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2794, pour conserver la neutralité de ce pays là; quant à Reubell, on entend dire de toutes parts qu'il avoit dans le cœur la mission lucrative des Forfait, des Grugeon et Rapinat. Quel est donc le farouche diplomate qui a pu méditer, composer, expédier et signer les instructions et dépêches diplomatiques qui ordonnèrent une aussi trange dépopulation d'un peuple ami?

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CHAPITRE XXVIL

Descente en Angleterre.

Un homme s'est rencontré d'une profondeur d'esprit incroyable, hypocrite, rafiné, autant qu'habile politique, capable de tout entreprendre et de tout cacher; égale ment actif et infatigable, si vigilant et si prêt à toút, qu'il n'a jamais manqué aucune occasion de seconder la fortune. >>

BOSSUET.

MAIS cet homme étoit Cromwel.

Lorsque Cromwel disoit : Je veux qu'on respecte la république anglaise, autant qu'on respecta la république romaine, ses flottes couvroient les deux mers; ses magasins étoient fournis pour trois ans ; le trésor public étoit garni de 24 millions tournois; toutes les charges de l'état étoient acquittées. Il faisoit trembler la France et l'Espagne, les deux premières puissances de l'Europe.

Et nous qui répétons sa phrase orgueilleuse, quels sont nos moyens d'exécution? Nous n'avons de vaisseaux que ce qu'il en faut pour alimenter la marine d'Angleterre ;

nos magasins sont vuides; le trésor public est à sec; aucune charge n'est acquittée : nous menaçons toutes les puissances et nous ne battons que nos alliés. Nous épouvantons l'univers par nos forfaits ou nous excitons ses risées par nos provocations.

L'invasion de Rome et de la Suisse, avoit été promptement suivie des préparatifs d'une descente en Angleterre. Ces préparatifs se poursuivirent avec une vigueur qui ne se ressentoit nullement de notre épuisement. La France étoit couverte de nombreux bataillons qui se rendoient sur les côtes de Flandre, de Bretagne et de Normandie. Depuis Ostende jusqu'à Brest ce n'étoit qu'un vaste chantier où se fabriquoient des bombardes, des brûlots, des chaloupes, des traineaux et des bateaux plats, qui, au défaut de vaisseaux de ligne, devoient transporter 50 mille républicains jusques dans le cœur de Londres.

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Quelque réel, quelque dispendieux que fût cet armement, son objet continuoit d'être un problême à nos yeux; tandis que Anglais qui en connoissoient mieux l'extravageance que nous mêmes, ne paroissoient nullement douter de son exécution.

Voici ce qu'on lisoit dans le Courrier dé Londres, 21 mars 1798.

«Des gens très-habiles ne veulent pas croire à la descente des Français sur nos côtes. D'autres plus raisonnables persistent dans l'opinion qu'elle sera tentée; et voici les raisons sur lesquelles ces derniers se fondent. >>

«Elle sera tentée par amour-propre. L'amour-propre fera passer par-dessus les dangers; et ceux qui la décrètent ne sont pas ceux qui la feront. >>

« Cette expédition est hypothéquée sur l'honneur national, a dit Jean Debry: nous serions la fable de l'Europe, si elle n'avoit pas lieu. Ce mot dit tout: il est l'arrêt de mort de 100 mille français.

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En supposant la réunion des flottes d'Espagne et de Toulon à celle de Brest, voilà l'expédition en train. La flotte française sera battue; cela est convenu (un tel excès d'orgueil, presqu'inconnu même dans l'histoire des gascons, ne peut être surpassé que par celui du directoire), quel en sera le résul tat? L'Angleterre ne sera pas conquise par 30 ou 40 mille hommes (Guilleaume le conquérant n'en avoit pas davantage ). Le point

de débarquement une fois connu, deviendra celui de la croisière de tous les navires anglais. Tout secours sera rigoureusement intercepté. Pour faire arriver mille hommes et dix canons, il faudra que la France envoie cent canons et dix mille hommes: la descente deviendra son cautère. »

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<< D'ailleurs Buonaparte n'a nulle envie de se noyer ni de faire rire à ses dépens. Enfin, comme il est inévitable qu'une partie de l'armement soit interceptée; ce qui arrivera ne peut être bon à rien, et les Anglais peuvent préparer des prisons. »

Il s'en faut bien que ces raisons de gazetiers soient sans réplique; mais elles prouvent au moins deux choses, c'est que les Anglais comptoient sur la descente et ne la craignoient pas....

Pour s'en garantir, ils menaçoient tantôt les côtes de Normandie, tantôt celles de Bretagne.

Comme ils ont plus de matelots que de soldats, et plus d'argent que de matelots, ce n'étoit point des troupes que vomissoient leurs flottes, mais bien des bombes, des boulets et de l'or; moyens sûrs de nous occuper chez nous, et d'y rallumer les feux

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