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DE NAPOLÉON

DE SA FAMILLE ET DE SON ÉPOQUE.

CHAPITRE CENT DIX-SEPTIÈME.

LA HOLLANDE EST RÉUNIE A L'EMPIRE FRANÇAIS.

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Politique indépendante de l'Empereur. Traité du 16 mars 1810 conclu avec la Hollande. Le roi Louis-Napoléon revient à Amsterdam. Occupation du Brabant et de l'Ost-Frise par les troupes françaises. — Voyage de l'Empereur et de l'Impératrice en Belgique et dans les provinces nouvellement incorporées à l'Empire. Lettre de reproches de Napoléon au roi Louis. Ce dernier a l'idée de défendre la Hollande les armes à la main; son ministère s'y oppose. Abdication du roi. — Incendie de l'hôtel du prince de Schwartzenberg considéré comme un présage sinistre. — Situation de l'impératrice Joséphine. Lucien et sa fille ainée. Lucien, embarqué pour l'Amérique, est conduit prisonnier en Angleterre. La Hollande est réunie à la France; discours de l'Empereur à ce sujet. Les jeunes princes, fils de la reine Hortense, sont élevés au château de Bernadotte choisi par les Suédois pour prince royal. Baptême du prince Charles-Louis-Napoléon. Annonce officielle de la grossesse de l'Impératrice. Excommunication de l'Empereur; disgrâce de Portalis, emprison nement de l'abbé Dastros. - Travaux administratifs. Prix décennaux.

Saint-Cloud.

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Sans doute, les liens de famille ont quelque valeur; mais cette valeur est tellement passagère, si souvent démentie par l'histoire, qu'elle ne m'a jamais influencé dans le choix que j'ai fait de mes frères pour rois de Hollande, de Westphalie, de Naples et d'Espagne; en les couronnant, je ne les considérais, dans ma pensée, que comme des vice-rois, des agents de ma politique, que je rappellerais dans les rangs français, suivant les exigences des arrangements définitifs de, la paix générale ou de la réorganisation du continent européen. » Dictée de Napoléon à Sainte-Hélène.

Malgré l'alliance nouvelle qu'il avait contractée, Napoléon maintenait fièrement sa politique dans une ligne indépendante considérations individuelles, liens de famille, scrupules de conscience, tout semblait devoir

TOME V.

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lui céder; il s'irritait des obstacles; mais pour les aplanir il en créait quelquefois d'une nature plus grave telle fut l'occupation de la principauté d'Oldenbourg, au mois de février 1810, acte d'arbitraire qui blessa vivement le czar. Un remaniement eut alors lieu sur la carte d'Europe. L'Empereur ayant établi, comme principe, l'incompatibilité de la puissance temporelle et de la puissance spirituelle, Joseph Fesch, héritier reconnu du prince primat, dut céder ses droits au prince Eugène, qui fut nommé grand-duc de Francfort. D'autre part, Jérôme Bonaparte réunit au royaume de Westphalie le duché de Hanovre; Rome, déclarée ville libre et impériale, apanage du prince héritier présomptif de la couronne française, prit le second rang parmi les grandes villes de l'Empire, sans cesser d'être la résidence facultative du pape; un traité, véritable cercle de Popilius, signé le 16 mars entre l'Empereur et son frère Louis, qui s'y refusa longtemps, maintint l'indépendance nationale de la Hollande, mais aux conditions les plus onéreuses. Ce traité interdisait tout commerce avec l'Angleterre, et réservait à l'Empereur seul le droit d'accorder des licences commerciales; douze mille Hollandais et six mille Français demeuraient chargés de garder l'embouchure des rivières de Hollande. L'article 6 portait : « Étant de principe constitutionnel en France que le thalweg du Rhin est la limite de l'empire français, et les chantiers d'Anvers étant découverts et exposés par la situation actuelle des limites des deux États, S. M. le roi de Hollande cède à S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, le Brabant hollandais, la totalité de la Zélande, y compris l'île de Schouwen et la partie de la Gueldre qui est sur la rive gauche du Waalh. »Du reste, prohibition absolue des marchan

dises anglaises et américaines. Ces dernières, repoussées de tous les ports de l'Empire, subissaient la conséquence d'un acte semblable émané de la chancellerie des ÉtatsUnis le 1er mars 1809. Napoléon avait en outre exigé que son frère supprimât le titre de maréchal des armées hollandaises, qualification ridicule dans un aussi petit État, et qui donnait lieu à des luttes de rivalité avec nos généraux.

