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vres incroyables, à des vengeances, à l'ambition, à la nouveauté de la scène sur laquelle ils paroissoient en première ligne, à l'impatience enfin d'un changement dont ils étoient les ardens promoteurs. La réputation de Buonaparte, au contraire, tenoit à la magie de la gloire qui l'entouroit, à ses victoires, à ses qualités personelles, à des talens précoces qui en promettoient de plus brillans.

La renommée qui publioit d'un côté les éloquentes philippiques de Mirabeau (1), les succès populaires de la Fayette (2), et les talens financiers de Neker (3), publioit en

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(1) Il est certain que les discours imprimés de M. Mirabeau, n'ont point soutenu leur première réputation; réputation qu'ils durent peut-être au débit dur, haché, beuglé de l'auteur, autant qu'aux formidables circonstances qui en furent à-la-fois le véhicule et le produit.

(2) M. de Lafayette a si cruellement expié dans les prisons d'Olmultz les torts de sa démagogie, qui ne furent peut-être que les erreurs de sa première jeunesse, qu'il seroit aujourd'hui très-peu généreux de les rappeller, autrement que pour en tenir compte à l'histoire.

(3) Ah! combien ce trop fameux Genevois a dû déplorer dans sa retraite de Copet, l'étrange abus qu'il fit de la confiance du meilleur des rois, pour le mettre aux prises avec les plus furieuses passions. Il est difficile de justifier

même

même tems et avec non-moins d'éclat les innombrables fautes d'administration de celui-ci, les trahisons en miellées de celui-là, et la profonde scelératesse du troisième.

La renommée qui vantoit les exploits de Buonaparte en Italie, et ses projets ultérieurs en France, se taisoit sur le reste ou par respect ou par politique.

Il arrivoit à la fin d'une révolution aussi sanglante qu'instructive; instruit à son école et presque pur de ses crimes (1); il pouvoit

ses talens sans faire le procès à sa probité; ceux qui ne croient pas facilement aux grands crimes, aiment mieux le croire inepte que fripon.

(1) L'histoire inflexible n'oubliera point qu'il commandoit les troupes de la convention aux jours funèbres de vendémiaire. Ce fut, dit-on, le commencement de sa fortune; mais c'est une tache de sang que rien ne sauroit effacer. La même impartialité qui nous a fait conserver ce qu'on pensoit de Buonaparte à Paris, nous impose le devoir de consigner également ce qu'on en disoit à Londres. Peut-être que ni l'une ni l'autre de ces deux opinions n'est la véritable..... « Révolutionnaire par tempérament, dit M. Mallet-Dupan, conquérant par subornation, injuste par instinct, outrageant dans la victoire, mercenaire dans sa protection, spoliateur inexorable, acheté par les victimes dont il trahit la crédulité, aussi terrible par ses artifices. que par ses armes déshonorant la valeur par l'abus refléchi

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se présenter à tous les partis, les concilier, ou les braver à volonté; mais leur dire à tous je n'épouse aucune de vos querelles, mais j'ai le moyen de les faire cesser.

Avec quelle satisfaction j'ai vu les hommes les plus raisonnables, se repaître de l'idée chimérique de voir par lui renaître les beaux jours de la France.

Quels droits immortels ce jeune aventurier eût obtenu à notre reconnoissance, si après avoir tant fait couler de sang il eût voulu s'oc2 cuper des moyens de secher nos larmes ; si imposant un terme à la révolution, et des bornes à ses conquêtes, il eût daigné ajouter une branche d'olivier aux lauriers dont sa tête étoit ombragée, si enfin supérieur à la fausse gloire, comme à la fausse honte, il eût pu se résoudre à fermer les plaies du 13 Vendémiaire en retournant le 18. Fructidor contre ses auteurs.

Il l'auroit voulu, sans doute, si les con

de la foi publique, couronnant l'immoralité des palmes de la philosophie, et l'oppression du chapeau de la liberté, ce Corse heureux, portant d'un main la torche d'Erostrate, et de l'autre le sabre de Genseric, avoit projetté d'enterrer Ja Suisse sous les décombres de l'Italie».

seils moins excités par leurs orateurs, moins aveuglés par leurs flatteurs eussent senti la nécessité en révolution de joindre la force au droit, et d'assurer la puissance d'opinion, sur celle des armée.

-Ils craignoient de se mettre à leur discretion, et de se donner un maître dans leur chef. Cette crainte n'étoit pas fondée...

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Il n'y avoit, même dans ce temps-là, ni assez d'union, ni assez de vigueur dans les armées pour promettre, n'importe à quel de leurs chefs, l'espoir et les moyens d'établir une dictature militaire.

La même vanité qui eût empêché les citoyens de reconnoître un roi dans un avocat, auroit empêché les soldats de reconnoître un protecteur dans un sergent aux gardes, un brasseur de bierre, un lieutenant d'artillerie,

ou tout autre.

Pour conserver son crédit sur l'esprit de ses soldats, le général qui voudroit franchir l'intervalle qui le sépare du pouvoir suprême, seroit contraint de fermer les yeux sur leur indiscipline.

Or, à moins qu'il n'eût le génie de César et ses légions, il devoit voir sortir infaillible

ment de cette indiscipline et la perte de som autorité et le renversement de sa fortune.

Mais le moule de César est brisé, et Buonaparte n'a pas avec lui plus de ressemblance que n'en eurent les bandes avanturières qui ont désolé l'Italie avec les légions qui conquirent jadis les Gaules.

D'où il suit que Buonaparte n'eut jamais songé à subjuguer les conseils, où eût échoué dans son entreprise. Encore un mot.

La force des généraux, comme celle des rois, n'est qu'une force d'opinion qui se compose, 1o. de la supériorité que chacun accorde volontiers à celui qui conduit; 2°. du besoin que tous sentent confusément d'être conduits.

Mais lorsque le soldat ne voit plus dans son général qu'un complice de sa révolte, il se met bientôt à son niveau, comme dit Lucain: Scelus quos inquinat, æquat. Lorsque le premier des généraux, par le talent, trouve dans tous ses collégues des rivaux de gloire et des concurrens de pouvoir; lorsque par suite d'une longue et sanglante révolution tous les droits, tous les intérêts, tous les pouvoirs sont confondus, je ne vois

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