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sement d'un système d'équilibre, et hors de proportion avec les autres grands corps politiques en Europe; elle devait garder les positions et les points offensifs au moyen desquels son gouvernement avait, pour le malheur de l'Europe et de la France, amené la chute de tant de trônes, et opéré tant de bouleversemens; des membres de la famille régnante en France devaient être replacés sur des trônes étrangers; le gouvernement français, enfin, ce gouvernement qui depuis tant d'années n'a pas moins cherché à régner sur l'Europe par la discorde que par la force des armes, devait rester l'arbitre des rapports intérieurs et du sort des puissances de l'Europe.

Les cours alliées, en continuant la négociation sous de tels auspices, eussent manqué à tout ce qu'elles se doivent à elles-mêmes; elles eussent dès ce moment renoncé au but glorieux qu'elles se proposent; leurs efforts n'eussent plus tourné que contre leurs peuples. En signant un traité sur les bases du contre-projet français, les puissances eussent déposé les armes entre les mains de l'ennemi commun; elles eussent trompé l'attente des nations et la confiance de leurs alliés.

C'est dans un moment aussi décisif pour le salut du monde, que les souverains alliés renouvellent l'engagement solennel qu'ils ne poseront pas les

armes avant d'avoir atteint le grand objet de leur alliance. La France ne peut s'en prendre qu'à son gouvernement des maux qu'elle souffre. La paix seule pourra fermer les plaies qu'un esprit de domination universelle et sans exemple dans les annales du monde, lui a portées. Cette paix sera celle de l'Europe; toute autre est inadmissible. Il est tems enfin que les princes puissent, sans influence étrangère, veiller au bien-être de leurs peuples; que les nations respectent leur indépendance réciproque; que les institutions sociales soient à l'abri de bouleversemens journaliers, les propriétés assurées et le commerce libre. L'Europe entière ne forme qu'un vœu, celui de faire participer à ces bienfaits de la paix, la France, dont les puissances alliées ellesmêmes ne désirent, ne veulent et ne souffriront pas le démembrement. La foi de leurs promesses est dans les principes pour lesquels elles combattent. Mais par où les souverains pourront-ils juger que la France veut les partager, ces principes qui doivent fonder le bonheur du monde, aussi long-temps qu'ils verraient que la même ambition qui a répandu tant de maux sur l'Europe, est encore le seul mobile du gouvernement; que, prodigue du sang français et le versant à flots, l'intérêt public est toujours immolé à l'intérêt personnel? sous de tels rapports, où serait la garantie de l'avenir, si un système aussi

destructeur ne trouvait pas un terme dans la volonté générale de la nation? Dès-lors la paix de l'Europe est assurée, et rien ne saurait la troubler à l'avenir.

(Journal des Débats, samedi 2 avril 1814.)

PROCLAMATION.

HABITANS DE PARIS,

Les armées alliées se trouvent devant Paris. Le but de leur marche vers la capitale est fondé sur l'espoir d'une réconciliation sincère et durable avec elle. Depuis vingt ans, l'Europe est inondée de sang. et de larmes. Les tentatives pour mettre un terme à tant de malheurs ont été inutiles , parce qu'il existe, dans le pouvoir même du gouvernement qui vous opprime, un obstacle insurmontable à la paix. Quel Français qui ne soit pas convaincu de cette

vérité ?

« Les souverains alliés cherchent de bonne foi une autorité salutaire en France, qui puisse cimenter l'union de toutes les nations et de tous les gouvernemens. C'est à la ville de Paris qu'il appartient, dans

les circonstances actuelles, d'accélérer la paix. Son vœu est attendu avec l'intérêt que doit inspirer un si immense résultat; qu'elle se prononce, et dès ce moment, l'armée qui est devant ses murs devient le soutien de ses décisions.

<< Parisiens, vous connaissez la situation de votre patrie, la conduite de Bordeaux, l'occupation amicale de Lyon, les maux attirés sur la France, et les dispositions véritables de vos concitoyens vous trouvez dans ces exemples le terme de la guerre étrangère et de la discorde civile ; vous ne sauriez plus le chercher ailleurs.

<< La conservation et la tranquillité de votre ville seront l'objet des soins et des mesures que les alliés s'offrent de prendre avec les autorités et les notables qui jouissent le plus de l'estime publique : aucun logement militaire ne pesera sur la capitale.

« C'est dans ces sentimens que l'Europe en armes devant vos murs s'adresse à vous. Hâtez-vous de répondre à la confiance qu'elle met dans votre amour pour la patrie et dans votre sagesse. »

Signé, Le commandant en chef

des armées alliées,

Maréchal priuce de SCHWARTZENBERG

(Moniteur du 1 avril 1814.)

I

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L'armée alliée s'est approchée de Paris par la route de Meaux dans la soirée du 29 mars. Les hauteurs de Belleville, Saint-Chaumont et Montmartre, avaient été garnies d'artillerie; ces hauteurs ont été attaquées mercredi 30, à six heures et demie du matin : le feu a continué avec vivacité jusqu'à trois et demie; les positions ayant alors été tournées et enlevées, le corps d'armée qui avait été engagé a effectué sa retraite, et les barrières ont été exclusivement occupées par la garde nationale; une suspension d'armes fut conclue à cinq heures et demie; les alliés gardèrent leurs positions, et aucun militaire étranger ne pénétra dans la ville. Dans la matinée du 31, les armées alliées ont fait leur entrée dans la capitale par la rue du faubourg St.-Martin; elles ont suivi les boulevards intérieurs du nord, la rue Royale, la place de Louis XV et l'avenue des Champs-Elysées. Ces troupes, composées d'infanterie, d'une nombreuse cavalerie et de trains d'artillerie, étaient d'une très belle tenue. L'infanterie marchait sur trente hommes de front et la cavalerie sur quinze.

S. M. l'empereur de Russie, S. M. le roi de Prusse, S. A. I. le grand-duc Constantin et S. A. le prince de Schwartzenberg, étaient en tête de la colonne, pré

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