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comme unexpédient admirable,pour appaiser les clameurs du moment, et pourvoir au sort de 40 mille vétérans, façonnés au pillage impatiens de tout frein, trop éclairés sur leurs services, pour être écartés sans bruit, et trop pressans dans leurs demandes pour être amusés par des mensonges. » ( d'Yverdun)

L'autre circonstance est la situation précaire de Buonaparte après l'évaporation de son projet, ou l'impossibilité reconnue de son exécution.

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Le pillage des chantiers et des arsenaux Venitiens, lui fournit à propos une prodigieuse quantité de munitions navales, et quelques vaisseaux de ligne. On repara en grande hâte les vieux vaisseaux qui étoient gissans dans le port de Toulon, et on rassembla de tous côtés des bâtimens de transport. Durant ces préparatifs on eut l'art d'enflammer l'ardeur et la cupidité des troupes par des annonces ambigues d'une expédition, dont les avantages immédiats devoient faire oublier les conquêtes vantées d'Albuquerke dans l'Inde, et de Fernand Cortez en Amerique.

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Pour assurer le succès de la colonie on

ramassa de tous les coins de la France des poëtes, des chimistes, des botanistes, des artistes et quantité de gens qui se donnent à eux mêmes le titre de savans, et cette troupe fut obligée de prendre la route de Toulon.

Quand tout fut bien et dûment embarqué, Buonaparte assembla l'armée d'Italie, montant à 22 mille hommes, et après leur avoir promis gravement sur son honneur la valeur › de six acres et demi de bonne terre, il les prit à bord et se mit tranquillement en route! pour les enterrer tous en Egypte.

Chemin faisant, il recueillit à Gênes etɔ sur toute la côte, 20 mille hommes nouveaux robustes mendians qui auroient pu inquiéter encore le directoire si on les avoit laissés en Europe.

Il s'arrêta un moment devant l'ile de Málthe, que lui livrèrent lâchement les chevaliers Français indignes de ce nom. Il arriva devant Alexandrie le 12 Messidor, cette ville étoit sans défense et sans défiance'; elle fut prise

le 14.

Avant quel'armée fût arrivée à sa destination, les vieux plans des consuls du levant étoient dans toutes les bouches, et on applau dissoit hautement à la sagesse d'attacher les

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beys à la fortune du conquérant, de renverser la domination de la Porte, et d'assurer pour jamais la possession du pays à la grande Nation.

Buonaparte arrive, et tout le plan est renversé. Ce sont les beys maintenant qu'il· faut combattre, c'est l'amitié de la Porte qu'il faut conserver: et les politiques de Paris applaudissent également à la sagesse de ce second plan.

Enfin quand il se trouve, en dernière analyse, , que ni les beys, ni les naturels du pays, ni la Porte ottomane ne sont bien disposés. en notre faveur; c'est à la Porte, aux naturels du pays et aux beys qu'il faut déclarer la guerre; et ce troisième plan fut applaudi comme les deux autres... ó nation faite pour l'esclavage!

Avant de faire sa descente, Buonaparte adressa à toute son armée la proclamation suivante :

A bord de l'Orient, 4 messidor.

« Soldats, vous allez entreprendre une conquête, dont les effets sur la civilisation. et le commerce du monde sont incalculables. Vous porterez à l'Angleterre le coup le plus

sûr et le plus sensible, en attendant que vous puissiez lui donner le coup de la mort.

nous

>> Nous ferons quelques marches fatigantes. Nous livrerons plusieurs combats, réussirons dans toutes nos entreprises. Les destins sont pour nous. Les beys-Mammelucks, qui favorisent exclusivement le com merce anglais, qui ont couvert d'avanies nos négocians, et qui tyrannisent les malheureux habitans du Nil, quelques jours après notre arrivée n'existeront plus.

» Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont Mahométans; leur premier article de foi est celui-ci : Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophéte. Ne les contredisez pas : agissez avec eux comme nous avons agi avec les juifs et avec les italiens. Ayez des égards pour leurs muphtis et leurs imans, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques : ayez pour les cérémonies que prescrit l'alcoran, pour les mosquées, la même tolérance que vous avez eue pour les couvens, pour les synagogues, pour la religion de Moyse et de Jésus Christ.

>> Les légions romaines protégeoient toutes les religions; vous trouverez ici des usages

différens de ceux de l'Europe; il faut vous y accoutumer.

» Les peuples chez lesquels nous allons entrer, traitent les femmes différemment que nous; mais dans tous les pays, celui qui viole est un monstre.

»Le pillage n'enrichit qu'un petit nombre d'hommes : il nous deshonore, il détruit nos ressources, il nous rend ennemis des peuples qu'il est de notre intérêt d'avoir pour amis.

La première ville que nous allons rencontrer a été bâtie par Alexandre. Nous trouverons à chaque pas de grands souvenirs dignes d'exciter l'émulation des Français. » Signé BUONAPARTE.

Dès qu'il fut descendu, il adressa aux habitans du pays, dont aucun ne sait lire, cette autre proclamation alon

:

« Au nom de dieu, bon et misericordieux, il n'y a pas d'autre dieu que dieu, nul ne partage avec lui son empire.

con.Voici le moment marqué pour la punition des beys; depuis long tems il est attendu avec impatience. Les beys, descendant des montagnes de la Georg e, ont désolé ce beau pays; ils insultent depuis long-temps et trai

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