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c'est que la nation s'occupa de ces extrava gances pendant huit jours.

« Quelle est donc cette nation qui prépare la plus sérieuse expédition au milieu de la gaîté la plus folâtre, se demandoit niaisement le Conservateur, journal officiel ?>>

« On ne sait pas trop de quelle gaîté le Conservateur veut ici parler, répondoit la Sentinelle. Et la Sentinelle avoit raison.

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En effet il y a beaucoup de gens qui extravaguent aujourd'hui, mais il est prouvé qu'on peut extravaguer sans gaîté.

Sans parler des séances du corps législatif, du directoire et de l'institut, dont les extravagances nous coûtent trop cher pour n'être mises que sur le compte de la plaisanterie, il suffit, pour se convaincre du spleen qui gagne la nation, de jetter un coup-d'œil sur les spectacles, de lire nos romans, et d'écouter les républicains.

Les républicains, ne parlent que d'assas sinats, de compagnons de Jésus, de chouanerie de réactions. Ils ne voyent que ruisseaux de sang, incendies, massacres, champ-de-bataille, tétes au bout des piques, potences et échafauds ; toutes images qu'on

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ne peut pas dire être excessivement gaies, quoiqu'elles tiennent de la folie.

Les romans ne sont remplis que de visions, de spectres, de cris lugubres, de tombeaux, d'orages et de clairs de lune, sorte de conceptions qui visent grandement à la folie, mais qui n'offrent pas le plus petit mot pour

rire.

Les spectacles ne représentent que des jeux d'incestes, de parricides, de diableries, de démagogies et de tyrannie, etc... Rien de tout cela n'est fort gai, quoique tout cela soit fort extravagant.

Chaque peuple a ses habitudes et sa folie. La folie des Français est de passer du marasme au délire, et de retomber du délire dans le marasme.

Dans cette nuit profonde d'erreurs et de sottises, dont nous subissons tous la peine sans l'avoir tous encourue, s'il se glisse une lueur de raison; que voyons nous ?

Des fripons qui se moquent de leurs dupes, en prolongeant leur empirisme; et des dupes qui passent la moitié de leur vie à pleurer les sottises de l'autre moitié.

Dessangsues qui aspirent la substance du gouvernement, et le gouvernement qui pompe celle de la nation.

Des émigrés prétendus, fusillés au Champde-Mars, tandis qu'on vend publiquement des radiations aux véritables émigrés.

Les veuves et les orphelins des déportés solliciter vainement les secours les plus urgens à la porte des bureaux, tandis que de jolies marcheuses pénètrent hardiment dans les cabinets et n'en sortent que les mains pleines de grâces et d'argent,

Des juges recevoir honteusement le prix du sang de l'homme juste, et des administrateurs vendre sans scrupule leur conscience à l'homme fort.

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Des laquais occuper insolemment les hôtels de leurs anciens maîtres, et leurs anciens maîtres faire bassement la cour à d'autres laquais.

Des ambassadeurs régicides aller insolemment représenter la république à la cour des rois, et des rois venir humblement déposer leur couronne et leur majesté aux pieds de leurs plus irréconciliables ennemis.

Des députés vendre leurs suffrages pour des places d'ambassadeurs et de généraux; et des généraux négocier la paix, lorsque leur premier, leur plus pressant besoin est de continuer la guerre.

Le

Le directoire enfin dépenser 200 millions à de vains préparatifs d'une descente en Angleterre, lorsqu'il ne paie ni les soldats, ni les rentiers, ni les pensionnaires, ni les prisonniers, faute d'argent.

Tous ces faits malheureusement trop constatés, ne prouvent pas plus de sagesse, que de gaîté dans la nation.

Mercier écrivoit naguères que les Anglais n'étoient ni plus gais, ni plus sages que nous.... Selon lui, « le fait seul de nos préparatifs à jeté la consternation dans l'ame des banquiers et des négocians de Londres, et des semences révolutionnaires dans l'esprit du peuple, dont lui mercur craint les suites pour M. Pitt!

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Il oraint! c'est bien de la bonté de sa part! Mais Mr. Pitt, quoique plus intéressé à sa chose, est moins timide, si toute fois l'on peut en juger par le discours ferme, éloquent, radieux de gloire et d'espérances qu'il prononça lors de la rentrée du parlement et presque sous le nez des généraux. Buonaparte et Kilmaine nommés chefs de l'armée d'Angleterre, c'est-à-dire, de l'armée chargée d'aller détrôner son maitre à Bivmingham-House....

Tome II.

K

Cette armée d' Angleterre subsistoit encore, au moins dans ses cadres, long-temps après qu'il n'étoit plus question de descente sur les côtes. Et il n'en étoit plus question depuis que Buonaparte avoit tourné ses vues et celles de toute la nation du côté de l'Egypte.

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