et les colporteurs de ces ouvrages; ce qui es fâchoit beaucoup, c'est qu'ils ne pouvoient en atteindre les auteurs. Depuis long-temps le peuple des lecteurs, tant de fois trompé sur les effets de la liberté, ne se donnoit plus la peine d'en rechercher les moyens. Il en ressentoit vivement les écarts, et il murmuroit souvent contre les philosophes qu'il accusoit d'en être la cause, et c'est ici un des plus remarquables effets du 18 fructidor. CHAPITRE XIX. Effets du dix-huit fructidor sur la philosophie. Monarques des chrétiens que je vous porte envie ! Et sans effroi du moins vous pouvez pardonner.' Chamfort! Nous ne savons pas jusqu'à quel point il faut, pour ménager la délicatesse de cer tains hommes, distinguer la philosophie moderne, des hommes qui l'ont professée sousnos yeux : mais dût nous accabler toute leur colère nous dirons, à la décharge de notre conscience, que cette prétendue philosophie moderne également ennemie des rois et des peuples, fut la première cause le premier instrument et le plus grand mobile de la révolution. Nous avons vu les disciples et les maîtres; nous avons entendu les leçons de ceux ci, et pénétré les dispositions de ceux-là; eh bien ! nous ne savons, nous ne dirons dans ce chapitre, que ce que chacun sait et dit depuis le 18 fructidor. . les trois dialogues suivans sont un des résultats de cette journée. PREMIER DIALOGUE ENTRE UN PHILOSOPHE ET L'AUTEUR, Mala et impia consuetudo contra deos disputandi Cic. de Nat. Deorum. - Le philosophe. Je viens vous faire mes adieux. L'auteur. Et ou allez-vous? Le phil. En Amérique. L'aut. Chercher fortune? Le phil. Non: planter les drapeaux d'une nouvelle religion et fonder une colonie de sages. L'aut. Les sages ne font point de nouvelles religions, ils respectent celle de leur pays. Le phil. Socrate et Cicéron se moquoient de la religion payenne. 1 L'aut. Ils assistoient religieusement aux fêtes publiques : j'amais ils n'ont donné l'exemple ni d'un scandale, ni d'une impiété. Le phil. C'est qu'ils étoient forcés de respecter des préjugés que nous avons dé truits. - L'aut. « Les philosophes, dit Dalembert, fomentent les préjugés qui leur sont utiles avec autant d'ardeur qu'ils détruisent ceux qui leur sont contraires ». Essai sur les gens de lettres. $ophe. Le phil. Dalembert n'étoit pas philo L'aut J. J. Rousseau dit : « je consultai les philosophes, je feuilletai leurs livres, j'examinai leurs diverses opinions, je les trouvai tous fiers affirmatifs, dogmatiques, etc. Emile, livre IV. Le phil. Rousseau étoit souvent de mauvaise foi. L'aut. Tant pis pour vous. Le phil. Mais consultez la philosophie en elle-même; étudiez ses principes et vous les trouverez tous puisés dans la nature. L'aut. C'est donc un principe de la Mature d'apprendre aux hommes à fouler aux pieds toutes les lois sociales, et à mépriser ce qu'ils révéroient depuis 18 siè Le phil. Nous n'avons point appris aux hommes à fouler aux pieds les lois sociales, mais seulement à substituer le dogme raisonnable du théïsme, aux intolérables superstitions des prêtres.. L'aut. Vous voulez apprendre aux hommes à faire tenir une pyramide sur sa pointe ! Le phil. Non; mais nous leur enseignerons la nécessité d'être justes, par la crainte d'éprouver une injustice. L'aut. Comment voulez-vous que des ouvriers occupés de leurs travaux et de leurs besoins journaliers, puissent étudier et connoître les rapports de l'intérêt personnel avec la justice; saisir les notions abstraites et les développemens du contrat social; respecter, enfin, les propriétés d'autrui dans leurs propriétés ? Le phil. Ils s'instruiront par nos le çons et notre exemple. L'aut. Jusqu'ici vos leçons ne leur ont |