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bien, dans cette circonstance, ils ne montrent pas une moindre disposition que leurs collègues à repousser des propositions qui leur paraissent attaquer la garantie unique de la nation. Le principe de leur opposition se trouve là; ils font effort contre le premier coup par crainte d'un second, d'un troisième, qui pourraient tout renverser. Là encore la défiance agit et se fait seule écouter.

3°. Dans l'oubli de tout autre intérêt. Le budjet lui-même n'attire plus l'attention : il n'en reste que pour les lois proposées. Les évènemens les plus importans ont presque disparu, et sont comme effacés par cette pensée, qui absorbe toutes les autres.

D. Une charte ou acte constitutionnel peut-il être le résultat d'une rédaction écrite, et faite avec ordreet suite comme tous les actes de législation, ou bien est-elle le résultat du temps seul?

R. La navigation a commencé par de frêles esquifs, elle a fini par des vaisseaux de cent canons. En cela comme en tout, l'esprit humain a agià sa manière. Il commence par le commencement, c'est-à-dire par peu; il agrandit, il conçoit davantage, il perfectionne, il complète. Lorsque les arts et les modèles ne sont

pas créés, il faut bien aller lentement et faire par partie; lorsque les principes sont fixés, lorsque les modèles sont sous les yeux de tout le monde, il en coûte peu de les appliquer, de les imiter et d'achever. La constitution anglaise a mis un espace de temps immense à se développer.Comment cela eût-il été autrement : elle existait seule; le peuple était ignorant; aucune communication n'était ouverte entre les hommes. L'état des peuples modernes est entièrement différent de celui-là, on pourrait même dire contraire; ce qui ne pouvait se faire que fort lentement dans un temps doit donc coûter peu de chose dans celui-ci, qui se trouve fort de ce qui manquait aux autres, et de ce qu'ils ont amassé de richesses.

C'est ce qui rend si vide de sens, et à la longue si fatigant, ce que l'on entend trop souvent dire sur l'impossibilité de faire une constitution, et sur la nécessité de la recevoir du temps seul.

CHAPITRE IV.

Loi des élections.

D. QU'EST une élection de députés? R. L'acte le plus important dans une société politique.

1o. Parce qu'elle est destinée à donner des membres de la souveraineté.

2°. Parce que la Chambre populaire a toujours, par la nature des choses, la confiance du peuple; c'est sa représentation faite par lui-même : il ne peut pas se méfier de son propre ouvrage. Le Monarque est une autorité à part, supérieure, existant par lui-même; la Chambre des pairs n'est pas prise dans le sein de la nation par elle-même, toute la confiance du peuple est donc, par la nature des choses, dans la Chambre des députés : il voit en elle ses défenseurs nés. La force de cette Chambre est donc immense. Aussi, dans tous les gouvernemens partagés, est-ce toujours la partie populaire qui a fini par l'emporter et qui l'emportera toujours; car, en définitive, le pouvoir restera toujours à la nation.

De plus, le pouvoir de l'argent réside dans cette Chambre, et en dernière analyse, c'est à ce pouvoir que dans les sociétés modernes, parmi lesquelles tout finit par se solder en argent, tout finit aussi par se rapporter et par revenir.

Mais au sujet de ce privilége, peut-être faudrait-il examiner si le pouvoir de l'argent, dans l'ordre des sociétés modernes qui admettent l'égalité de l'impôt, et dans lesquelles la richesse mobiliaire est grande, doit être réglé comme dans celui des sociétés à priviléges, dans lesquelles le peuple seul contribuait à l'impôt, et où la richesse mobiliaire n'existait pas par le fait; alors il était juste que ceux qui seuls avaient à payer seuls aussi fussent consultés. Mais depuis que les charges publiques s'acquittent en commun et portent sur le mobilier autant que sur la terre, peut-être y aurait-il à revoir cette partie de la législation. Quand les barons anglais arrachèrent la Charte à Jean-sans-Terre, ils ne devaient pas stipuler pour une charge dont ils étaient exempts. De même en France avec des corps privilégiés; de plus, alors dans les deux pays, larichesse mobiliaire était inconnue. L'intérêt de la nomina

tion des membres de la chambre populaire est donc immense; il doit frapper fortement les esprits, et remuer beaucoup d'intérêts.

D. L'époque des élections est-elle toujours. un moment d'agitation?

R. Il faudrait plaindre le peuple qui s'y montrerait insensible.

D. Faut-il craindre l'époque des élections? R. Oui, quand on a mal gouverné; non, quand on gouverne bien. Les élections ne sont qu'approbation ou improbation du gouvernement c'est sa revision annuelle.

. D. Les élections ne sont donc pas une cause?

R. Non; elles sont un effet, et rien de plus.... C'est le pouls du corps politique, qui, par l'état de ses pulsations, marque les degrés de sa santé.

D. Comment prouverait-on cela?

R. Par l'exemple de l'Angleterre. Pendant cent ans les Stuart, le roi Guillaume luimême, furent horriblement contrariés par les élections de leur temps : c'est qu'il existait des sujets de mécontentement dans la nation. Sous la reine Anne ils se trouvèrent dissipés; on n'a plus entendu parler des élections pen

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