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mal éteints de la chouannerie....., moyens d'autant plus infaillibles, s'ils avoient été bien dirigés, que le gouvernement français en favorisoit le succès par les persécutions, les incarcérations, les tracasseries de toute espèce, souvent plus insupportables qu'une bonne et franche tyrannie, qu'on exerçoit sans relâche et par ses ordres dans les malheureuses contrées de l'ouest.

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On craignoit alors leur soulèvement; d'autres le desiroient. Les mécontens dont la France étoit remplie plus que jamais, alloient jusqu'à dire : « Que nous importent les Anglais ! leur joug sera-t-il plus dur que celui de Merlin? »>

Déplorables effets de l'esprit de parti!

Certes, on ne nous accusera pas d'aimer ce gouvernement-ci; chaque page de nos mémoires est couverte de la preuve de ses crimes, et des expressions de notre haine.

Mais je suis Français, et malgré l'horreur que ce nom finspire aujo urd'hui à l'Europe, e n'ai point oublié son ancienne gloire Les scélérats qui nous ont déshonoré, passeront et la France survivra. Je tiens à mon pays, des et j'aime encore mieux être proscrit par directeurs indigènes, qui ne sont point mi

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mortels, que d'être éternellement humilié sous le regard dédaigneux d'un maître étranger qui ne nous aime pas, qui traitera notre pays en pays de conquête, qui le morcelera, qui l'asservira comme le Bengale, et qui n'a pas plus d'envie d'y rétablir la monarchie que d'y conserver la république.

Telles sont les raisons qui m'empêchérent toujours de me livrer aux folles espérances et aux projets chimériques des malheureux royalistes.

Telles sont encore les motifs qui m'ont toujours dégoûté des partis, des factions et des complots, persuadé, avec Epaminondas, que l'esprit de parti n'est jamais celui de la raison, et par conséquent se venge au lieu punir, unit les hommes par l'intérêt d'une haine commune, et jamais par l'amour de la patrie (1).

Au malheur de n'avoir jamais été fanatique d'aucune opinion, je joins celui de

(1) Epaminondas, dit Plutarque, refusa d'entrer dans le complot formé par ses amis pour délivrer sa patrie du joug des Lacédémoniens : la raison qu'il en donne fut que prévoyant que les conjurés ne se borneroient point à la mort des tyrans, il ne vouloit point tremper ses mains dans le sang de ses concitoyens.

vouloir toujours raisonner ma conduite; et cette manière ne convient ni aux factions ni à leurs chefs.

Je dis le malheur, parce que je sens que le fanatisme exempt de craintes, soit par l'exaltation du courage qu'il inspire, soit par la sécurité qu'il fait naître, procure beaucoup de jouissances que ne connoissent pas les gens froids et méthodiques.

Il y a peu de fanatiques aujourd'hui ; en récompense il y a beaucoup de dupes et de fripons.

Je voudrois bien n'être ni l'un, ni l'autre; ce qui n'est guères possible en révolution ; il faut opter.

C'est toujours avec un beau zèle pour nos intérêts, et un brûlant amour tantôt pour la religion, tantôt pour la liberté que les recruteurs de partis et les embaucheurs d'opinions nous abordent, nous autres chétifs soldats, instrumens aveugles ou passifs d'entreprises dont nous ignorons le secret, et dont nous ne recueillons jamais le fruit.... Tant qu'on a besoin de nous, nous sommes les colonnes du temple, les forts d'Israël, les braves par excellence. On fait briller à nos yeux l'or et la gloire, puissances ma

giques qui de tout temps ont agité, séduit ét frustré l'univers. Echouent ils? ils nous abandonnent dans le précipice dans lequel ils nous ont lancés; c'est nous qui payons les frais de leurs sottises. Réussissent-ils ? ils nous oublient dans la foule; nous devons nous estimer trop heureux de leur avoir servi de marche-pied.

Ainsi va le monde. Tels ils sont tous et dans tous les pays mais j'aime le mien, et je voudrois bien que les Anglais n'y fissent pas la loi.

C'est encore avec moinsde raison que nous voulions la faire chez eux.

Nous étions parvenus à soulever l'Irlande; mais de tout temps l'Irlande a porté impatiemment le joug de la Grande-Bretagne. Il n'étoit pas difficile de rallumer dans le ceur de ses habitans et l'amour de la liberté et la haine pour leurs oppresseurs.... Quelques frégates et quelques vaisseaux de cabotage attirés par l'appas d'un gain immense, avoient réussi à jeter sur ses côtes quelques aventuriers, quelques armes et beaucoup 'de promesses. Lorsqu'on avoit voulu mettre de l'appareil dans ces secours éventuels, les

flottes et les secours étoient constamment tombés au pouvoir des Anglais.

De la difficulté d'arriver en Irlande, où nous étions appellés et secondés par un nombreux parti, le directoire aurait dû conclure et prévoir celles qui l'attendoient en Angleterre, s'il n'eût pas été complettement aveuglé par la colère ou par la vanité.

Il est vrai qu'on avoit soin d'entretenir son aveuglement par les plus grossières et les plus ridicules déceptions.

Les uns lui faisoient envisager dans le pillage de la banque de Londres des richesses immenses, le dédommagement de [toutes 'ses dépenses, et même l'hypothèque d'un emprunt de 80 millions qu'il demandoit alors à la nation.

Les autres lui proposoient de conduire une armée de cent mille hommes et trois cents pièces de canon dans un ballon, à travers les airs, ou dans un scyphon par dessous les eaux.

Il étoit fort indifférent que de pareilles extravagances tombassent dans la tête de Mr. Thilorier ou de tout autre échappé des petites maisons; mais ce qui ne l'est pas;

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