Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Le 13, à trois heures après-midi, le pont de ChâteauThierry fut raccommodé. Le duc de Trévise passa la Marne, et se mit à la suite de l'ennemi, qui, dans un épouvantable désordre, paroît s'être retiré sur Soissons et sur Reims, par la route de travers de Lafère en Tardenois.

Le général Blucher, commandant en chef toute l'armée de Silésie, étoit constamment resté à Vertus pendant les trois jours qui ont anéanti son armée. Il recueillit douze cents hommes des débris du corps du général Alsuffiew battu à Champeaubert, qu'il réunit à une division russe du corps de Langeron, arrivée de Mayence, et commandée par le lieutenant-général Ouroussoff. Il étoit trop foible pour entreprendre quelque chose; mais le 13 il fut joint par un corps prussien du général Kleist, composé de quatre brigades. Il se mit alors à la tête de ces vingt mille hommes, et marcha contre le duc de Raguse, qui occupoit toujours Etoges. Dans la nuit du 13 au 14, ne jugeant pas ses forces suffisantes pour se mesurer contre l'ennemi, le duc de Raguse se mit en retraite, et s'appuya sur Montmirel, où il étoit de sa personne le 14, à sept heures du matin.

à

L'empereur partit le même jour de Château-Thierry, quatre heures du matin, et arriva à huit heures à Montmirel. Il fit sur-le-champ attaquer l'ennemi qui venoit de prendre position avec le corps de ses troupes au village de Vauchamp. Le duc de Raguse attaqua ce village. Le général Grouchy, à la tête de la cavalerie, tourna la droite de l'ennemi par les villages et par les bois, et se porta à une lieue au-delà de la position de l'ennemi. Pendant que le village de Vauchamp étoit attaqué vigou

reusement, défendu de même, pris et repris plusieurs fois, le général Grouchy arriva sur les derrières de l'ennemi, entoura et sabra trois carrés, et accula le reste dans les bois. Au même instant, l'empereur fit charger par notre droite ses quatre escadrons de service, commandés par le chef d'escadron de la garde la Biffe. Cette charge fut aussi brillante qu'heureuse. Un carré de deux mille hommes fut enfoncé et pris. Toute la cavalerie de la garde arriva alors au grand trot, et l'ennemi fut poussé l'épée dans les reins. A deux heures nous étions au village de Fromentières; l'ennemi avoit perdu six mille hommes faits prisonniers, dix drapeaux et trois pièces de canon.

cure,

L'empereur ordonna au général Grouchy de se porter sur Champeaubert, à une lieue sur les derrières de l'ennemi. En effet, l'ennemi continuant sa retraite, arriva sur ce point à la nuit. Il étoit entouré de tous côtés, et tout auroit été pris, si le mauvais état des chemins avoit permis à douze pièces d'artillerie légère de suivre la cavalerie du général Grouchy. Toutefois, et quoique la nuit fût obstrois carrés de cette infanterie furent enfoncés, tués ou pris, et les autres poursuivis jusqu'à Etoges; la cavalerie s'empara aussi de trois pièces de canon. L'arrièregarde étoit faite par la division russe; elle fut attaquée par le premier régiment de marine du duc de Raguse, abordée à la baïonnette, rompue, et on lui fit mille prisonniers, avec le lieutenant-général Ouroussoff qui la commandoit, et plusieurs colonels. Les résultats de cette brillante journée sont dix mille prisonniers, dix pièces de canon, dix drapeaux, et un grand nombre d'hommes tués à l'ennemi.

Notre perte n'excède

pas trois ou quatre cents hommes

tués ou blessés, ce qui est dû à la manière franche dont les troupes ont abordé l'ennemi, et à la supériorité de notre cavalerie qui le décida, aussitôt qu'il s'en aperçut, à mettre son artillerie en retraite ; de sorte qu'il a marché constamment sous la mitraille de soixante bouches à feu, des soixante pièces de canon qu'il avoit, il ne nous en a opposé que deux ou trois.

et que

Le prince de Neufchâtel, le grand maréchal du palais comte Bertrand, le duc de Dantzick et le prince de la Moskwa, ont constamment été à la tête des troupes.

