-L'aut. Quels maîtres reconnoissez

vous ?

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Le phil. La loi..

L'aut. Qui fait la loi ? ·

Le phil. Nous.

L'aut. Qui la fait exécuter?
Le phil. Nous.

-L'aut. Mais vous, qui que vous soyez, vous êtes des hommes, des hommes soumis aux passions, comme les autres; des kommes ambitieux, vindicatifs, sensuels, cupides comme les autres, et d'autant plus dangereux, qu'entre les autres et vous, vous mettez un égide plus respectable.

C'est donc à vous que j'obéis, lorsque j'obéis aux lois; c'est donc l'homme et toujours l'homme qui commande et qui règne au nom des lois.

S'il ne convient plus à vos prosélites d'obéir à la voix des prêtres, qui leur rappeloient les commandemens de Dieu; pourquoi leur conviendroit-il d'obéir aux arrêtés du directoire, qui ordonnent de célébrer la fête du 10 août, ou qui défendent de travailler les décadis? Toutes les gradations de l'obéissance se touchent et se soutiennent l'une par l'autre. Vous n'avez pas songé,

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Messieurs, qu'en brisant un de ces jougs; vous aviez appris à sécouer l'autre, parce qu'ils ont la même force ou la même caducité.

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L'aut. Eh qui donc?

Le phil. Le temps qui détruit tout, etla vérité qui dissipe tous les nuages.

L'aut. Il faut aller conter ces fables à vos sauvages d'Amérique, et non pas à nous qui avons vu s'élaborer la révolution dans les atteliers de Voltaire, de Diderot et du Palais Royal. . Nous reviendrons sur cet article suivons notre première idée.

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Que l'édifice religieux se soit écroulé, frappé par vos mains ou par votre doctrine, l'effet est le même; et qu'aviez vous à met tre à sa place?

mot?

Le phil. La raison.

L'aut. Et qu'entendez-vous par ce

Le phil. Ma foi j'entends l'intérêt du plus grand nombre.

L'aut. Et quelle base donnez vous

à cet intérêt ?

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Le phil. La morale du théisme.

L'aut. Et vous croyez que le théïsme peut devenir la religion du peuple?

Le phil. Pourquoi non ?

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- L'aut. Parce que le peuple n'a, ni le pouvoir, ni le temps de s'occuper d'idées abstraites; c'est par le sentiment et non par les idées que le peuple se conduit; mais je suppose que tous les hommes puissent devenir philosophes, alors ils n'auront plus besoin d'être chrétiens; mais dans le temps de leur éducation, dans l'intervalle employé à dissiper leurs vieux préjugés, à les impregner de nouvelles lumières, que deviendront-ils ?

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Distingueront-ils la vertu qu'il faut aimer de l'organe qui la préchoit, et que vous leur apprenez tous les jours à maudire? Sauront-ils restreindre aux accompagnemens extérieurs, le mépris que vous leur recommandez pour les objets de leur adoration passée, et se trouver encore liés par les devoirs, quand ils ne le seront plus par les pratiques destinées à leur en rappeler l'observance?» (Linguet).

Ah! Si vous hésitiez sur la réponse, l'univers entier la feroit pour vous. Ce déchaî

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nement général de tous les peuples contre leur gouvernement légitime, ce vertige d'ambition qui a saisi les têtes les plus froides; ce levain d'insubordination qui a corrompu les cœurs les plus droits; cette agitation tant ôt sourd, tantôt violente, qui tourmente et fourvoye les meilleurs esprits; cette absence totale de la morale publique, cette tendance universelle au changement, aux révolutions, aux désordres, à tout ce qui peut nous distraire de nous mêmes, accuseroient à la fois et votre doctrine et votre ouvrage !

-Le phil. écrasé. Ah! vous accusez la philosophie des crimes de la révolution!

L'aut. Non, je n'accuse que les hommes qui ont pris le masque de la première pour faire la seconde.

Le phil. Sans distinction aucune? L'aut. Je crois, en effet, que tous les artisans de cette grande désorganisation n'en ont pas prévu les suites, et ceux-là n'étoient que des écoliers en politique, quelque fût d'ailleurs leur génie. Les autres, je les confonds dans mon indignation avec Marat, Robespierre et Merlin, quelque fût d'ailleurs leur probité.

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