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siens. Les dernières nouvelles sont qu'il a fait voir deux escadrons de cavalerie de ce côté-ci d'Etoges.

J'ai l'honneur d'être, etc.,

H. LOWE, col.

P. S. Mon rapport d'hier, qui, j'espère, vous sera parvenu, faisoit mention que le général Vasilichoff avoit été attaqué par l'ennemi près la Ferté-sous-Jouarre ; mais il le repoussa, et lui prit trois pièces d'artillerie et deux

caissons.

H. L.

No. XXX.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation des armées au 12 février :

Le 10, l'empereur avoit son quartier-général à Sézanne. Le duc de Tarente étoit à Meaux, ayant fait couper les ponts de la Ferté et de Tréport.

Le général Sacken et le général York étoient à la Ferté ; le général Blucher à Vertus, et le général Alsufieff à Champeaubert. L'armée de Silésie ne se trouvoit plus qu'à trois marches de Paris. Cette armée, sous le commandement en chef du général Blucher, se composoit des corps de Sacken et de Langeron, formant soixante régimens d'infanterie russe, et de l'élite de l'armée prussienne.

Le 10, à la pointe du jour, l'empereur se porta sur les hauteurs de Saint-Prix pour couper en deux l'armée du

général Blucher. A dix heures, le duc de Raguse passa les étangs de Saint-Gond, et attaqua le village de Baye. Le neuvième corps russe, sous le commandement du général Alsufieff, et fort de douze régimens, se déploya et présenta une batterie de vingt-quatre pièces de canon. Les divisions Lagrange et Ricart, avec la cavalerie du premier corps, tournèrent les positions de l'ennemi par sa droite. A une heure après midi nous fûmes maîtres du village de Baye.

A deux heures, la garde impériale se déploya dans les belles plaines qui sont entre Baye et Champaubert. L'ennemi se reployoit et exécutoit sa retraite. L'empereur ordonna au général Girardin de prendre, avec deux escadrons de la garde de service, la tête du premier corps de cavalerie, et de tourner l'ennemi afin de lui couper le chemin de Châlons. L'ennemi, qui s'aperçut de ce mouvement, se mit en désordre. Le duc de Raguse fit enlever le village de Champaubert. Au même instant les cuirassiers ehargèrent la droite et acculèrent les Russes à un bois et à un lac entre la route d'Epernay et celle de Châlons. L'ennemi avoit peu de cavalerie; se voyant sans retraite, ses masses se mêlèrent. Artillerie, infanterie, cavalerie, tout s'enfuit pêle-mêle dans les bois; deux mille hommes se noyèrent dans le lac. Trente pièces de canon et deux cents voitures furent prises. Le général en chef, les généraux, les colonels, plus de cent officiers et quatre mille hommes furent faits prisonniers. Ce corps de deux divisions et douze régimens devoit présenter une force de dix-huit mille hommes; mais les maladies, les longues marches, les combats, l'avoient réduit à huit mille hommes: quinze cents à peine sont parvenus à s'échapper à la faveur des

bois et de l'obscurité. Le général Blucher étoit resté à son quartier-général des Vertus, où il a été témoin des désastres de cette partie de son armée, sans pouvoir y porter remède. Aucun homme de la garde n'a été engagé, à l'exception de deux des quatre escadrons de service, qui se sont vaillamment comportés. Les cuirassiers du premier corps de cavalerie ont montré la plus rare intrépidité.

A huit heures du soir, le général Nansouty, ayant débouché sur la chaussée, se porta sur Montmirel avec les divisions de cavalerie de la garde des généraux Colbert et Laferrière, et s'empara de la ville et de six cents cosaques qui l'occupoient.

Le 11, à cinq heures du matin, la division de cavalerie du général Guyot se porta également sur Montmirel. Différentes divisions d'infanterie furent retardées dans leur mouvement par la nécessité d'attendre leur artillerie. Les chemins de Sézanne à Champaubert sont affreux. Notre artillerie n'a pu s'en tirer que par la constance des canonniers, et qu'au moyen des secours fournis avec empressement par les habitans, qui ont amené leurs chevaux.

