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par eux dans tous les sens, n'avoit pas un seul point de ralliement.

Quelques écrivains également étrangers à l'or de l'Angleterre et à l'esprit de parti, se rallièrent autour de la constitution; mais on ne les voyoit pas. Ils réclamèrent les droits de l'honneur et de la raison; mais ils n'étoient point entendus: les députés qui crurent voir le vœu de la France dans une vingtaine de journalistes, suivirent leurs traces et s'égarèrent avec eux.

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CHAPITRE VIII.

Cinquième cause tirée du rapport de

Camille Jordan sur la liberté des cultes.

Chacun se croit un esprit supérieur, et les sots ne sont pas ceux qui s'en croient le moins.

De l'Esprit, chap. 4.

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CAMILLE-JORDAN jeune, ardent et plein de courage, fut nommé député par la ville de Lyon, à l'époque de la révolution la plus fertile en espérances. Il vint prendre séance au corps législatif, pourvu d'une haute idée de ses devoirs, et d'une plus haute idée de lui-même.

De telles dispositions plus brillantes qu'utiles, et suffisantes pour le lancer dans la carrière, ne l'étoient pas assez pour lui garantir des succès ; et c'étoit grandement avanturer ceux de son parti, que de les confier à ce jeune atlhete aussi légèrement armé contre les vétérans de la révolution, tacticiens

habiles, exercés à toutes armes, et instruits dans toutes les ruses de leur métier... Aussi son apparution dans l'arêne inspira-t-elle de justes frayeurs à tous les spectateurs désintéressés; son premier pas fut une chute grave et d'autant plus déplorable, qu'elle entraîna celle de tous les siens.

Son rapport sur la police des cultes, brillant d'idées, invoqué par la justice, appartenoit, comme il le dit lui-même, à la plus haute législation, embrassoit les intérêts les plus chers, et touchoit aux passions les plus ardentes; mais par cela même étoit nonseulement prématuré, máis extrêmement im politique par les avantages qu'il fit tout-àcoup au parti opposé. Il en profita sans géné rosité; c'étoit son droit, c'étoit son usage. On devoit s'y attendre; nous l'avions prévu.

si la

Combien de fois les gens sages n'avoient-ils Pas repeté que le tems n'étoit pas encore venu de parler au milieu des plus ardentes passions de prêtres, de religion, de culte et d'émigrés? Combien de fois n'avoit-on dit pas que liberté des cultes étoit un objet important de législation, les processions, les enterremens et les cloches étoient des objets de police, qu'on pouvoit sans danger renvoyer à dos

tems plus calmes, mais sur la discussion desquels il étoit extrêmement facile d'appeller alors le ridicule, la défaveur et le.

sarcasme.

On n'écoutoit rien; ou plutôt on n'écoutoit que le langage des passions: cette assemblée, sur laquelle reposoient nos plus chères espérances, étoit devenue leur plus scandaleuse arène. La raison en étoit bannie, ou traitoit de foiblesse tout ce qui n'étoit pas fureur, et toute mesure de prudence étoit regardée et fletrie d'avance comme une transaction avec le crime.

La parole étoit exclusivement accordée aux plus fougueux orateurs. Le silence et la cons ternation étoient le triste partage des autres. Ceux-ci voyoient clairement que tant d'effervescence produiroit une explosion funeste. Ils n'ignoroient pas que la raison est ennemie de tous les excès, et qu'on agit rarement avec resolution quand on parle avec tant de véhémence.

Cependant l'ennemi commun profitoit de toutes ces fautes, et ne perdit pas une occasion d'en faire commettre de nouvelles.

Le bruit d'une conspiration royaliste se rẻpandit de toutes parts et notamment dans

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les armées, qu'il importoit tant de ménager. On désignoit les orateurs des deux conseils sous le nom d'orateurs de Blankembourg, et on ne craignoit plus d'appeler le corps législatif lui-même le conseil du prétendant.

On disoit aux acquéreurs de biens nationaux, vous serez dépouillés; aux généraux, vous serez destitués ; aux soldats, vous n'au rez point de milliard; aux plus chauds patriotes, vous serez pendus.

Le triumvirat s'entouroit d'officiers destitués, d'étrangers résolus, de jacobins farouches, de scélérats de tous les partis.

?

Les cercles constitutionnels s'ouvroient par-tout, et par tout annonçoient une prochaine révolution.

Quelques émigrés rentrés ou à la faveur de faux passe-ports ou à force d'argent, justi fioient par leurs indiscretions les prophéties des uns et les mesures des autres.

Quelques journaux imprudens, ou peutêtre même infidèles à leur cause, ne dissimuloient plus leurs coupables opinions et proclamoient leurs vœux téméraires.

Ce fut au milieu de tous ces symptomes d'orage, et à travers tant de circonstances fâcheuses que Camille Jourdan prononça son

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