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l'or et les intrigues du directoire, se débat toit comme une enragée entre les serres vigoureuses de M. Pitt.

M. Pitt, que tout le monde s'accorde aujourd'hui à regarder comme la première téte de l'Europe, venoit de sauver son pays en suspendant momentanément l'exercice de sa liberté (1).

Il déployoit alors autant de force que nous montrions de fureur. Seul, il soutenoit le poids de l'Europe prête à s'écrouler et celui de la révolution prête à l'engloutir.

Il méditoit, ce qu'il a exécuté depuis, la fameux traité de la quadruple alliance entre la Porte, la Russie, l'Autriche et l'Angleterre.

La Porte notre plus ancienne alliée, et de toutes les cours de l'Europe la plus fidèle aux traités, avoit quelque peine à rompre celui qu'elle avoit consenti avec François Ier; mais enfin réduite à se défendre et contre Buonaparte qui envahissoit une de ses plus belles provinces, et contre nos opinions qui menaçoient son existence politique, elle étoit sur le point de nous faire sa déclaration de guerre, et d'unir ses flottes à celles de la

(1) Suspension de la loi d'habeas corpus. Tom. II.

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Russie pour venir reprendre Ancône, Malthe et Corfou...

Paul Ier. faisoit sortir 200 mille hommes de ses états, et avoit juré de raffermir sur leurs bases les trônes chancelans de l'Europe; mais sa mère avoit si souvent fait la même promesse sans la tenir, qu'on n'y croyoit pas en Europe, et qu'on n'en craignoit pas du tout l'effet en France. Il sembloit que l'intérêt seul de l'Autriche s'opposât efficacement et dût mettre un obstacle insurmontable à ce que la Russie s'interposât dans cette querelle.

L'empereur ne se croyoit pas plus lié que la république par le traité de Campo-Formio. La paix, qui en avoit été la suite, n'étoit qu'une suspension d'armes, pendant laquelle chacune des parties guerroyantes se reposoit, se recrutoit et se préparoit à tenter encore la fortune des combats; état de choses que ne dissimuloit même pas aux yeux de l'ignorante multitude ce misérable conventicule de Rastadt; ou tandis que les membres du corps germanique étoient à chaque instant prêts à signer leur opprobre, les hauts députés ne prenoient seulement pas la peine de déguiser leur opinion sur la comédie qu'ils jouoient, et sur le dénouement qu'ils prévoyoient...

Un seul cabinet paroissoit impénétrable à tous les yeux : c'étoit celui de Berlin. Ferme dans sa neutralité, respectable par ses armées, riche de l'amour des peuples, il se montroit inaccessible à la crainte de la démocratie et à la séduction des princes coalisés. La république française se flattoit de l'avoir enchaîné à son char. Les rois croyoient que toutes les notions et tous les intérêts politiques se réunissoient pour l'en détacher. Il étoit possible qu'il trompât les deux partis ou qu'il fût trompé lui-même; la cour de Berlin étoit une vaste aréne, dans laquelle le citoyen Syeyes pour la France, et sir Thomas. Greenville pour l'Angleterre, jouoient les deux principaux rôles, s'épioient réciproquement, se combattoient tantôt franchement et à découvert, tantôt par la ruse et en vrais diplomates; mais toujours en rivaux qui se craignoient et se détestoient également.

Immobile, témoin de cette lutte, dont il sembloit devoir être le prix, le roi ne refusoit rien, ne promettoit rien, tenoit l'Europe en suspens, et déconcertoit toutes les données de la politique.

Ce fut à cette époque que le roi de Naples entraîné par les promesses de l'Autriche, et

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mal instruit de la nature et de la diversité des intérêts du Continent, s'ébranla tout seul, et marcha à la tête de 40 mille hommes pour délivrer Rome des mains et du pillage des Français...

C'étoit un piége que la France lui tendoit. La France savoit que l'Autriche n'étoit pas prête. Elle convoitoit les richesses de Naples. Elle avoit besoin d'un prétexte pour y entrer. Ce fut le roi lui même qui voulut bien en faire les frais..

Mais pour profiter de son étourderie avec le plus d'avantage et le moins de danger possible, il falloit commencer par s'emparer de Turin, en chasser le roi, et déclarer le Piémont ou république, ou partie intégrante de la république française.

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La chose n'étoit pas facile parce que le roi depuis son avènement n'avoit cessé d'être aux genoux du directoire, et de lui offrir et så personne et ses biens, loin de lui disputer une seule de ses prétentions les plus extravagantes.

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Cependant, on avoit besoin de lui chercher une bonne querelle et de lui trouver des torts. Comment s'y prendra t on? "N'ayez de souci; une conspiration est

prête. La manufacture des conspirations intérieures et extérieures est au Luxembourgs c'est là qu'il sera prouvé que le roi de Sardaigne, en s'alliant avec la France, avoit l'intention secrète d'en égorger tous les har bitans, et parconséquent n'étoit qu'un traître, un hypocrite, un conspirateur contre la sûreté et l'indivisibilité de la république française... Et bientôt parut la correspondance

suivante...

No. I. Le prince Pignatelli au chevalier Priocca, ministre de sa majesté le roi de Sardaigne.

Naples, le 2 octobre 1798.

« La providence est fatiguée de favoriser le crime, et la cause des rois ne sera plus flétrie par les rigueurs de la bizarre fortune.

+

La bataille d'Aboukir doit être le signal du réveil énergique de l'Europe, et la nation anglaise jouit d'une gloire à laquelle auroient pu aspirer certaines puissances si l'intérêt particulier n'avoit pas prévalu sur l'intérêts général du Continent Nous pouvons dire que sir Georges Nelson a dissipé ce charme : qui sembloit avoir subjugué tous les peuples;

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