Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

1

Mais la difficulté de sortir de Rochefort à travers une flotte Anglaise qui bloquoit l'embouchure de la Charente, beaucoup plus que F'intérêt qu'inspiroit à des cannibales la mauvaise santé de leurs prisonniers, changea par un arrêté du 28 nivôse, la destination de Cayenne en celle de l'ile d'Oleron; et on eut soin de spécifier qu'ils n'y reste roient que provisoirement.

Dans ce gouvernement-ci, c'est toujours provisoirement que se fait le peu de bien qu'on y fait. Le mal seul est absolu.

MM. Boissi d'An glas, Doumere, Dumolard, Duprat, Gau, Lema chand Gomicourt, Noailles, Simeon, Villaret-Joyeuse, Laumont, Muraire, Paradis, Mailhe et Cochon, par des motifs que nous respectons, sans les connoître, se soumirent à leur ban et se rendirent à l'ile d'Oleron : les autres préferèrent d'encourir la peine pronon ée; nous n'avons pas oui dire qu'aucun l'ait subie.

Qui n'eût pensé que le 30 prairial, en renversant le trône des bourreaux, n'eut ouvert en même tems les tombeaux de leurs victimes! Helas! il n'en est rien... Les malheureux déportés continuent, les uns de mourir à Synamary, les autres de gémir à

Oleron... ni le directoire, ni les conseils ne songent à leur délivrance. Toutes les portes sont fermées à leurs sollicitations... ainsi, les effets de cette funeste journée du 18 fructider se prolongèrent bien au delà de leur cause, et la majeure partie des maux qui en sont résultés survivront à leurs auteurs....

Mais, ce qui est vraiment digne de remarque, c'est que leurs auteurs ont mis tous ces maux sur le compte de ceux qu'ils en ont accablés...

1

CHAPITRE XXXIII.

Les auteurs de la journée du 18 Fructidor accusent de ses effets les déportés et les déportables.

Qui rend les tyrans si sanguinaires? c'est le soin
de leur sûreté, que leur lâche cœur ne leur fournit
d'autre
moyen de s'assurer qu'en exterminant
jusqu'aux femmes et aux enfans, de
peur d'une
égratignure. Cuncia ferit dùm cuncta timet... »
MONTAIGNE, Liv. 2, Chap. 27.

PEU de mois après le 18 fructidor, tous
les journaux officiels n'étoient remplis que
de plaintes et de lamentations sur les assas-
sinats du Midi, sur le pillage des caisses
publiques, sur les murmures et les besoins
du peuple, etc
c'étoit la queue de
Clichy qui s'agitoit, c'étaient les hommes
condamnés à la déportation qui conspi-

roient.

[ocr errors]

« Cette conspiration étend ses branches. du Nord au Midi, disoit Merlin, elle vit au sein de Paris. Là, sous les yeux d'un directoire républicain, un directoire royal

1

[ocr errors]

met en mouvement ses hommes, ses agens et ses commissaires. Là se méditent les complots, les incendies, les empoisonemens et les assassinats que le fanatisme exécute et que l'or de l'étranger soudoye : Là se rasle semblent les espions et les corrupteurs, poucrime et la prostitution, les fondés de voirs de la royauté, ses trésors et ses soldats: Là se mettent à prix les têtes des directeurs et des représentans fidèles à leur poste; c'est enfin là que se travaillent les plans et les manoeuvres qui doivent livrer la république à Blakembourg, à l'Espagne ou à l'Angle

terre'.

[ocr errors]
[ocr errors]

(Journal des Hommes Libres, No. 267.) Quelques jours après, le président du directoire disoit que,

« Les royalistes déconcertés par le 18 fructidor et non vaincus, humiliés mais jamais corrigés, répandoient partout les calomnies, multiplioient les mensonges, semoient leur or corrupteur, pour maîtriser les assemblées primaires. » (Discours prononcé par Barras à l'anniversaire du 21 janvier 1798. )

Que signifient ces vagues déclamations, sinon que les usurpateurs du pouvoir, forts par notre foiblesse, et vainqueurs sans com

battre, sont éternellement placés entre les jacobins qu'ils craignent et les royalistes qu'ils méprisent? D'où il suit qu'ils doivent accuser ceux-ci des manœuvres de ceux-là pour les battre tour-à-tour, et les écraser les uns contre les autres.

Mais cet imbroglio ne peut pas toujours réussir. C'est un empirisme dont le succès ne dure qu'autant que le mystère qui l'enveloppe.

Les royalistes conspirent! Et quand ils conspireroient? ils n'auroient tort que dans la forme. S'ils étoient heureux, ils auroient raison.

Mais ils ne conspirent pas. Et la preuve? C'est qu'ils n'en ont pas le moyen.

Il n'y a point de conspiration sans chef, sans complices et sans argent... Or, je demande où sont les complices des royalistes (1), où est leur chef, où sont leurs. trésors?

Vous qui les accusez de conspirer, n'avez

(1) Je dis royalistes, pour me servir des termes de leurs accusateurs, et parce qu'il faut s'entendre: fructidorisés eût été plus exact.

« ZurückWeiter »