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Combien de gens qui paieroient sans hésiter, l'un sa cotte de 500 francs, l'autre celle de mille francs, parce que c'est réellement ce qu'ils doivent dans la proportion de leurs biens à l'impôt ; et qui ne payent rien du tout, parce qu'on demande au premier 1200 francs, et au second 2 mille écus... Voilà pourquoi les trois quarts des départemens sont en arrière de l'an 6.

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2° Lorsqu'il n'est pas possible de soustraire. ou sa terre, ou sa maison, aux atteintes d'un fisc oppresseur, ni de se garer des fantaisies d'un gouvernement cupide et insatiable, les terres et les maisons sont de mauvais biens. Chacun se hâte de vendre celles qu'il a; où vend à tout prix. Tout le monde veut mobiliser sa fortune pour en sauver la moitié.

3°. Mais lorsque la richesse d'un pays agricole n'a plus la terre pour base, toute l'industrie, toutes les spéculations n'ont plus que F'argent pour objet.

On ne connoit, on ne désire, on ne rêve, on ne travaille que l'argent. Mais comme ce travail en centuplant sa circulation n'en augmente pas la masse il doit en augmenter la valeur. Aussi l'intérêt de l'argent a-t-il été

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couramment, après le 18 Fructidor, de 36 à 48 pour cent par an, taux inoni dans l'histoire du commerce, depuis la découverte de l'Amerique.

N'oublions pas dans l'énumération des torts de ce régime pillard et dévorant les impositions établies pour ce qu'il appelle les dépenses locales, c'est-à-dire pour frais de bureau, de commis, de feu, de chandelle et d'eau de vie; sortes de dépenses qu'obtenoient d'emblée toutes les administrations favorites, c'est à-dire esclaves de l'idole du jour, et qu'on n'a pas eu honte de porter dans certaines communes jusqu'à 60 mille francs; sorte de vexation inconnue.dans l'ancien régime, mangerie arbitraire, inique et d'autant plus accablante pour ceux qui la supportoient, qu'elle étoit souvent l'œuvre de la haine et toujours la pâture de la cupidité...

Où vont donc s'engloutir tous ces trésors? Que sont donc devenus les biens du clergé, les domaines du roi, ceux des émigrés, l'argenterie des églises, les diamans de la couronne, le produit des requisitions, des contributions, des pillages commis dans l'intérieur et dans les pays conquis?...

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La

guerre en a dévoré une partie, dit-on; gouvernans ont partagé l'autre avec les fournisseurs...

C'est un grand et rare scandale que celui du luxe établi par quelques gouvernans et par tous les fournisseurs.

Les plus beaux hôtels, les plus beaux cheles plus jolies femmes sont leur par

vaux,

tage.

Ils jouissent sans mesure, sans délicatesse et sans prévoyance.

Aidez moi donc à dépenser mon argent, disoit l'un d'eux à son maître d'hôtel..

Misérable! tu n'as donc pas entendu le cri du pauvre père de famille qui demande un morceau de pain à la porte de ton palais, dont il étoit jadis propriétaire..

Tôt ou tard une main de fer impitoyable doit écraser ces impitoyables sang-sues. Tot ou tard une chambre ardente doit reviser ces fortunes colossales.

Déjà le peuple en fait justice par ses murmures... Voit-il passer une voiture élégante, un cheval superbe, des femmes délicieuses? il crie tout haut, laissez passer les parvenus! du mépris à l'insulte, il n'y a pas loin pour peuple; et nous avons vu plusieurs scènes

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très fâcheuses pour les nouveaux riches, lesquelles en préparent d'autres.

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Il est difficile, je l'avoue, de voir de sangfroid toutes les maisons royales habitées par d'obscurs fripons; des avocats qui n'avoient pas avant la révolution de quoi s'acheter une robe de palais, propriétaires du revenu d'une province; des laquais, des frotteurs, des portiers devenus grands seigneurs, occuper les hôtels de leurs maîtres, insulter à notre misère, dépenser 50 louis par jour, perdre 25 mille francs au jeu, et refuser un écu au malheureux qui, faute de l'obtenir, va se précipiter du haut des ponts dans la rivière...

La chûte du triumvirat a découvert bien des ordures et révélé de bien infâmes mystères.

Qui eût jamais imaginé qu'on eût pu vendre les fusils de la république à 20 sous pièces, lorsqu'elle les payoit 24 francs? Il seroit à desirer que leur procès s'instruisit dans toutes les règles; à combien de révélations plus curieuses il donneroit naissance!... On assure que Reubell a écrit jour par jour, heure par heure, tout ce qu'il a fait, dit et vu depuis 1789 et on ajoute qu'avec ces notes il brave la haine de Syeyes et la colère de Barras...

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Je ne serois pas moins curieux de voir celles de Ramel, de Schérer, de Threillard et surtout de Talleyrand... Tandis que ces escrocs nous mettoient au régime de la diète la plus sévère, ils vendoient la république, ils faisoient nôces et festins, ils donnoient des fêtes magnifiques..

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Ceci nous rappelle la fête donnée. par dernier à madame Buonaparte... Elle étoit brillante, nombreuse et de fort bon goût. Cent jolies femmes étoient servies par autant de chevaliers. Abondance de fleurs, de glaces et de valets; excellente musique, excellente chère, table de 200 couverts, salles de jeu, salles de danse ; je reconnus dans cette occasion le goût, l'esprit et la galanterie de l'ancien évêque d'Autun; mais non sa politique.

Ceci nous rappelle encore la fête que le corps législatif donna le 30 frimaire au général Buonaparte...

Elle consistoit principalement dans un diner, mais tel qu'Apicius nepotum omnium altissimus gurges, comme l'appeloit Pline, en eût été dans l'admiration...

On y remarqua huit commissaires, trentedeux maîtres d'hôtels, huit cents couverts 1

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