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leurs parens (1): les administrations les donnent en allant au-devant de la tyrannie, qui ne les élève que pour les renverser à son gré (2): l'institut les donne en déclarant que la morale des peuples est indépendante de ses idées religieuses (3).

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Tous en donnent en se vengeant sans pitié, en s'enrichissant sans mesure, en se trompant sans cesse, en se haissant, se dénonçant, se froissant les uns les autres; (car ils ne se réunissent que pour nous scandaliser, ou nous égorger).

Tous professent publiquement l'immoralité, en substituant chaque jour leur volonté à celle de la loi, la force au droit, le caprice à la raison, les mots aux choses, la ruse à la 'droiture, la violence à la foi publique.

La foi publique ! C'est tin mot qui n'a plus 'de sens dans notre pays. Quel étoit son principe? Le respect pour les hommes. Il n'y en a plus. Les hommes sont, de toutes les denrées, exposées dans les marchés de la république la plus vile et la moins chère. Quels

(1) Séance du 18 vendémiaire an 6.
(2) Nominations après le 18 fruc tidor.
(5) Séance de l'institut, du 15 messidor an 6.

étoient

étoient ses effets? Le crédit dans le commerce, il n'y en a plus ; l'encouragement de l'industrie, il n'y en a plus; l'émulation dans les arts, il n'y en a plus; la sûreté sur les grandes routes, il n'y en a plus; le bonheur dans les ménages, il n'y en a plus; la soumission dans les enfans, il n'y en a plus; la fidélité dans les domestiques, il n'y en a plus; la décence dans les vêtemens et dans le langage, il n'y en a plus. L'intérêt, la plus basse de toutes les passions, a pris par tout la place de la foi publique, source et garant des vertus privées.

En effet, sans la foi publique, qu'elle sera la garantie des transactions particulières ?

Le débiteur tuera son créancier pour se débarrasser de sa dette; l'endosseur d'une lettre de change contrefera sa signature, ou la méconnoîtra ; le dépositaire niera son dépôt, deux témoins seront toujours prêts à m'accuser du vol ou de l'homicide qu'ils auront commis, et les jurés toujours disposés à certifier le fait. Le plus hardi des scélérats en sera toujours le moins puni, et le plus honnête homme sera aussi le plutôt sacrifié. Ne comptez ni sur la foi conjugale, ni sur la foi des sermens, ni sur la foi des traités

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lorsqu'il n'y a plus de foi publique. Ne comp tez plus de partisans à la vertu, lorsque toutes les chances sont en faveur du vice. Qui voudroit être bon, juste et honnête au prix d'être toujours malheureux dans ce monde, et de ne rien espérer dans l'autre?

La vie est un passage difficile sur lequel l'amitié, l'amour, la bienfaisance et la religion avoient jetté quelques fleurs.

Hélas! ils ont prostitué l'amitié, flétri l'amour, tari les sources de la bienfaisance, banni la religion, et anéanti toutes les affections libérales, en arrachant du cœur la moralité qui en faisoit le charme.

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« Quand de tristes philosophes ont voulu détacher l'idée de nos devoirs de celle de Dieu, dit l'auteur des opinions religieuses, ils mentent à leur conscience, ou bien, ils s'égarent dans leurs systêmes. Ils appellent le désordre et l'anarchie parmi les hommes. Ils étouffent dans nos coeurs le germe de tout bien. Ils détruisent toute émulation et toute société, en réduisant toutes nos affections à un secret égoïsme, aussi funeste à la popu lation qu'à la vertu ɔ̃›.

«Laissez, laissez donc l'honneur au petit

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nombre, et la religion au peuple, dit M. de Rivarol >>...

« C'est la religion qui attache la multitude à certaines idées, qui la rassemble sans danger, et lui prêche l'égalité et la fraternité sans erreurs et sans crime >>.

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Expression du rapport des hommes à Dieu; elle est l'inestimable caution qu'ils se donnent sur la même foi, le crédit réciproque qu'ils se prêtent sur leurs ames, le gage sacré qu'ils se confient mutuellement sur leur salut éternel, caution, crédit et gage qui reposent sur le serment, lequel sans religion est un imot sans substance. La conscience contracteroit en vain avec elle-même. Il faut l'intervention de Dieu, pour que les hommes he se jouent pas des hommes, pour qué l'homme ne se joue pas de lui-même. La morale sans religion, c'est la justice sans tribunaux. Morale et religion, justice et tribunaux toutes choses corrélatives, et dont l'existence est solidaire, comme la parole et la pensée.

Nous avons vu dans ces derniers tems des hommes qui n'étoient pas sans courage, victimes de la peur, oublier tout, jusqu'au sentiment de la divinité, qui seule pouvoit

adoucir les misères de leur vie et les arracher au néant du tombeau.

Nous avons vu des femmes renommées pour sages se jetter dans les bras des bour reaux de leurs maris, et danser sur la place. où fumoit encore le sang de leurs amis.

Les hommes sans morale et sans religion. sont également incapables de civisme et d'affection.

Lorsque les hommes sont sans affections, les femmes abjurent toute pudeur.

En tout pays les gens chargés d'affaires sont toujours durs, égoïstes et repoussans. Or, Paris étant le centre de celles du plus grand peuple de l'Europe, ceux qui les font sont aussi les plus repoussans, les plus égoïstes et les plus durs des hommes. Les femmes seules pouvoient adoucir l'âpreté, la sauvagerie de ces caractères ; et alors que tout dépendoit d'elles, lorsque rien ne se faisoit que par elles et pour elles, on trouvoit encore à Paris des secours pour les pauvres, du crédit pour les opprimés, et de la justice pour les innocens.

Aujourd'hui que les femmes ont perdu avec le charme de la modestie toute la puissance de leur sexe, la vertu est sans attrait,

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