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d'aller attaquer les Anglais dans l'Inde à travers la Perse, ou de venir détrôner le Grand Seigneur à Constantinople, sans avoir un seul vaisseau pour passer le détroit, lors, dis-je, qu'il se présenta devant St. - Jean d'Acre, défendu par Sydney Smith, il sentit son génie fléchir devant un génie plus fort que le sien, et il vit sa gloire échouer devant une bicoque.

Si le directoire avoit conçu l'idée de se défaire de Buonaparte et de sa récalcitrante armée, en les envoyant en Egypte, la chose avoit complettement réussi, et le plan étoit bien combiné.

Si, au contraire, l'idée de conquérir l'Egypte et d'y fonder une colonie permanente est due à Buonaparte, c'est une haute folie dont l'épreuve n'étoit pas assez payée de sa

tête.

Jamais colonie durable n'a été fondée par l'écume des nations. Les Flibustiers n'ont laissé que des cendres, le néant et l'horreur publique après eux.

Il paroit par quelques lettres interceptées que Buonaparte comptoit revenir passer l'hiver en France, qu'officiers, soldats et savans étoient également mécontens de leur sort,

qu'ils soupiroient tous après leur patrie etc., etc., mais ce qui confirmeroit la pensée que leur perte étoit jurée au Luxembourg c'est qu'on ne songea pas un instant, ni à leur envoyer des secours, ni à les tirer de leur exil,

Les Jacobins en ont fait depuis un chef d'accusation contre les ex-directeurs.

Mais ceux-ci ont répondu qu'il n'avoit pas été plus en leur pouvoir de porter des secours à Buonaparte à travers la flotte Anglaise qui n'avoit cessé de bloquer Alexandrie, que d'empêcher Buonaparte lui même d'exécuter sa descente en Egypte.

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Il n'est peut-être pas encore tems de discuter contradictoirement cette question.

Si l'expédition eût réussi, tous les partis en eussent voulu partager l'honneur avec son chef.

Elle a manqué, tous les partis se la renvoyent à la tête, et finiront par la laisser sur le compte des vaincus. Væ victis.

Le directoire avoit abandonné Buonaparte à sa fortune, et il poursuivoit la sienne en Italie, en s'emparant de Naples et de Turin. Ce fut par ces derniers exploits qu'il termina le cours de ses brigandages militaires.

CHAPITRE X X X.

Invasion de Naples et de Turin.

« Il n'y a point d'état qui menace si fort tous les autres d'une conquête, que celui qui est dans les

horreurs de la

guerre

civile. »

MONTESQUIEU.

IL est à propos de jetter un coup d'œil général sur l'Europe, et de considérer dans quelle étrange situation la terreur de nost avoit Opinions, unie à celle de nos armes, plongé tous les peuples et tous les souverains de cette contrée à l'époque où les deux rois de Maples et de Saraigned furent chassés de leurs capitales (C'étoit à la fin de l'année 1798)

l'ordre La république Cisalpine avoit reçu de renverser deux de ses directeur, et d'incarcerer 30 de ses députés. L'ordre fut exécuté sans replique (1).

La république Batave, lancée par nous

(1) Cet ordre donné par le citoyen Lareveillère, fut" exécuté par le citoyen Trouvé.

sur la pente rapide de la démocratie, se précipitoit dans les profondeurs de l'anarchie, lorsqu'un mot, un seul regard du directoire: arrêta son mouvement et défit l'ouvrage du 22 Janvier précédent, plus facilement qu'un potier ne brise le vase fragile, dont il est

mécontent.

La république Helvétique, divisée d'abord en cinq petites républiques, puis réunie en une seule, une et indivisible, reçoit des mains de notre directoire, un directoire, un corps législatif, une constitution; se fache, se calme, donne et refuse des hommes et del l'argent, fait et refait son directoire et ses conseils, jusqu'à ce que la grande nation satisfaite de tant de bassesse, lui crie; c'est

assez.

Nous ignorons ce qu'elle a crié au gouvernement d'Espagne; mais on n'a pas vu sans surprise que celui-ci accueillit si parfaitement tous les révolutionnaires sortis des grandes fabriques de Paris et de Milan, tout exprès pour en établir une à ses côtés, chas-sât sans pitié les prêtres et les émigrés, dont il n'avoit jamais eu à se plaindre, donnât pour successeur à M. de Saavedra, le Jacobin M. d'Urquijo, écoutât sans s'émouvoir

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les propos les plus séditieux, et les projets les plus extravagans; ouvrît, ou du moins promit d'ouvrir un passage à travers ses états, à une armée révolutionnaire, certainement plus dangereuse pour elle que pour le portugal, qu'elle devoit aller conquérir et plus que tout cela qu'un roi Bourbon s'alliât avec les meurtriers du chef de sa famille pour aller détrôner ses parens, le roi de Naples, le duc de Parme et le grand duc de Toscane; et que le roi très-catholique s'unit avec. åller les huns et les vandales de France pour piller Rome, assassiner le St.-Père et détruire le siége de la religion catholique !...

La Toscane achetoit à grands frais la permission de prolonger son existence de quelques mois.

Gênes passoit tour à tour par nos soins et sous nos auspices des fureurs de la démagogie, à toutes les bassesses de l'esclavage.

Genève n'existoit plus. Cette fraction de république instituée par Calvin, et qui fleu rissoit depuis 250 ans sous la protection de la Suisse, étoit venue se fondre dans la lave de la république française.

L'Irlande plus que jamais travaillée par l'inquiétude naturelle de ses habitans et par

l'or

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