personnes, qui se recompose tous les ans de ses mêmes élémens, est un enfer éternel; son joug est de tous les jugs le plus insuppor table, et celui auquel il est plus difficile d'échapper, quand on a eu le malheur ou la foiblesse de s'y soumettre. Haines particulières, inquiétudes publi ques, troubles annuels, massacres périodi ques, guerres civiles, tels sont les inconvé niens généraux que le 18 fructidor a découverts dans les gouvernemens représentatifs, auxquels il faut ajouter l'ignorance, la présomption, le bavardage, les contradictions et l'instabilité qui, jusqu'ici, ont été le partage, ét paroissent devoir être l'attribut essentiel des chefs de notre république... Maís, qu'est-ce qu'une république? CHAPITRE XI. Le 18 Fructidor a résolu négativement la question des républiques. Rei-publicæ forma laudari faciliùs quàm evenire; Et si evenit, haud diuturna esse potest. TACIT. AVANT ces derniers tems on ne connoissoit que deux formes de républiques; la démo cratie et l'aristocratie. «Les républiques aristocratiques sont de toutes les sortes de confédérations les plus despotiques. Elles augmentent avec ardeur leur puissance, leurs richesses et leurs forces dans le seul objet, d'asservir. Mirabeau; essai sur le despotisme. « La démocratie est l'empire des méchans sur les bons, et il n'y a pas de tyran plus feroce que la multitude jouissant de l'autorité. » Platon. Nous avons vu dans le chapitre précédent que les républiques représentatives, (inven tion moderne) étoient une brillante chimère. Conclusion: le gouvernement républicain n'est donc le plus favorable ni au repos, la liberté des hommes. ni à « Les républiques anciennes se disoient libres, et la liberté fuyoit devant elles. Elles vouloient être tranquilles, elles ne le furent jamais. Chacun s'y prétendoit égal et il n'y eut point d'égalité. Telle fut constamment la mauvaise constitution de ces gouverne. mens jaloux de liberté et d'égalité que ce despotisme qu'ils haïssoient en fut toujours l'asyle ou le tombeau.» Boulanger, essai sur le gouvernement. En admettant l'existence des républiques, elles n'ont jamais rempli l'objet de leur institution. Dans son institution la république devoit être la chose de tous, et par-tout elle fut la chose de quelques uns et par-tout elle a dégénéré en tyrannie oligarchique, ou tyrannie plébeïenne. Toute tyrannie plebeïnne étant de sa nature fougueuse, insultante et impitoyable, dit l'auteur des considérations sur la France, celle qui pèse aujourd'hui sur la France a dů porter ce caractère à l'excès, l'univers n'ayant jamais vu d'hommes plus vils exercer plus d'autorité. » Je ne tiens point aux mots; depuis longtems j'en ai reconnu l'abus. On appellera donc, si l'on veut, notre gouvernement république; mais dans ce cas république et liberté sont incompatibles. Je dis plus tant que le principe de ce gouvernement subsistera, il n'y a pas même d'espoir de liberté. Il faut renoncer à celle-ci ou à celui-là. Il n'y a point d'espoir de liberté dans un pays dont tous les habitans se laissent enchaîner aux pieds de cinq à six cents brigandaux qui joignent la férocité de Marius à l'extravagance de Caligula, qui n'ont pour nous asservir d'autres titres que leurs crimes, et d'autres moyens que de nouveaux crimes, qui sont forcés de chercher des associés parmi leurs complices, sous peine de trouver des juges inexorables dans leurs collègues Il n'y a point d'espoir de liberté dans un pays ou les loix ne sont que les fantaisies du gouvernement, et le gouvernement la proie du plus fort, ou ceux qui se disent repré sentans du peuple l'exploitent comme un vil troupeau, dont ils ont affermé temporairement le produit, et dont ils s'embarassent beaucoup moins de soigner la vie que de pomper la substance. Il n'y a point de liberté dans un pays ou I'on a brisé par forme de passe tems tous les freins du crime, et tous les étais de l'innocence, ou vous n'entendez que des blasphemes et des malédictions, ou vous ne voyez que des scandales et de la misère, ou vous craignez à chaque instant de rencontrer dans vos valets des espions, dans vos enfans des parricides, dans vos femmes des infidèles, dans vos amis des traitres, dans tout inconnu un assassin. Si de ces considerations générales nous descendons aux applications, quel spectacle nous offre dans ses agens ce prétendu gouvernement républicain! et Des directeurs, liés par le crime commun de la mort du roi, et par la nécessité de faire de ce crime un asyle pour eux mêmes, pour les autres un titre à leur faveur. Des conseils proxénètes qui ne rêvent que gibets, ou ne déliberent que sous la ferule, qui sont tantôt plus avilis que le sénat sous 1 |