!

Au tableau de l'entrée des alliés à Paris et de l'occupation de la capitale, succède celui du renversement total de la puissance de Buonaparte. Cette partie de l'ouvrage est fortifiée, comme tout ce qui précède, par les traits particuliers, par les anecdotes avérées qui caractérisent ce fléau des peuples, ce nouvel Attila.

Enfin, l'ouvrage est terminé par le tableau consolant de la restauration de la monarchie française et du retour fortuné de l'auguste

famille des Bourbons rétablie sur le trône de

Clovis, et par droit d'héritage et par droit d'affection.

Le simple aperçu du plan suffit pour donner une idée générale de la complication du sujet, des difficultés que présentoient sa contexture,' la marche de la narration et le développement de tant de faits dont il ne restoit que des relations décharnées ou des impressions incohérentes et vagues, quoique les événemens se fussent passés sous les yeux même de la nation.

Que de scènes mobiles et variées à transmettre

et à décrire !

Toutes les armées, de part et d'autre, for

moient, à l'ouverture de la campagne, un immense cordon qui, du nord à l'est et au midi, enveloppoient toutes les parties de la France, à l'exception des côtes maritimes; ces armées manoeuvroient sur la ligne qui du Texel se prolonge le long du Rhin jusqu'aux montagnes de la Suisse, et, après un court intervalle, vers la base des Pyrénées. Le cercle s'étant rétréci ensuite, en se repliant sur le centre, il a fallu suivre, décrire, expliquer non-seulement les opérations de l'armée française en Champagne, commandée par Napoléon en personne, mais encore les manœuvres correspondantes et parallèles des forces alliées, divisées en grande armée et en armée de Silésie. La même attention et la même exactitude, il a fallu les porter également sur les manoeuvres de l'armée autrichienne du sud et de l'armée française da

b

Rhône et de l'Isère, et avec plus de détail encore sur les savantes opérations des armées du midi, commandées par lord Wellington le maréchal Soult.

et

par

Le récit de cette dernière campagne, toutà-fait séparée, quoique liée au système général d'invasion, est un morceau entièrement neuf, et qui doit exciter, par l'importance des événemens et des résultats, un haut degré d'intérêt et de curiosité.

Ainsi l'ouvrage renferme, pour ainsi dire, plusieurs morceaux d'histoire différens, qui viennent aboutir à un centre commun, et se terminer par le tableau détaillé des événemens de la restauration de la monarchie. C'est dans ce dernier cadre que nous nous sommes attachés à donner des notions positives sur la confédération secrète qui embrassoit la France d'un bout à l'autre, et dont les différens foyers étoient principalement à Paris, en Bretagne, dans la Vendée et à Bordeaux. La liaison de toutes ces masses détachées, en apparence, a

formé un ouvrage suivi et complet, et qui peut être considéré comme le dernier acte de la tragédie européenne qui ensanglantoit la terre depuis vingt-deux ans.

Tout, dans ce travail, réclamoit l'étude, l'ordre et la méditation : aussi avons-nous eu besoin d'y réunir toutes nos forces, tous nos moyens, et de nous environner de toutes les lumières, pour ne pas rester trop au-dessous d'un sujet si imposant, et qui, depuis plusieurs mois, étoit l'objet continuel de nos réflexions.

On ne nous contestera pas qu'il n'y ait une grande différence de créer son sujet, ou de le trouver déjà traité par des devanciers, plus ou moins heureux qui peuvent servir de guides ou de modèles. Tel est le désavantage attaché aux sujets contemporains: ils forment, en quelque sorte, l'histoire de la veille, l'histoire vivante, et mille difficultés les environnent. Nous ne nous flattons pas d'avoir pu les surmonter toutes avec le même bonheur; mais, au moins,

b.

n'avons-nous rien négligé pour obtenir et pour mettre en ordre les immenses matériaux nécessaires à la construction de cet édifice historique veilles, soins, démarches, conférences, conversations, éclaircissemens, lectures, traductions, notes, analyses, rien n'a pu rebuter notre persévérance.

Nous avons d'abord comparé ensemble les bulletins officiels allemands, anglais, français, russes; mais ces relations étudiées sont toujours incomplètes quand elles ne sont pas infidèles, et l'historien ne doit y déférer qu'avec une extrême précaution et beaucoup de discernement. Ce n'est là, en quelque sorte, que le squelette de l'histoire. La substance et les couleurs, on ne les trouve que dans les mémoires particuliers, dans les relations confidentielles, dans les notes communiquées par des personnes dont le témoignage est irrécusable, et ayant vu par elles-mêmes les événemens. C'est sur des matériaux et des documens semblables que nous avons établi les fonde