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bilité, ni leur gaîté, ni leurs plaisirs, ni leur industrie; écartez de leur route et les violences, et les emprunts, et les jacobins, et les dictateurs, et les déportations, et vous effacerez de leur mémoire les souvenirs du 2 septembre, du 13 vendémiaire, du 31 mai et du 18 fructidor, et vous raviverez dans leurs cœurs l'obéissance et l'amour.

Alors l'esprit public renaitra, parce qu'il est le fruit de la sécurité, du repos, de l'or. dre, et de l'amélioration régulière et progressive.

Mais aussi long-tems que la misère flétrira leur courage, que des agens ineptes ou méchans, aigriront leur caractère, qu'un gou-. vernement imparfait nécessitera des injustices quotidiennes et des secousses annuelles, l'esprit public restera dans une mortelle apathie; la nation ne croira point à sa délivrance, refusera de lever la tête, restera triste, courbée et toujours prête à recevoir un joug étranger.

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CHAPITRE XXX IL

Effets du 18 Fructidor sur les Déportés.

« La loi repond des inconvéniens qu'on éprouve en la suivant; mais l'homme est responsable de ceux qui arrivent lorsqu'on s'en écarte.. >>

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D'AGUESSEAU..

ILS Ils ont été traités avec une barbarie et poursuivis avec un acharnement sans exemple...

Chacun á pu voir dans le journal de l'adjudant général Ramel, quelles vexations de toute espèce, quelles cruautés on exerça sur les infortunés que le sort livra entre les mains de leurs ennemis. Certes les sauvages du Canada que les voyageurs nous ont points si cruels, le sont beaucoup moins que ne le furent les directeurs envers Pichegru, Barthelemi, Murinais, Tronçon du Coudrai, Rovère et tous ceux qui furent conduits à la Guyanne...

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La postérité ne voudra jamais croire qu'à la fin du 18°. siècle, siècle enrichi, disoit-on,

de tous les trésors de la philosophie, lat vie des hommes ait été ravalée au-dessous de celle des plus vils animaux ; elle ne croira pas que des galériens aient été plus justes et plus humains que les premiers magistrats d'n grand peuple soi-disant épublicain.

Tandis que ceux-ci crioient à leurs satellites: port de ménagement pour des traitres; les cachots les plus humides, la nourriure la plus grossière, seront encore des traitemens trop deux pour des conspira tours, les galériens détenus à Tours se tronrenfermés dans les mêmes souterrains avec des magistrats, des généraux et des représentans du peuple, se tinrent à leur égard dans un respectueux éloignement; et leur offrirent le cachot qu'ils occupoient, comme moins humide et moins dangereux.

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Depuis Paris jusqu'à Rochefort, et depuis Rochefort jusqu'à Synamari; les déportés furent incessamment torturés, tantôt par faim, tantôt par l'infection, et toujours par des brutalités inouies de la part de leurs conducteurs, et par ordre des triumvirs. Ce ne fut pas la faute de ces derniers, si tous ne succombèrent pas à tant de maux réunis. Mais Murinais, Rovère, Tronçon-du-Cou

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drai, Lavilleurnoi, Brottier, Bourdon-del'Oise, Letellier n'y purent résister.... Ils moururent à 2000 lieues de leur pays, dans les tourmens d'une longue et inexprimable agonie.

Les autres n'ont dû leur salut qu'à leur fuite, et les bourreaux, qui avoient voulu se masquer d'humanité en les envoyant à Cayenne, ont laissé tomber leur masque en inscrivant sur la liste des émigrés ceux d'entr'eux qui se sont soustrait à leur douloureux supplice....

Pendant ce temps là on étoit loin de laisser tranquilles en France ceux qui avoient échappé à cette redoutable déportation.

Chaque jour de nouveaux ordres partis de la police alloient réveiller, jusques dans les départemens les plus éloignés, l'énergie trop lente des persécuteurs, et l'activité des bourreaux subalternes.

Chaque mois de nouveaux décrets plus sanguinaires les uns que les autres, poursuivoient les fugitifs et leurs parens, en établissant entr'eux une solidarité d'opinion qui n'avoit jamais existé, pour avoir droit d'en établir une autre de peine et de supplice qui convenoit fort à leur infâme cupidité.

Le 3 Brumaire an 6, le citoyen PoulainGrand-Pré, proposa froidement la peine de mort contre tous les députés et les journalistes qui, proscrits par les loix du 19 et du 22 fructidor, ne se rendroient pas au bout de deux mois à Rochefort, pour être delà transportés dans les cases empoisonées de Synamary.

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C'étoit aller trop vite. Tout carnassiers qu'étoient les animaux dans la gueule de qui le citoyen Poulain-Grand-Pré jettoit cette nouvelle proie, ils avoient ou l'estomac trop plein où les dents trop émoussées; ils la refusèrent.... L'anniversaire du fameux 3 brumaire ne put être dignement célébré par une hécatombe d'hommes

Le 19 brumaire an 7, le citoyen Lecointre Puiravaux, plus heureux que Poulain-GrandPré, reproduisit sa motion et vint à bout de la faire passer en loi... Par cette loi, digne de Caracalla-Merlin, furent assimilés aux émigrés tous les individus qui s'étant soustraits à la déportation, prononcée contr'eux, ne se présenteroient pas dans les deux mois de sa publication, à l'administration centrale de leur département, pour y recevoir connoissance de leur destination ultérieure, etc....

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