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La Prusse résolut d'être sa libératrice. Elle fut vaincue avant que la quatrième coalition pût se consolider. La noble entreprise de Frédéric Guillaume lui coûta la moitié de ses états, et les provinces qui lui restèrent, furent épuisées par le séjour prolongé des troupes françoises. Un frère de Buonaparte fut appelé à régner sur la Hesse et sur le patrimoine de la maison des Guelfes. L'Allemagne entière, à l'exception des états de l'Autriche et de la Prusse, entra dans la confédération du Rhin, et s'obligea à fournir des troupes à Napoléon pour l'exécution de ses projets. On rendit un simulacre d'indépendance à une partie de la nation polonoise, et le duché de Varsovie, dont le gouvernement temporaire fut confié au roi de Saxe, fut destiné à servir d'échelon au trône qui devoit être érigé dans le Nord pour quelques membres de la famille de Napoléon. Ce fut pendant la guerre de Prusse que Buonaparte conçut le projet chimérique de ce système continental qui, pendant six ans, a causé la ruine des peuples auxquels il fut imposé. L'accord qui, depuis la paix de Tilsit, régna entre les cabinets de Saint-Cloud et de Saint-Pétersbourg, fut une des calamités du continent.

Assuré de la coopération de la Russie à maintenir ce système dans le Nord, Buonaparte s'occupa des moyens de l'introduire dans la péninsule située au-delà des Pyrénées. Il ne pouvoit espérer d'y réussir, tant que les mai

sons de Bourbon et de Bragance y régneroient: leur ruine fut résolue. Buonaparte déploya dans l'exécution de ce plan une perfidie qui dut convaincre tout observateur attentif, que la Providence avoit marqué sa chute. Un peuple plein d'honneur et de bravoure montra aux nations européennes comment on repousse le joug de la servitude. Sa résistance impliqua Buonaparte dans des embarras qui firent croire à l'Autriche que le moment étoit venu pour tenter une entreprise dans laquelle, peu avant, la Prusse avoit échoué. La guerre très-improprement nommée de la cinquième coalition, puisque Francois II la soutint seul contre les forces réunies de la France, de l'Italie, de la confédération du Rhin et de la Russie, riva les fers de l'Allemagne, et effaça dans le cœur des peuples du continent l'espoir d'un avenir plus heureux.

L'extravagance du tyran du monde détruisit son propre ouvrage; il forma le projet de joindre la Russie à ses conquêtes. La Providence avoit marqué ce moment pour sa perte : elle amena les événemens qui inspirèrent aux peuples le courage de briser leurs fers. Les souverains s'élevèrent au-dessus de la politique de leurs cabinets; tout objet de discussions, tout motif de jalousies, fut écarté ou ajourné. La sixième coalition se forma, ou plutôt la ligue européenne, dont Pitt avoit tracé le plan, fut exécutée. Le XLI. chapitre

de cet ouvrage est destiné à donner le précis rapide de ces grands événemens, et le sommaire des traités par lesquels l'œuvre de la régénération de l'Europe fut consolidé. Cette époque est trop près de nous, pour qu'il ne faille pas se borner aux simples résultats. Nous divisons ce chapitre en six sections, qui portent les titres suivans:

SECTION I. Événemens antérieurs à la campagne de Russie de 1812.

SECTION II. Campagne de Russie de 1812. SECTION III. Campagne de 1813.

SECTION IV. Campagne de 1814, et paix de Paris, du 30 mai 1814.

SECTION V. Congrès de Vienne.

SECTION VI. Campagne de 1815, et traités du 20 novembre 1815.

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Campagne mavitime de 1809.

SECTION PREMIÈRE.

Evénemens antérieurs à la campagne de

Russie de 1812.

LES événemens de la guerre maritime entre la Grande-Bretagne et la France, ceux qui eurent lieu dans les deux péninsules au-delà des Alpes et des Pyrénées, quelques négociations qui remplirent les entr'actes de ces tragédies, enfin les nouvelles usurpations de Buonaparte qui préparèrent sa rupture avec la Russie, feront le sujet de cette section.

Io. Evénemens de la

guerre maritime en 1809, 1810 et 1811.

La guerre maritime se borna dans les années 1809, 1810 et 1811, à des expéditions contre les colonies de la France, de l'Espagne et des Pays-Bas, les flottes de ces puissances n'osant que rarement sortir des ports où les forces supérieures des Anglois les tenoient bloquées.

L'année 1808 fut stérile en événemens maritimes. En 1809, les Anglois firent leur expédition en Zéelande, dont nous avons parlé ailleurs 1. Cette même année les mit en possession de ce qui restoit encore aux François dans les autres parties du monde. Un capitaine de

Vol. IX, p. 279

vaisseau anglois, James-Lucas Yeo, se trouvant à Aprouague, dans la Guiane, concerta, le 4 janvier 180g, avec un colonel portugais, dom Manuel Marques, une expédition contre l'île de Cayenne. Avec 550 hommes de troupes de débarquement, So matelots et quelques soldats de marine, ils entrèrent dans l'embouchure de la rivière de Cayenne, s'emparèrent des forts Diamant et Grand-Lane, et forcèrent le gouverneur Victor Hugues, qui n'avoit que 400 hommes de troupes réglées et 600 de milice, à remettre l'île le 12 janvier. La capitulation déclara expressément que le commandant françois cédoit moins à la supériorité des forces qu'au système des ennemis de donner la liberté à tous les esclaves qui, réunis aux Portugais, incendioient toutes les plantations et menaçoient la colonie d'une destruction entière, et à la preuve qui lui avoit été fournie que ce système étoit suivi par ordre exprès du prince-régent. Il est remarquable que, dans cette singulière capitulation, signée par un officier anglois, Buonaparte est qualifié d'empereur et roi. » La garnison françoise s'engagea à ne pas servir pendant une année contre le prince-régent de Portugal et ses alliés : elle dut être incessamment embarquée et ramenée en Europe. On convint que les esclaves seroient désarmés et rendus à leurs plantations, excepté les Nègres françois qui, ayant

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