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nommé, et par quelle raison ses dépositaires ou receleurs tardèrent-ils si long-tems à le vider?

N'étoit-on pas en droit de se défier d'une publication faite si à propos, que ceux contre qui elle étoit dirigée ne pouvoient plus la contester, et ceux en faveur de qui elle étoit combinée en avoient le plus grand besoin? D'ailleurs, l'évidente fausseté de deux des pièces y contenues, suffit pour démontrer celle des autres. On suppose dans l'une dans l'une que le quartier-général de Pichegru étoit placé à Altkirk; et, dans le vrai, Pichegru n'a jamais eu son quartier-général à Altkirk. On suppose dans l'autre, que Pichegru accepte des pensions pour sa femme et ses enfans, et Pichegru n'étoit point marié.

Ineptes scélérats, qui n'avoient seulement pas l'esprit d'inventer des romans vraisemblables, et qui ne s'envelopoient de si grossiers mensonges, que parce qu'ils comptoient les soutenir toujours par la force!

C'étoit donc principalement contre Piche gru que cette frèle machine étoit dressée.... c'étoit pour appuyer la grande conspiration royaliste, dont on vouloit le faire chef à tout prix.

Il est vrai que les intelligences qu'on lui supposoit avec M. le prince de Condé, ses relations avec les émigrés, la promesse qu'on lui faisoit du bâton de maréchal de France, d'un cordon rouge, de la terre de Chambord, et de 200 mille livres de rentés, etc.... faisoient rire le peuple qui sait, depuis longtems, comment se fabriquent toutes ces grandes conspirations, mais jettèrent dans l'esprit des soldats de facheuses impressions sur le caractère de celui de leurs généraux, que jusqu'alors ils avoient respecté davantage.

Ces hommes, machines sous tous les rapports, ne savoient plus que penser du républicanisme d'un homme qu'on mettoit en relation avec le prince de Condé, et à qui on promettoit le bâton de maréchal de France pour remettre un roi sur le trône.

La veille, le nom de Pichegru retentissoit avec honneur à leurs oreilles. Le lendemain, 2 il ne se marioit qu'avec ceux de royaliste et de conspirateur.

La veille, il eût été difficile, et peut-être même dangereux, d'arrêter Pichegru au milieu de la garde du Luxembourg, et le lendemain on l'arrêta, et on auroit pu le

fusiller impunément au milieu de celle des

deux conseils.

Tel est le sort des hommes et des choses en révolution! il tient à un miserable fil que la plus sotte imposture ou le moindre revers peuvent rompre du soir au matin.

Les auteurs de cette intrigue en ont si bien ↑ senti la foiblesse, qu'ils firent publier quelques mois après, pour renforcer les pièces du porte - feuille d'Antraigues, d'autres pièces extraites du chariot de Kinglin. Nous citerons la plus remarquable, c'est-à-dire celle dont on a voulu tirer plus d'inductions.

Lettre de Demouget, de Strasbourg, au général Kinglin, désigné sous le nom de

Persée.

JE

31 Décembre 1791.

«Je pense que vous joindrez le laurier (Condé) et que vous insinuerez bien aux Autrichiens de l'épauler de leur mieux, en cas que ce dont nous avons parlé sur les tresses (Strasbourg) puisse se mettre en œuvre, comme le desire si ardemment le laurier, si Poinsinet (Pichegru) qui est bien dévoué, peut le faciliter. Les dégoûts, sur le

certains, effarés, mais étrangers au grand mouvement qui se passoit sous leurs yeux et qui alloit changer leurs destinées, avoient l'air d'assister à un dramelugubre, dont ils attendoient' le dénouement pour en applaudir les acteurs.

Le quartier St-Germain ressembloit à un camp retranché devant l'ennemi: celui de StHonoré au parterre de Nicolet dans la scène miraculeuse du festin de Pierre.

Cet engourdissement fit bientôt place à la frayeur, lorsqu'on entendit les crieurs hurler le décret qui déclaroit royalistes, traitres, rebelles et conspirateurs, tous ceux qui prévoyant cette catastrophe avoient fait quelques efforts pour la prévenir.

Un de ses principaux auteurs, qui pense avec Danton que les révolutions ne se font qu'à coups de sabres, et dit avec Barrère que les morts seuls ne reviennent pas, auroit bien voulu TRAVAILLER LA MARCHANDISE; mais les deux autres, soit différence d'opinion, soit, comme il est plus vraisemblable, crainte des suites, refusèrent leur consentement à cette boucherie, et crurent pouvoir concilier leur repos et l'humanité, en condamnant leurs ennemis à mourir lentement sous la ligne.

En conséquence de cet arrangement, la

commission des conseils chargée d'examiner les papiers de la conspiration qui venoit les eut examinés en 3

d'être découverte

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minutes, et n'en mit pas davantage à rédiger un décret en 40 articles qui annuloit les opérations primaires et électorales de 49 départemens établissoit go commissions militaires à l'effet de condamner à mort tout François qui inscrit à son insçu sur une liste d'émigré, n'émigreroit pas réellement pour s'y soustraire ; ( on étouffe d'indignation en rappellant cet horrible rafinement de tyrannie; Merlin seul étoit capable de l'imaginer), condamnoit sans examen sans jugement préalable, sans aucune formalité, deux directeurs, deux généraux et cinquante trois députés à la déportation, et accordoit au directoire les attributs de la dictature la plus absolue.

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C'est dans cette loi que les usurpateurs placèrent leur salut et celui de leur république.

Cequi, dans sa conception, fut l'ouvrage du triumvirat seulement, ou du triumvirat uni aux Jacobins, n'est pas très-aisé à démêler aujourd'hui; mais dès lors on pouvoit prévoir ce qui arrive aujourd'hui, et juger que la mesure

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