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Ainsi, nous avons vu tomber successivement les uns sur les autres les auteurs des fameuses journées du 14 juillet ( Necker, Lafayette et d'Orléans); 10 août (Vergniaud, Rolland, Guadet et Condorcet); 31 mai (Marat, Rovère et Danton); 9 thermidor (Barrère, Billaud-Varennes et Collot-d'Herbois ).

Ainsi, dès le lendemain de la chute du trône, ceux qui l'avoient opérée furent impitoyablement traités de royalistes.

Ainsi, Tallien et Fréron recueillirent les fruits du 9 thermidor qu'ils n'avoient pas fait, et régnèrent dans cet intervalle de tems, que Bailleul appelle une vaste anarchie.

Cependant les hommes tombèrent, et le systême demeurait. L'opinion révolutionnaire s'avançoit imperturbablement au milieu des catastrophes de ses apôtres. Il sembloit qu'une invisible main conduisoit dans le même aby me les bourreaux et leurs victimes.

La journée du premier prairial rendit aux restes de la Gironde le pouvoir qu'elle ravit aux thermidoriens.

Mais la Gironde toujours flottante, toujours foible et ambidextre, tint lâchement les rênes

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qui venoient de tomber dans ses mains. Elle se laissa envahir par tous les partis.

Les royalistes envahirent comme les autres: et plus que tous les autres, ils avoient le droit de rentrer dans leur domaine. La France, respirant sous ce gouvernement acephale, laissa échapper son vou pour un roi : Elle fut royaliste pendant trois mois. Le 13 Vendémiaire vint ranimer le flambeau révolutionnaire allangui dans les mains des 73. Les Dantonistes, les Thermidoriens et les Jacobins s'emparèrent et se partagèrent leurs dépouilles, qu'un autre parti leur dispute aujourd'hui. Voilà la vérité dégagée de l'imbroglio des journalistes et du pathos de Bailleul.

« Les malheurs de Prairial déterminérent la direction, que depuis un certain tems les royalistes essayoient de donner à l'esprit public. >> (pag. 4).

-Savez-vous pourquoi cette journée du 4 Prairial, qui pendant trois mois fut une victoire glorieuse sur les anarchistes, n'est plus aujourd'hui qu'un malheur?, c'est que les Dantonistes et les Thermidoriens qui furent tous renversés pêle mêle avec les anarchistes, sont aujourd'huiles plus forts? c'est en second

qu'il est réduit à l'impuissance et d'en rece voir le prix et d'en éviter la honte.

Observons en second lieu que le lâche qui profite de sa disgrace pour lui reprocher et sa naissance et ses trahisons, rampoit à ses pieds lorsque la victoire le courortnoit.

Observons en troisième lieu qu'il est trèsplaisant d'entendre un homme qui doit sa fortune et son existence à la révolution, argumenter de l'obscurité de la naissance contre l'éclat du mérite; et reprocher à la république d'avoir élevé Pichegru à ses premiers emplois.

« Il n'entra dans la Hollande que parce qu'il y fut forcé par les représentans du peuple.» (Ibid).

-Si Pichegru avoit suivi les conseils des ineptes députés qu'à lui, comme aux autres généraux, la convention et depuis le directoire prétendirent donner comme censeurs la Hollande seroit encore à prendre et certes n'en seroit pas plus à plaindre.

<<< Heureusement le plan de sa trahison tomba dans l'oreille d'un prince de Condé, qui n'a de Condé que le nom et qui, sur tout le reste, est le plus petit des hommes, sans moyens, comme sans caractère, envi

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ronné; dominé par les hommes les plus médiocres, les plus vils et les plus pervers. » (pag. 9).

-Un Espagnol montroit un jour l'Escurial à un Français, et lui disoit : « Philippe II fit bâtir ce magnifique palais, en mémoire de la bataille de St Quentin... ...>> Certes, lui répondit le Français, Philippe II dut avoir une belle peur, si l'on en juge par la grandeur de l'ex-voto.... Si l'on juge du mérite d'un homme par la crainte qu'il inspire à ses ennemis; le prince de Condé doit être satisfait de la part que lui fait ici Bailleul.

<< Condé tenoit à la gloire de faire seul la contre révolution. D'après le plan de Pichegru, il falloit la partager avec les Autrichiens. Condé rejetta ses offres. » ( Ibid).

-Les gredins nous font agir et parler comme eux, disoit le grand Condé, en parlant des Bailleuls de son tems...

Je ne sais pas si le prince de Condé est assez vain pour tenir à la gloire de faire une contre-révolution tout seul; mais assurément il n'y a que Bailleul au monde qui le suppose assez stupide pour repousser les auxiliaires ou les agens subalternes dont cette opération ne peut se passer.

« Pichegru ne cède point, il trouve le plant des princes mauvais, il persiste dans le sien, ou plutôt il n'en a plus. » (pag. 11).

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--Comme tout ce galimathias est sale et dégoûtant! Pichegru a un plan et n'en a plus. Il le présente et le retire, il persiste et se désiste.. Il veut être chef de parti, et il se mutine comme un enfant. Certes Bailleul avoit raison; le Pichegru dont il parle n'étoit pas en état de rester sergent dans un régiment d'artillerie, et ne dut être qu'un commis dédaigné dans les bureaux de la guerre; mais ce Pichegru n'est pas celui que l'Europe entière a reconnu pour le premier général de la république. Ses lauriers n'ont jamais dégoûté du sang de ses concitoyens. Ses talens n'ont été déshonorés par aucune bassesse. Comme l'amiral Black, il servit honorablement son pays; et ne fut point, comme Bailleul, le vil esclave des tyrans qui l'opprimèrent, Il conquit la Hollande au milieu des glaces de l'hiver en 1794, et il sauva Paris des fureurs de l'anarchie le 4 Prairial 1795.

Reformé par ceux-là mêmes qui lui devoient la vie, il se retira sans murmurer dans son pays natal.

Il y vivoit au milieu d'un petit cercle d'amis,

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