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DES

TRAITÉS DE PAIX,

ENTRE

LES PUISSANCES DU NORD DE L'EUROPE,

DEPUIS LA PAIX DE WESTPHALIE.

SUITE DE LA QUATRIÈME PÉRIODE.

CHAPITRE XLI.

Traités de paix de Paris du 30 mai 1814; Acte du congrès de Vienne du 9 juin 1815; et Traité et Conventions du 20 novembre 1815.

INTRODUCTION.

L'AGRANDISSEMENT de la France par la réunion de la Savoie et du comté de Nice, par celle des Pays-Bas autrichiens, enfin par l'incorporation de l'évêché de Bâle et du comté de Montbéliard, fut la suite de la première coalition formée entre les principales puissances européennes. La guerre que cette ligue soutint

avec peu d'union et encore moins de succès, causa des bouleversemens remarquables dans le système politique de l'Europe. Dans les Provinces-Unies des Pays-Bas, elle produisit l'abolition du stadhoudérat, et anéantit l'influence que la Grande-Bretagne exerçoit dans ce pays depuis l'alliance de 17881. Dans le midi, une alliance intime entre les dominateurs de la France et le roi d'Espagne, remplaça ce pacte de famille qui avoit réuni en un seul faisceau les forces de tous les états où régnoient des Bourbons. En Italie, nous avons yu disparoître la plus ancienne république du monde, et ses dépouilles partagées entre l'Autriche, la France et une nouvelle république qui avoit pris naissance dans la Lombardie; car c'étoit alors le système du directoire de la France, d'établir sur ses frontières des états régis par des constitutions populaires et ayant besoin de la protection de la France pour se maintenir.

La seconde coalition, loin de produire un changement dans cet état de choses, ne servit qu'à le consolider. La paix de Lunéville donna à la France la rive gauche du Rhin. Cette cession rendit nécessaire la réorganisation de l'Empire germanique, qui fut achevée par le recès de la députation de 1803. Une nouvelle république fut fondée sur la mer Adriatique, sous le nom de république des Sept-Iles.

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Ce fut pendant la guerre de la seconde coalition que s'étoit opérée en France cette révolution, par laquelle le gouvernement fut concentré entre les mains d'un seul homme. Ce chef usa d'abord de sa fortune, avec une apparence de modération, et la paix de Lunéville permit d'espérer que l'Europe pourroit recouvrer une tranquillité que neuf années de malheurs lui rendoient si nécessaire. L'Angleterre même crut à la possibilité de la paix, et le traité d'Amiens fut signé. Mais bientôt Buonaparte leva le masque. Le Piémont et la république de Gênes furent réunis à ses états; et, après avoir rétabli en faveur de sa famille le trône héréditaire en France, il posa une seconde couronne sur sa tête, et créa, dans la presqu'île au-delà des Alpes, un nouveau royaume dont le titre annonçoit de plus vastes projets. Un crime atroce prouva qu'il ne respectoit pas l'indépendance des états, quand il s'agissoit d'assouvir ses passions. Ces événemens dissipèrent l'illusion à laquelle les cabinets s'étoient abandonnés. Pitt conçut le plan d'une ligue européenne qui devoit préserver le continent des malheurs que ce grand homme prévoyoit. La troisième coalition se forma; mais des circonstances malheureuses ne permirent pas d'exécuter en entier la haute conception du ministre anglois. On divisa son plan, et l'Europe fut perdue. La paix de Presbourg priva la maison d'Autriche de l'indemnité que

celle de Lunéville lui avoit accordée en Italie pour la perte des Pays-Bas ; cette monarchie perdit sa frontière militaire en Allemagne. Les usurpations de Buonaparte furent reconnues, et il ne balança plus d'annoncer le projet d'une monarchie universelle, déguisé sous le nom de système fédéral de l'Europe. La théorie la plus monstrueuse fut prêchée alors comme celle qui, dans un siècle de lumières, devoit remplacer l'ancien droit public. Les trônes de l'Europe devoient être occupés par des princes dont la moindre obligation seroit celle d'aimer leurs sujets et de travailler à leur bonheur. Deux devoirs plus sacrés devoient les attacher, l'un au chef de leur famille, l'autre, subordonné au premier, à la France même.

Le renversement du trône de Naples, où fut installé un de ces rois du sang de Napoléon, fut une des premières conséquences de la guerre malheureuse de 1805. La Hollande, qui jusqu'alors s'étoit efforcée de conserver une certaine indépendance dans ses rapports avec la France, obtint un prince des mains du maître de la France, et l'Europe fut préparée à apprendre que le Rhin ne formoit plus une frontière naturelle. Peu de temps après, Buonaparte établit sa domination au milieu de l'Allemagne, en formant la ligue connue sous le nom de confédération du Rhin. L'Empire germanique cessa d'exister, et la nation allemande se courba sous le joug d'un étranger.

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