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des édiles rappellent les anciennes magistra tures romaines. »

(On conçoit qu'il est plus facile d'en rappeler le nom que l'esprit. Mais pourquoi cinq consuls au lieu de deux ? c'est que nous avons cinq directeurs, et qu'il étoit nécessaire que tous les nouveaux gouvernemens de l'Europe fussent jetés dans le moule du nôtre, pour en défendre la foiblesse ou pour en sauver les balourdises.)

« Le général Berthier est monté au Capitole, et a invoqué les mânes de Brutus et de Caton. >>

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(Hélas ! les mânes de Brutus et de Caton sont restées sourdes à cette invocation; mais le général n'a point échappé au ridicule de cette mauvaise farce....).

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La lecture de ce message fit peu de sensation dans Paris, parce que depuis longtemps on s'attendoit à la catastrophe qu'il annonçoit.

Peut-être n'en fit-elle pas davantage dans le conseil, quoique Jean Debry et le général Jourdan aient déclaré en avoir éprouvé des sensations délicieuses.

Mais une moustruosité qui révolta tous les cœurs honnêtes, ce fut la conduite du mar

quis de Massimi, ambassadeur de S. S. auprès de la république française. Le jour même que ce message instruisoit l'Europe de la chûte du gouvernement dont il étoit l'envoyé, il crut devoir en manifester sa joie par un bal public, qu'il donna à son hôtel, rue Saint-Dominique.

Que dans sa position critique, il n'eut rien dit, ni rien fait pour suspendre la révolution de son pays; cela se conçoit, quand on connoît le caractère timide et ravalé de la plupart de ces nobles de nouvelle création; mais afficher la joie au milieu d'un deuil universel, danser sur les ruines de son pays, célébrer par un bal public la mort de son bienfaiteur, n'est-ce pas sous quelques rapports, justifier la révolution d'avoir écrasé sans retour ces fils ingrats de la fortune et du hasard ?

Cependant le pape retiré à Sienne y vivoit sous la protection du grand-duc de Toscane, des aumônes du chapitre de Prague et de l'archevêque de Tolède.

Avant qu'on lui permit de sortir de Rome, le général Berthier lui fit offrir la cocarde nationale et une pension. Il fit la réponse qui suit :

« Je ne connois, monsieur, d'autre uni

forme que celui dont l'église m'a orné. Vous avez en votre puissance la propriété de mon corps et non celle de mon ame; je reconnois la main qui chatie les brebis et accable le pasteur pour les fautes de son troupeau ; je l'adore et me résigne. Je n'ai pas besoin de pension; un sac et une pierre suffisent au vieillard qui veut finir ses jours dans la pénitence. Pillez, monsieur, dévastez, incendiez à votre volonté, détruisez les monumens des arts et de la religion; la religion existera après vous comme elle existoit avant vous; elle subsistera jusqu'à la fin des siècles. » Signé, PIE VI.

Ceux des cardinaux qui n'avoient pas pris la fuite avant l'arrivée des Français, furent d'abord arrêtés par eux, puis conduits à Civita-Vecchia, puis déportés (1).

Ainsi expira le 21 février 1798 la puissance temporelle des papes, sous les coups des mêmes Français dont les ancêtres en avoient jetté les fondemens 1043 ans auparavant.

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(1) Ceux qui ont voulu racheter leur déportation par le sacrifice de leur fortune et de leurs honneurs ont été les maîtres de choisir le pays où ils vouloien aller pleurer la perte de l'une et des autres; c'est toute la grace qu'ils ont reçue.

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L'histoire n'a eu que trop souvent occasion de blâmer l'abus de cette puissance dans les mains de quelques mauvais pontifes mais qu'on me cite dans l'univers un seul état qui, dans une espace de 1800 ans, et dans une succession de 284 princes, ait fourni plus d'hommes d'état, plus d'hommes éclairés, plus d'hommes justes, et moins d'oppresseurs de leurs peuples. Pour un Alexandre VI et un Grégoire VII, Rome peut citer avec orgueil Grégoire-le Grand, S. Léon, Sixte-Quint, Benoît XIV, Ganganelli et tant d'autres noms inscrits dans les fastes de l'histoire, aussi avantageusement que dans le calendrier....

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On prétend avoir trouvé dans les prisons du château Saint-Ange, où Cagliostro est mort, une prophétie de cet empirique, qui annonçoit que dans la personne de Pie VI finiroient les pontifs et le pontificat de Rome.

Credat judæus.

Le malheureux pape a été, depuis que ceci est écrit, promené de ville en ville, et de prison en prison, jusqu'à celle de Dijon, où il attend l'ordre de venir à Paris, s'il n'est pas prévenu par la mort.

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Igitur primum pecuniæ, dein imperii cupido crevi Eaque quasi materies omnium malorum fuere, namque avaritia fidem, probitatem, cæteras que artes bongs subvertit. Pro his superbiam', crudelitatem, deos negligere, omnia venalia edocuit ambitio.

SALLUST.

L'EXPÉDITION de Rome étoit à peine terminée que le directoire songeoit à commencer celle de Suisse.

Mais avant que d'y envoyer ses vautours et ses armées, il y faisoit passer depuis long-temps des espions, des propagandistes et des libelles. Par les libelles, il corrompoit, l'esprit du peuple ; par les propagandistes, il divisoit celui du gouvernement; par les espions, il s'assuroit celui des troupes ; trois grands ressorts de sa politique, et les plus puissans véhicules de ses succès.

Il commença par accuser les magistrats de Berne du crime énorme d'oligarchie avant de lui déclarer la guerre pour l'en punir.

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