Le général Grouchy fait le plus grand éloge des divisions de cavalerie Saint-Germain et Doumerc. La cavalerie de la garde s'est couverte de gloire; rien n'égale son intrépidité. Le général Lion, de la garde, a été légèrement blessé. Le duc de Raguse fait une mention particulière du premier régiment de marine; le reste de l'infanterie, soit de la garde, soit de la ligne, n'a pas tiré un coup de fusil.

Ainsi, cette armée de Silésie, composée des corps russes de Sacken et de Langeron, des corps prussiens d'York et de Kleist, et forte de près de quatre-vingt mille hommes, a été, en quatre jours, battue, dispersée, anéantie, sans affaire générale, et sans occasionner aucune perte proportionnée à de si grands résultats.

Au quartier-général de l'armée de Silésie,
à Champeaubert, le 13 février 1814

Monsieur,

Le feld-maréchal Blucher étant resté pendant deux jours dans sa position à Bergères, sans que l'ennemi, qui étoit à Etoges, entreprît aucun mouvement, résolut de mar→

cher pour attaquer le maréchal Marmont dans sa position à cette dernière place.

L'avant-garde du corps du général Kleist, sous le commandement du général Ziethen, fut poussée en avant pour commencer l'attaque. L'ennemi occupoitle village d'Etoges, à une hauteur boisée sur sa gauche. Il faisoit voir un corps de cavalerie considérable, et diverses colonnes d'infanterie. Sa force étoit estimée de neuf à dix mille hommes. A mesure que l'avant-garde approchoit, il se retira graduellement, nourrissant néanmoins un feu très-vif, et donnant occasion à quelques attaques hardies et heureuses sur les derrières, surtout de la part des cosaques qui déployèrent la plus grande intrépidité et éprouvèrent quelque perte. La poursuite continua depuis Etoges jusqu'au de-là du village de Champeaubert où le feld-maréchal a fait halte

la nuit.

L'ennemi a bivouaqué en front de Fromentières, et sera attaqué de nouveau demain, s'il reste dans le voisinage.

J'ai l'honneur d'être, etc. 9

H. LOWE, col.

Au quartier-général de l'armée de Silésie,
à Châlons, le 15 février 1814.

Monsieur,

Le feld-maréchal Blucher a eu à soutenir un nouveau combat extrêmement acharné contre des forces ennemies supérieures, sous les ordres de Buonaparte en personne.

Après avoir chassé le maréchal Marmont de la position d'Etoges, le 13, il y a appris que Buonaparte avoit mar

ché la veille avec sa garde sur Château-Thierry, le général York et le général Sacken ayant préalablement quitté cette ville, et s'étant retirés derrière la Marne.

Hier matin, on annonça que le maréchal Marmont se retiroit du village de Fromentières. Le feld-maréchal Blucher, qui avoit bivouaqué la nuit d'auparavant à Champeaubert, résolut de le poursuivre. Il n'avoit sous ses ordres que le corps du général Kleist et la division du corps du général comte Langeron commandée par le général Kapsiewitz.

L'ennemi se retira jusqu'à ce qu'il arriva près du village de Janvilliers, où l'on observa qu'il se rassembloit un corps de cavalerie considérable.

Dans l'ardeur de la poursuite, l'ennemi se jeta soudain et avec précipitation sur six pièces de canon qui avoient été portées en avant, et s'en empara. La cavalerie prus sienne, sous le général Ziethen et le colonel Blucher, fils du feld-maréchal, chargea aussitôt, et l'on apprit par eux que Buonaparte étoit sur le terrain, venant d'arriver avec toute sa garde et un gros corps de cavalerie. Il avoit fait pendant la nuit une marche forcée, se portant de ChâteauThierry en avant.

L'infanterie du feld-maréchal Blucher s'avançoit pendant ce temps-là en colonnes de bataillons sur les terrains ouverts des deux côtés de la chaussée qui traverse le village.

La cavalerie, dont on voyoit s'augmenter le nombre, s'avança subitement en grande masse, enfonça la cavalerie de l'avant-garde, se partagea, et attaqua avec la plus grande fureur les colonnes d'infanterie qui étoient dans la plaine. On avoit prévu ce mouvement; les colonnes se formèrent en carrés, qui restèrent fermes sur le terrain,

[ocr errors]
« ZurückWeiter »