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Les dupes, citoyen Bailleul, étoient ceux qui opposoient la constitution à vos canons, la patience à vos outrages, et de pusillanimes négociations, à vos menaçantes déclarations.

Les dupes étoient ceux qui croyoient au désinteressement des patriotes, à la probité des directeurs, à l'existence de la république et à la conspiration des conseils.

Les dupes seroient encore ceux qui, trompés par vos impostures, trouveroient dans votre triomphe ephemère, la justification de vos crimes, et penseroient que l'immortelle journée du 18 fructidor, a sauvé la patrie en la livrant à des brigands.

<< Les journaux étoient le plus puissant mobile de ces coupables trames; les journaux, qui chaque jour portoient aux extrêmes frontières les conseils de révolte et de mort. Ne savons-nous pas que les auteurs de ces affreux libelles étoient des royalistes salariés, des échappés de seminaires, ce que la théo logie et la perfidie sacerdotale ont vomi de plus impur? Ne savions-nous pas qu'ils avoient fait de la contre-révolution leur domaine? ne connoissons-nous pas la rage qui les dévoroit? et nous ne prenions aucune mesure! il falloit Fructidor, pour qu'ils fussent déportés.

qu'au directoire. On ne conspire point dans une nombreuse et publique assemblée. On ne conspire point sous les yeux de son ennemi. On ne conspire point avec des phrases bannales, des maximes de morale, et des hommes inconnus les uns aux autres; tous ces contes bleus de prétendues conspirations ne sont plus bons qu'à bercer des enfans. On devroit bien se dispenser des frais de tant d'impostures, lorsque personne n'y est plus trompé.

<< La déportation fut la peine des conjurés. Le sang ne coula point : les barrières de Paris ne furent fermées qu'un instant. » (ibid.)

-Le sang ne coula point! parce qu'ils n'osèrent le faire couler. La déportation fut la peine des conjurés! mais cette peine équivaloit à celle de mort. C'est une insigne hypocrisie, de la vanter comme mesure d'humanité, lorsque dans le fait et dans l'intention de ceux qui la donnèrent, ceux qui la subirent ne devoient plus revoir leur patrie.

que

La Guyane fut le tombeau de tous les vagabonds M. de Choiseuil y envoya et les triumvirs comptoient bien qu'elle deviendroit celui de tous leurs ennemis, comme elle est, en effet, devenue celui de MM. Muri

nais,

nais, Bourdon de l'Oise, Tronçon du Cou dray, Berthelot-de-la-Villeurnoy, Rovère et Brothier.

Le citoyen Bailleul termine son rapport par des voeux qu'il adresse aux magistrats sau veurs de la république. Mais la seule conclusion qu'il en tire, c'est que pour la conservation de leur ouvrage il importe essentiellement de ne donner de place qu'à leurs coopé rateurs; c'est-à-dire à lui Bailleul et à ses amis.

On a comparé ce rapport à celui d'Amar sur les 22. Quelle différence? Amar étoit plus habile et plus méchant que Railleul, c'est faire trop, et trop peu d'honneur à celui-ci que de le comparer à l'autre.

D'autres ont paru surpris qu'on ait remis en d'aussi foibles mains la défense d'une cause qui exigeoit tous les talens du vainqueur.

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En supposant, ce que je n'admets pas, que tous les talens des vainqueurs ne soient pas réunis dans le plaidoyer de Bailleul; on pourroit trouver le mot de l'énygme dans le sort qu'ont éprouvé tous les grands rapporteurs des différentes assemblées nationales.

Les orateurs des conseils veulent bien

F

soigner leur gloire, mais non pas aux dépens de leur vie.

Bailleul s'est apperçu qu'on lui avoit tendu un piége. Depuis ce tems-là il ne rêve plus que gibets, complots, Russes et massacres. Il en devient fou.

Tristes effets d'une imagination malade! Triste salaire de tant de rapports fastidieux!

Triste fin d'un homme qui n'étoit pas plus né pour la scélératesse que pour la célébrité. Après avoir analysé les moyens du 18 fructidor, nous allons en examiner les causes.

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CHAPITRE IV.

Première cause du 18 Fructidor, tirée de la divergence des factions qui régnoient dans les conseils.

Toute assemblée est peuple.

MONTAIGNE.

Il n'y a point de grande assemblée politique

sans passions, et conséquemment sans partis. Mais toute assemblée dont la majorité n'a pas de but commun, point de centre, point d'esprit de parti, est une cohue, et n'est que celave

Tels étoient les conseils avant le 18. Les uns vouloient la constitution de 95 dans son intégrité; les autres vouloient la modifier. Quelques uns vouloient ramener l'ancien ordre de choses, sans nous faire grace d'aucun de ses abus. Quelques autres vouloient un roi, mais constitutionnel; le plus grand nombre hé savoit ce qu'il vouloit. Chacun de

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