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et le vice se montre sans voile; l'innocence reste sans défenseurs, les malheureux sans consolation, et les pauvres sans assistance.

On ne vit plus que pour soi alors que les

liens de la confiance sont brisés et chacun se hâte de vivre quand nul n'est assuré de vivre e lendemain.

Quel est l'homme, quel est le philosophe qui, , ayant secoué le joug de la religion, se refusera à un mensonge, à une bassesse, à une perfidie qui fera sa fortune?

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Les philosophes sont de tous les hommes ceux qui agissent le moins sans motifs personnels; et par conséquent les moins disposés à sacrifier des avantages réels à des vertus imaginaires.

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Qu'on ne s'étonne donc pas que tous les gouvernemens s'accordent mieux des religions que de la philosophie.

La philosophie divise les hommes par les opinons; la religion les unit dans les mêmes dogmes, et la politique dans les mêmes principes; Il y a donc un contrat éternel entre la politique et la religion.

Je doute que les premiers auteurs de la révolution aient voulu nous amener au point où nous sommes; mais on croiroit à la marche

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la

de leurs successeurs qu'ils veulent soutenir gageure, et qu'ils font à nos dépens la terrible expérience d'un peuple sans morale et sans religion; expérience qui nous a déjà

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coûté le repos, et qui bientôt nous coûtera la vie... Hobbes lui-même n'eut pas osé la tenter; ou, du moins, s'il revenoit au monde, il renieroit les conséquences de sa doctrine.

Ma doctrine, diroit-il à tous ces élèves de la philosophie devenus les régens de l'univers, ma doctrine scandalisa tous les gens de bien, alors, qu'égaré par ma vanité, je la publiai en 1657, Vous vous proposez 140 ans après, de marcher sur mes traces, vous avez voulu reduire en pratiques mes plus folles théories; et non contens de scandaliser, vous avez bouleversé l'univers.

« J'avois dit que le bien et le mal, le vrai et le faux n'étoient que des expressions, dont nous ne pouvions constater la verité. »

(Et vous vous avez tellement confondy l'un avec l'autre, qu'il n'y a plus moyen d'en distinguer même les apparences.)

Vous avez d'abord persécuté les royalistes sous le nom d'aristocrates, et vous établissez aujourd'hui une aristocratie nouvelle, en représentant toujours les royalistes sous le nom d'aristocrate.

Vous avez renversé le trône d'un roi que vous accusiez de tyrannie, et vous fondez une tyrannie cent fois plus oppressive sous le nom de république.

Vous accusez la religion d'avoir fait un pacte avec le despotisme, et vous cherchez dans la philosophie les moyens d'éterniser

le vôtre.

Tant que vous avez été pauvres, vous avez armé les pauvres contre les riches; et depuis que vous êtes devenus riches, vous armez les loix contre les pauvres, qui convoitent vos richesses.

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Lorsque vous n'aviez ni état, ni propriétés dans votre pays, vous déclamiez contre les propriétaires, vous voyliez démolir les châteaux ; vous vouliez diviser les grands domaines; aujourd'hui vous ne cessez d'augmenter les vôtres, vous hâtissez des palais, et vous prêchez avec grand zèle le respect aux propriétés.

Lorsque par les principes vous pouviez démolir l'antique édifice de la monarchie sous prétexte de réformer ses abus, les principes étoient votre cri de ralliement, et vous applaudissiez à Robespierre, s'écriant

avec une frénésie calculée: perissent les colonies plutôt qu'un seul principe.

Aujourd'hui qu'ils vous gênent et que vous craignez d'être écrasés par eux, vous les rejettez avec dédain dans la théorie des vains systèmes, et vous appellez ingénieusement principiers les imbecilles qui les opposent à vos bayonettes,

Ainsi donc le bien est ce qui vous plait : et le mal ce qui vous importune.

Le vrai, c'est la conformité des choses à votre intérêt.

Le faux, c'est leur difformité.

Mais comme ce qui vous plait aujourd'hui vous déplaira demain, et que ce qui contrarioit vos intérêts il y a dix ans les flatte aujourd'hui, il n'y a plus moyen de distinguer vos droits de vos caprices, ni l'usurpation de l'autorité légitime; et vous avez perdu jusqu'au droit d'invoquer l'apparence des principes, ce qui n'entra jamais dans les miens.)

J'avois dit qu'il n'y avoit aucune proc priété légitime, ni rien de juste, ou d'in« juste naturellement. ».

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(Et en partant de ce principe abstrait vous avez soulevé les valets contre leurs maîtres,

les enfans contre leurs pères, et les sujets
contre leurs
gouvernemens, sans voir que
vous prépariez la chûte, ou la destruction
du vôtre.

Après avoir mis brutalement la force à la place du droit, vous avez prétendu finement que votre droit seul constituoit votre force.

Après avoir ravalé les hommes au-dessus des bêtes, en ne donnant pour règle à leurs penchans que l'instinct du besoin, vous avez cru les élever au niveau des dieux, en leur offrant pour lumière le flambeau de votre

raison.

Après avoir ôté son guide à la conscience, aux passions leur frein, et sa base à la morale, vous avez cru tout réparer avec des systêmes métaphisiques, et rétablir l'ordre dans la société avec des maximes de philosophie.

Et parce que la nature n'a point fixé les bornes du juste et de l'injuste, vous avez cru qu'il dépendoit de vous d'arracher celles que les convenances éternelles de la justice, d'accord avec le besoin des sociétés, avoient sagement établies, pour les régler à votre manière. Enfin, parce que l'homme sauvage

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