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Mirabeau'sentit quel parti on pouvoit tirer d'une telle débauche d'esprit dans un commencement de révolution. Il excita, il encouragea les dessinateurs à donner carrière à leur imagination et l'on vit paroître successivement les aristocrates, les calotins, les robinocrates, Madame Veto, etc.. sur les murs de Paris sur les quais, sur les boulevards et la foule ébahie de s'arrêter et de rire devant ces extravagantes peintures, avant d'assomer ou dégorger les personnages qu'elles représentoient.

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Ce goût s'est refroidi et rechauffé plusieurs fois pendant le cours de nos misères, selon que leurs auteurs ont cru en avoir plus ou moins besoin pour leurs fins.

Il faut qu'ils en aient eu plus besoin depuis un an, car tous les jours, depuis ce tems, il paroit de nouvelles carricatures; tantôt contre les royalistes en déroute après le 18 Fructidor; tantôt contre les Jacobins en mouvement depuis le 30 Prairial. Ici c'est la descente en Angleterre qu'on représente

les

MM. Pitt et Dundas, le Roi et la famille royale, que lords de Wesminster et les belles dames de James-Strect

sont grotesquement traités; bisarrement vêtus et plaisamment groupés.

sous la forme d'une hernie. L'à, c'est l'ascension d'un ballon qui lance des foudres et des carreaux, et plus loin un gros et court démocrate Suisse, à côté d'un long et fluet aristocrate Français, etc... En général de l'imagination sans goût, ou de la méchanceté sans esprit. Cependant vous voyez qu'on s'y attache, et qu'on en rit. Singulière nation! qui rit de tout, qui murmure de tout, et qui oublie tout!

A nous entendre tout seroit perdu, et nos lamentations éternelles pourroient faire croire à la désolation générale. On diroit enfin qu'un crèpe de mort enveloppe notre malheureux pays, et que tous ses habitans, frappés de terreur, sont couverts d'un sac de cendres.. Helas il n'en est rien.

Tandis que nous faisons retentir les deserts 'de nos helas prolongés, il ne tient qu'à vous, Monsieur, d'entendre les cris d'une joie bacchante, et de voir les apprêts d'une fête magnifique.

Les jardins d'Idalie, d'Elisée, de Biron, de Mousseaux, de Tívoli, de Frascati, etc..,

sont ouverts.

Les cabarets, les caffés, les restaurateurs ne désemplissent pas.

Les femmes, qui se vêtissent, sont cou vertes d'or et de diamans.

Les hommes qui jouent, jouent un jeu d'enfer,

Les généraux et les députés sont à table du matin au soir.

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Il y a cent nouveaux restaurateurs et cinquantes guinguettes nouvelles établies depuis le 18 fructidor.

Duplant a vendu plus de perruques dans un an, que Baudouin n'a imprimé de décrets. La liste des mariages est presque aussi nombreuse que celle des divorces.

On a compté 3,450 voitures au dernier Longchamp.

Les Carricks et les Boquets étoient sans nombre, brillans aëriens.... L'emprunt forcé les a faits disparoître.

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Les marchands de vin, de bierre et d'eaude-vie, n'en ont jamais tant vendu.

Il est vrai que les marchands de livres n'en vendent plus.

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Il est encore vrai que les rentiers n'ont plus de chemises, ni les artistes d'ouvrages : que les assassinats sont très-fréquens et les suicides journaliers; que les fêtes se bornent à des feux d'artifice, et les feux d'artifice à des

détonnations, etc... Ce qui feroit croire que notre embonpoint n'est que de la bouffissure, notre gaité de l'ahurissement, nos voitures des fiacres, et nos grands seigneurs, des laquais.

J'ai parlé de divorce! il faut bien en parler dans le chapitre des mœurs : mais le mal, qui en resulte, n'est peut-être pas aussi grand qu'on le croit communément.

Je suis convaincu que, dans l'état actuel des choses, dans l'absence totale de tous les sentimens de morale et de religion, la facilité du divorce a prévenu une très-grande quantité d'assassinats et d'empoisonemens. J'aime encore mieux rencontrer des prostituées que des mégères.

Excepté le très-petit nombre de ceux que la vengeance ou l'ambition met à la tête des partis; les Français s'occupent aujourd'hui moins de politique que jamais.

On médit des gouvernans, on se moque de la république, on parle légèrement de la guerre, de la paix, de Buonaparte, de la monarchie, des Jacobins. On est las de raisonner on décide, on tranche en deux mots et en deux minutes sur les questions les plus importantes.

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L'étoffe, la coëffure, le divorce et la banqueroute du jour fournissent à son en

tretien.

L'art de dire des rien, cet art dans lequel nous excellions jadis, revient à la mode, et, à l'agrément près, se perfectionne de jour en jour.

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On s'habille, on prend le cours, on dine copieusement, on fait une bouillote, on se promène en carrick, on revient pour le thé, on cause sans se répondre, on bâille à se fendre la machoire, et l'on va se coucher, pour recommencer le même cercle le lendemain et les jours suivans.

Telle est la vie de ce qu'on appelle aujourd'hui le beau monde de Paris.

Qu'est-ce que le beau monde ?

-Je n'en sais rien mais vous le trouverez, rassemblé sous différens costumes et avec autant de tous différens; chez les CC. Barras, Talleyrand, Antonelle, Ouvrard, et chez Mesdames de Staël, Talien et de Viennai....

Que fait-on chez madame de Viennai?
-Ou joue.

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hez madame Talien?

On négocie.

Chez madame de Staël?-On s'arrange.

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