Le 5 avril 1810, après une entrevue presque amicale et dans laquelle le roi Louis offrit à l'Empereur la grande décoration de l'ordre de l'Union, il quitta Paris et rentra le 11 dans sa capitale, où l'accueillirent les plus sincères démonstrations d'un profond attachement. Le 14, la reine Hortense, accompagnée du prince royal, arrivait dans la ville d'Utrecht, quartier général d'Oudinot, qui commandait l'armée française en Hollande; le 20, un détachement de cette armée prenait garnison à la Haye, un autre à Leyde; Oudinot faisait ensuite occuper Berg-op-Zoom et Breda, tandis que plusieurs bataillons traversaient l'Ost-Frise pour en surveiller les côtes.

Ces actes annonçaient le parti bien arrêté de ne laisser désormais nulle espèce d'initiative au roi dans les questions de défense militaire ou de blocus continental. L'Empereur ne voulait point qu'une surprise comme celle de l'île de Walcheren se renouvelât, et quelques actes vigoureux lui paraissaient indispensables pour arrêter l'invasion de marchandises anglaises qui s'opérait clandestinement par toute la Hollande, sous les yeux mêmes des autorités. Désirant concilier, le mieux possible, l'intérêt du commerce avec la rigueur des mesures prohibitives et atténuer le dommage qui pouvait en résulter, l'Empereur, sous prétexte de présenter aux

Belges la nouvelle impératrice comme l'héritière directe des anciennes archiduchesses gouvernantes des PaysBas, résolut d'aller étudier lui-même le régime intérieur du pays. Il attendit toutefois que le roi de Hollande, organe de ses instructions, eût proposé à l'Angleterre l'indépendance de la Hollande comme condition de paix, l'Empereur ayant décidé sa réunion à l'Empire si les hostilités maritimes continuaient. M. Labouchère d'une part, M. Ouvrard d'une autre, furent chargés de négocier dans ce sens, mais le marquis de Wellesley feignit d'être médiocrement touché des conséquences qui résulteraient pour l'Angleterre de l'occupation des provinces hollandaises par nos troupes.

Voulant différer encore l'acte rigoureux sous la menace duquel palpitait la Hollande, et juger de ses yeux les dispositions du pays, l'Empereur, accompagné de l'Impératrice, du roi et de la reine de Westphalie, de la reine de Naples, du prince Eugène, du grand-duc de Wurtzbourg, des princes de Metternich et de Schwartzenberg, quitta Compiègne à la fin d'avril, se rendit à SaintQuentin et de Saint-Quentin à Anvers, où il arriva le 5 mai. Le roi Louis vint l'y visiter; leur entrevue fut froide. D'Anvers, Leurs Majestés Impériales visitèrent Bois-le-Duc, Berg-op-Zoom, Breda, Middelbourg, Flessingue et l'île de Walcheren. Elles passèrent trois jours au château de Laeken, parcoururent ensuite rapidement la Belgique, virent Gand, Bruges, Ostende, Dunkerque, Lille, Calais, Boulogne, Dieppe, le Havre, s'arrêtèrent deux jours à Rouen, et rentrèrent au château de Saint-Cloud le 1er juin. Ce mois fut celui des fêtes: la ville de Paris et la garde impériale rivalisèrent de somptuosité; les princes de la famille régnante, les ministres, les maréchaux firent aussi un mutuel échange de repré

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