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n'y a nulle différence entre les héros de l'Iliade et ceux de la Pucelle

Les lois ne sont rien sans les mœurs; mais, de qui dépendent les mœurs, sinon du gou, vernement?

Sous un roi dévot la nation étoit dévote. Regis ad exemplar, etc...

Sous des tyrans féroces et sanguinaires un peuple magnanime devient féroce et sangui naire.

Que parlez-vous de vertus dans les républiques? Mais avant de nous étourdir de vos républiques, commencez donc par nous montrer des républicains.

Si par républicains vous entendez des hommes justes, courageux, ennemis du crime, amis des loix, toujours prêts à défendre l'opprimé contre l'oppresseur, à faire rougir le juge de ses prévarications, et les tyrans de l'abus de leur puissance, n'en cherchez pas le modèle en France.

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Si Montesquieu et J.-J. Rousseau eussent vécu de notre tems ou ils auroient effacé avec dépit ce qu'ils ont écrit de la vertu des républiques, ou ils auroient dit, comme nous: vous n'êtes point en république.

Cependant on nous parle sans cesse de

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mœurs et de vertus. Le bureau central s'oc cupe de règlemens, sur les mœurs ; les directeurs nous recommandent la justice et la probité; les orateurs nous rappellent dans leurs discours, les plus beaux jours de Rome et 'd'Athènes; les journalistes même donnent des leçons de morale évangelique. Tout cela est fort édifiant sans doute, mais ne croyez pas un mot de tout cela.

Ainsi le scélerat Couthon faisoit au nom de l'humanité, son rapport sur l'organisation du tribunal révolutionnaire !

Ainsi Bailleul et la Reveillère, en signant l'arrêt de mort des Fructidorisés, s'écrioient avec hypocrisie, jour de clémence et de justice!

Aujourd'hui plus que jamais, ce qu'on pense ne ressemble point à ce qu'on dit, et ce qu'on dit, n'a rien de commun avec ce qu'on fait.

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Qand je vois, dit J.-J. Rousseau, un homme doré décrier le luxe, un financier les impôts, un prélat la religion; quand j'entends une femme de la cour vanter la sagesse, un grand seigneur la vertu, un auteur la modestie; je conclus qu'on ne se

soucie pas plus d'entendre la vérité que de

la dire. >>

Mais si J.-J. Rousseau avoit entendu Reubell vanter son désintéressement et sa douceur, Merlin sa droiture et son humanité, Talleyrand son civisme, l'abbé Gregoire sa religion, Lareveillère son courage, Antonellè sa modération, Poultier sa véracité, etc., il eût dit : voilà des gens qui se moquent les uns des autres, loin de vouloir persuader ce qu'ils disent, il ne veulent même pas faire penser qu'ils le croient.

On a souvent agité la question de savoir si une société de brigands pouvoit s'établir et subsister.

S'établir? Oui... Subsister? Non.

Et comment un édifice pourroit-il subsister sans fondations.

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Dès qu'un peuple n'a pas d'autre frein l'échaffaud, il n'a pas besoin d'autre législateur que du bourreau, et d'autre perspecque le néant.

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Des bourreaux et le néant! voilà donc le spectacle que nous présente aujourd'hui la nation Française, jadis le modèle des nations, et la gloire de l'Europe.

Au reste

les Français devenus lâches,

grossiers, égoïstes, crapuleux en un mot, profondément corrompus, sont ce qu'ils doivent être, lorsqu'ils ne reçoivent des auteurs de leur esclavage que l'exemple de la corruption et des leçons d'immoralité.

Ils en reçoivent l'exemple dans les dépenses énormes de l'espionnage domestique, des intrigues politiques, des conspirations factices...

Dans l'acharnement avec lequel sont poursuivis les parens d'émigrés, les ex-nobles, les déportés, les prêtres, tous ceux enfin, dont la vertu est la censure du gouvernement, ou dont les biens sont l'objet de sa cupidité.

Dans les orgies scandaleuses des ses représentans, dans leur luxe intolérable, dans le doublement de leurs gages, dans la prostitution de leurs suffrages, dans la dureté de leurs loix, et dans la vileté de leurs per

sonnes.

Dans le choix, pour toutes les places, d'hommes tarés, infâmes et repris de justice? Le qu'as-tu fait pour étre pendu? de Dubois Crancé est reproduit sous une nouvelle forme. On demande aujourd'hui quels gages as tu donné à la révolution; c'est-à-dire, as tu

voté la mort du roi? as tu dénoncé ton père et ton ami? as tu égorgé quelque noble ou quelque prêtre? as tu volé des biens nationaux, brálé des châteaux, démoli des égli→ · ses vomi quelques blasphêmes contre la divinité? A ces titres seuls tu es digne de marcher sur nos traces, et de partager avec nous l'honneur et les profits de la tyramaie. Quels gages...?

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Ils en reçoivent l'exemple, enfin, dans la banqueroute faite aux rentiers, dans les marchés passés avec les traitans, dans le trafic des places, dans le mépris de toute bienséance, dans l'impudence de leurs mensonges et dans l'habitude de tous leurs crimes.

De tels exemples, assurément, sont contagieux, sur tout lorsqu'aucun frein n'en modère les effets; qu'est-ce donc si le gouvernement y joint des leçons publiques d'immoralité ?....

Hébien, ces leçons, le directoire les donne, en promettant des récompenses aux délateurs (1) le corps législatif les donne en brisant les liens qui unissent les enfans à

(1) Récompense de 19 o livres à tout dénonciateur d'émigré.

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