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des modèles de courage et de vertu. Elles nous en offrent aujourd'hui de cinisme et de sensualité; c'est que les femmes, comme dit la Bruyère, sont meilleures, ou pires que les hommes.

Depuis que le frein des mœurs ne défend plus leurs charmes des entreprises du libertinage, elles ont pris l'étrange parti de n'op poser aucun voile à ses regards.

Sans une gaze légère, qui dessine plutót qu'il ne cache leurs formes délicates, la nudité seroit complette; mais cette gaze ne s'étend ni sur la gorge, ni sur les bras, ni sur les épaules.

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Les romaines modernes ont les épaules fort blanches et fort belles, je ne suis point surpris qu'elles les montrent.

Mais les Parisiennes, qui les ont en général plates et jaunes, devroient avoir assez d'amour-propre pour les cacher.

Autrefois les tribunaux connoissoient des insultes faites aux femmes. Les églises offroient un asyle à la pudeur. Les regards mêmes de l'honnête homme faisoient rougir le vice, protégeoient l'innocence, et imposoient silence aux plus effrenés desirs.

Aujourd'hui les tribunaux ne connoissent

plus que des crimes d'opinion, les églises sont fermées, le vice seul leve la tête, et les honnêtes gens baissent les yeux.

Si l'embarras de paroître nue fait le charme de la nudité, celle de nos femmes doit être sans charme, comme elle est sans embarras.

Les regards effrontés de celles qui l'affichent, leur démarche ferme, leur voix rauque et précipitée, leur langage Bicêtrique repoussent l'homme le moins délicat. À cet

ensemble grotesque, à ce mêlange ridicule des deux sexes, je ne reconnois plus celui,. dont les graces étoient dans la modestie la force dans sa foiblesse, et l'empire qu'il obtenoit sur nos sens, tout entier dans la réserve avec laquelle il évitoit de les enflammer.

Je ne reconnois pas davantage la phisionomie de Brutus, de Titus et de Caracalla (1), dans celle de ces jeunes gens grouppés autour de cette grande femme brune, qui seroit très-jolie sans sa perruque blonde. Ayez la bonté, Monsieur, de m'in

la

(1) Une de nos plus brillantes Aspasies demandoit un jour à son Alcippe ce qu'étoit Caracalla? C'étoit In femme de Titus, répondit-il, sans se déconcerter.

troduire

troduire dans ce monde nouveau, et sur-tout de m'en donner la carte,

-Très-volontiers. Ce boiteux, dont le manteau noir, bordé d'étoffe cramoisie cache une croix d'évèque, est un ministre nou moins heureux en ga auterie, qu'habile en diplomatie; il raffole des cheveux blonds, et c'est pour en coëlfer sa maitresse, qu'il qu'il a eu la générosité de faire couper les siens.

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Ce grand jeune homme si fluet dont la tête antique à l'air d'être greffée sur un jeune pin, balancé par les vents, est un baronnet Suisse, que l'ambition a piécipité au milieu des ruines de l'égalité, et à qui la passion pour l'antiquité, a tellement tourné la tête, qu'il a cru se donner celle de Tuus, en prenant la forme d'un galérien.

-Voyez vous à gauche, cette espèce de fou qui gesticule comme un pantin et tourne comme une pironette? C'est un artiste tout récemment arrivé de Rome, d'où il a rapporté ce Schall verd, que vous voyez sous son gillet; ces boutons lozanges que vous appercevez à son habit, ce demi bâton avec lequel il joue sur sa demi botte, et ce visage

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blème enseveli jusqu'au nez dans sa cravategris de lin (1).

-Son gros et court voisin est un fournisseur de l'armée d'Angleterre, couvert de marchandises Anglaises depuis les pieds jusqu'à la tête, sans doute en avancement d'hoïrie, sur l'héritage de MM. Pitt, Dundas et Gréenville. Ce n'est point une plaisanterie; sa redingotte, son gillet, sa culotte, ses bas, ses souliers, sa perruque, jusqu'à sa chemise, tout est Anglais. C'est une fuque reur, un engouement né des obstacles le directoire fait semblant de mettre à leur circulation.

Considerez à droite ces trois figures refrognées, immobiles et droites comme des piques. La première, est celle d'un de ces grands hommes qui abandonnèrent la tyrannie, après avoir vécu de ses aumônes; et fournissent aujourd'hui leurs lumières à la nation qui leur a conservé du pain. La seconde est celle d'un poëte admirable qui fait des satires contre les rois, depuis qu'il ne les

(1) Cé costume étoit pourtant celui de nos merveilleux, alors que nous écrivions, il sera oublié demain, lorsqu'on nous lira. Umbra fugit.

craint plus. La troisième est celle d'un orateur sublime, qui prononça hier à la tribune un discours véhément contre les papes, lequel fit fémir de joie tous ses auditeurs. Tous les trois dinent au Luxembourg, dont ils sont les espions aux conseils, et dont ils portent la livrée dans le collet rouge de leur habit.

-D'où vient ce bâillement prolongé?... J'entends... I aissons, j'y consens, les grands hommes du jour, pour examiner les caricatures d'hier.

Vous connoissez cet engouement né avec la révolution pour ces figures grotesques, bisarres, souvent plaisantes, toujours forcées, de personnages ou d'évenemens qu'on veut immoler à la risée publique.

Les Italiens, naturellement bouffons en ont eu la première idée, et c'est d'eux que nous en tenons le mot.

Les Anglais plus hardis, en ont perfectioné l'usage, et j'ai vu des caricatures à Londres qui valoient une Dunciade (1).

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(1) Allez voir, si elle existe encore la nombreuse collection des caricatures anglaises, établie dans les coridors des Capucines, rue Neuye-des-Petits-Champs: c'est-là,

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