Le combat de Champaubert, où une partie de l'armée russe a été détruite, ne nous a pas coûté plus de deux cents hommes tués ou blessés. Le général de division comte Lagrange est du nombre de ces derniers; il a été légèrement blessé à la tête.

L'empereur arriva le 11, à dix heures du matin, à une demi-lieue en avant de Montmirel. Le général Nansouty étoit en position avec la cavalerie de la garde, et contenoit l'armée de Sacken, qui commençoit à se présenter. Instruit du désastre d'une partie de l'armée russe, ce général avoit quitté la Ferté-sous-Jouarre le 10, à neuf

heures du soir, et marché toute la nuit. Le général York avoit également quitté Château-Thierry. A onze heures du matin, le 11, il commençoit à se former, et tout présageoit la bataille de Montmirel, dont l'issue étoit d'une si haute importance. Le duc de Raguse, avec son corps et le premier corps de cavalerie, avoit porté son quartier-général à Etoges, sur la route de Châlons.

La division Ricart et la vieille garde arrivèrent sur les dix heures du matin. L'empereur ordonna au prince de la Moskwa de garnir le village de Marchais, par où l'ennemi paroissoit vouloir déboucher. Ce village fut défendu par la brave division du général Ricart avec une rare constance; il fut pris et repris plusieurs fois dans la journée.

A midi, l'empereur ordonna au général Nansouty de se porter sur la droite, coupant la route de ChâteauThierry, et forma les seize bataillons de la première division de la vieille garde, sous le commandement du général Friant en une seule colonne le long de la route, chaque colonne de bataillon étant éloignée de cent pas. Pendant ce temps, nos batteries d'artillerie arrivoient successivement. A trois heures, le duc de Trévise avec les seize bataillons de la deuxième division de la vieille garde, qui étoient partis le matin de Sézanne, déboucha sur Montmirel.

L'empereur auroit voulu attendre l'arrivée des autres divisions; mais la nuit approchoit. Il ordonna au général Friant de marcher avec cinq bataillons de la vieille garde, dont deux du deuxième régiment de gendarmerie, et deux du deuxième régiment de chasseurs, sur la ferme de l'Epine-aux-Bois, qui étoit la clef de la position, et de

l'enlever. Le duc de Trévise se porta avec six bataillons de la deuxième division de la vieille garde, sur la droite de l'attaque du général Friant.

De la position de la ferme de l'Epine-aux-Bois dépendoit le succès de la journée. L'ennemi le sentoit. Il y avoit placé quarante pièces de canon; il avoit garni les haies d'un triple rang de tirailleurs, et formé en arrière des masses d'infanterie.

Cependant, pour rendre cette attaque plus facile, l'empereur ordonna au général Nansouty de s'étendre sur la droite; ce qui donna à l'ennemi l'inquiétude d'être coupé, et le força de dégarnir une partie de son centre pour soutenir sa droite. Au même moment, il ordonna au général Ricart de céder une partie du village de Marchais; ce qui porta aussi l'ennemi à dégarnir son centre pour renforcer cette attaque, dans la réussite de laquelle il supposoit qu'étoit le gain de la bataille.

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Aussitôt que le général Friant eut commencé son mouvement, et que l'ennemi eut dégarni son centre pour profiter de l'apparence d'un succès qu'il croyoit réel, le général Friant s'élança sur la ferme de la Haute-Epine avec les quatre bataillons de la vieille garde. Ils abordèrent l'ennemi au pas de course, et firent sur lui l'effet de la tête de Méduse. Le prince de la Moskwa marchoit le premier, et leur montroit le chemin de l'honneur. Les tirailleurs se retirerent épouvantés sur les masses qui furent attaquées. L'artillerie ne put plus jouer, la fusillade devint alors effroyable, et le succès étoit balancé; mais au même moment le général Guyot, à la tête du premier de lanciers, des vieux dragons et des vieux grenadiers de la garde impériale, qui défiloient sur la grande route au

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