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fameux discours. C'étoit jetter de l'huile sur le feu. Dès lors nous prévimes et nous annonçâmes le 18 Fructidor.

-L'opinion publique sollicitoit, dit-on, depuis long-tems une revision des loix portées sur les cultes et leurs ministres.

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Mais le tems de cette revision n'étoit pas encore arrivé.

-Le peuple redemandoit ses prêtres. -Il les avoit.

--

-Les prêtres redemandoient leurs cloches. -Il falloit avoir le courage de les refuser.

On eut épargné à M. Laharpe la peine inutile de prouver qu'elles faisoient partie intégrante du culte; au citoyen Rodérer, le ridicule de nous apprendre qu'elle faisoient un bruit public; à Camille Jordan unefoule d'épigrammes plus méchantes qu'ingénieuses, et au corps législatif la douleur de perdre en un instant une grande partie de la considération qu'il avoit eu tant de peine à reconquérir depuis 2 mois.

Une foule d'autres petites causes plus obscures et plus immédiates peut-être, concourrurent à cette fatale journée.

Telles par exemple que la peur de la Reveillère, l'avarice de Reubell l'ambition de

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Merlin, les ressentimens de Talleyrand, les indiscrétions de Willot, la mésintelligence entre les royalistes et les constitutionels, les intrigailleries de Sottin, les obstinations d'Aubri, les préventions contre Rovère, la haine que Hoche portoit à Pichegru, la trahison 'de Lacuée, les lâches révélations de Dunant, la facilité, pour ne pas dire pis, avec laquelle le général Ramel se laissa désarmer, etc.

Nous ne nous sommes point engagés, en prenant la plume, à fouiller dans toutes les scories des manouvriers, ni à descendre jusque dans l'échoppe du marchand de vin. Il suffit à notre dessein d'avoir présenté les vues générales, et d'avoir exposé les principales causes du 18. Nous ajouterons seulement ce court dialogue.

-Un Député. Il faut avouer que nous sommes de grands sots.

A

-Moi. C'est ce qu'ils disent.

-le dép. Oui, mais de par tous les diables c'est nous qui le prouvons.

-moi. Le moyen de faire autrement!
-le dép. Prendre notre revanche.
-moi. La chose ne me paroit pas facile.
le dép. N'avons-nous pas des bras?
-moi. Ils sont enchaînés.

-le

le dép. Comment ont-ils fait pour nous

surprendre?

-moi. En osant tout.

-le dép. Pourquoi les honnêtes gens n'o

sent-ils pas comme eux;

-moi. C'est que les honnêtes les honnêtes gens se croient défendus par leur cause.

-le dép. Nous sommes cent contre un... -moi. Que fait le nombre quand on n'est pas sur ses gardes.

-le dép. Morbleu il falloit s'y tenir.

-moi. Très bien dit; mais quand on est sans défiance, on marche sans escorte. -le dép. Mais on a toujours tort de ne pas prendre d'escorte en pays ennemi.

-moi. Au défaut d'escorte, vos collègues ont pris des passe-ports.

-le dép. Fy l'horreur...

-moi. Sans rancune et sans application, rappellons-nous ce mot de J.-J. Rousseau : « l'union des méchans est forte et inébranlable, tandis que celle des bons est toujours lâche, foible et facile à rompre. »..

-le dép. Ce mot explique la journée du 18 Fructidor..

.

Venons à ses effets.

Η

CHAPITRE I X.

Le 18 Fructidor a tué la République.

Les contre-poids politiques finissent toujours par tomber, et frappent souvent celui qui les emploie. De la Pensée du Gouvernement

Par BARRÈRE.

Le 18 Fructidor a tué la République dans le fait et dans l'opinion.

Dans l'opinion, en désabusant pour toujours les plus crédules ou les moins clairvoyans de la chimère du gouvernement représentatif.

Dans le fait, en accordant au directoire les attributions de la dictature la plus étendue.

Cette dictature a été depuis le 30 Prairial, crayonnée de couleurs si fortes et si répétées, et le tableau en est désormais si connu, que nous nous dispenserions d'en parler, s'il n'entroit dans notre plan de faire ressortir de son exposition un des premiers effets du

1

18 Fructidor; mais au paravant que d'ar-
river à cette conséquence, nous observerons
1o. que
les conseils, en s'appercevant que le
poids de la tyrannie pèsoit sur eux, comme
sur le reste de la France, ne tardèrent pas à
se repentir de leur lâcheté ; 2°. que le public,
en les voyant écrasés sous les pieds des dic-
tateurs, manifesta hautement sa joie, en di-
sant qu'il étoit juste que la massue levée sur
tant de têtes innocentes, retombât sur celles
des coupables.

Ce fut principalement lors de l'arrivée de
Buonaparte à Paris, que tous les sentimens
de douleur, de haine, de mépris et d'in-
dignation qu'ils inspirent, faillirent à éclater
à la fois. 11. n'eût fallu qu'une étincelle
allumer un vaste incendie.

pour

On disoit hautement que les conseils composés de bêtes mortes ou de loups enragés, tantôt exhalant des miasmes putrides, tantôt bavant l'écume hydrophobique, ne méritoient ni secours, ni pitié: on les abandonnoit à Buonaparte ou à Barras pour en faire à leur discrétion.

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On ajouta même dans le tems, que le projet de Barras étoit de les enlever un beau matin, pour essayer son pouvoir, et de les

envoyer

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